Je dois être en 5ème, ou en 4ème. Comme d'habitude dans ce lycée-collège, on fait la queue devant le réfectoire pour manger. On est beaucoup, mais on garde une certaine distance. Je suis avec des amies. On parle de tout, de rien. L'odeur de riz surcuit et de viande nous donne malgré tout faim. Le Soleil est là, agréable. Il nous réchauffe pendant qu'on attend notre tour.

Je ne fais pas attention à mon environnement. Je suis avec les filles, j'ai la tête pleine des cours de ce matin. On est à l'école, rien de dangereux ne peut arriver. Je suis en groupe, pas une proie seule et égarée. Et pourtant. Au travers de ma robe, je sens une main. Là, pile sur mes fesses. Et j'entends des rires.

Je m'éloigne, me rapproche des filles, mal à l'aise. Elles sentent que quelque chose ne va pas, mais ne disent rien. On avance, la pénombre de la cantine me pèse. Cette fois, un pincement. Ma mère m'a toujours encouragée à me défendre. Mon sang chaud a fait le reste : je me suis retournée et je l'ai giflé.

Choc. Je connais ce gars, il est dans ma classe. Je le pensais même être mon ami. Il m'insulte, va pour me rendre mon coup. Je craque, je pleure. Mes amies montent au front pour moi, même si elles n'ont rien vu. Pas comme la bande de rieurs soudainement silencieuse. Un surveillant intervient. On l'aime bien tous. Il est grand, chauve et musclé.

Je suis rassurée, même quand il nous prend à part. L'autre élève commence à se défendre, dire que je l'ai frappé sans raison. Puis, vient mon tour. "Il m'a touché les fesses." Seulement une phrase, et voilà mon agresseur au tapis. Un professeur s'occupe de son cas, lui fait la morale. A sa tête, je sais qu'il en a rien à faire. Le surveillant me rassure et me ramène auprès des filles.

Je n'ai plus faim, je me sens sale.