Fin d'année derrière, pendant la douce période qui précède Noël et ses bons repas, je reçois un texto « Bonsoir [Komakai], ça va ? ». Je ne reconnais pas le numéro. Il est presque 21h, je cherche dans mes souvenirs : l'ai-je donné à quelqu'un récemment ? Personne ne vient à mon esprit. Pourtant, mon interlocuteur connaît mon prénom...

Je lui demande qui il est. Mon téléphone vibre, je suis mal à l'aise « C'est normal, je me suis permis de prendre ton num car je te voyais plus. » Aucun de mes amis n'aurait donné mon numéro, sans demander avant ou prévenir après. Je sors rarement aussi, il n'y a qu'au boulot qu'on a pu se rencontrer.

La conversation continue, je veux savoir à qui je parle et où il a eu une information aussi personnelle. Je suis méfiante, ayant déjà eu droit à des « cas ». L'inconnu veut jouer aux devinettes. Comme si ça l'amuse, l'excite, de me faire tourner en rond. Je lui demande de ne plus me contacter, s'il veut jouer il n'a qu'à demander à Google. L'étranger ne répond plus. Je parle à un ami proche, il me rassure, m'apaise.

Je ne suis pas sereine, mais je laisse tomber. Dernier jour de l'année, un nouveau sms « Coucou ça va ? » Non, ça ne va pas. Je ne te connais pas même si, selon tes dires, on travaille au même endroit. J'ai le numéro de tous mes collègues, même mes supérieurs en cas de problème. De plus, ceux de mon âge me connaissent, eux. Pas comme ce numéro inconnu.

Les jours passent. Je reprends le boulot, ma famille me manque déjà. J'essaye de ne pas y penser en participant à une course à pieds au taff. Je fais le 10km. Je finis dernière, mais je suis heureuse : j'ai tenu durant deux heures, là où beaucoup d'autres ont abandonné, alors que je ne suis pas sportive. On parle avec tout le monde, on prend des pates de fruit et des jus d'orange. On a droit à des goodies aussi.

Après une douche froide, dûe à un problème de cumulus, je m'installe à mon bureau. Je me connecte à mon ordinateur, consulte ma boîte. Quelqu'un m'a envoyé un mail. Je le reconnais d'un autre bureau. On parle un peu, sans plus. Je le croise très rarement. Et là, mon sang se glace. Il me révèle que c'est lui le numéro mystérieux.

Je suis énervée. Je n'aime pas qu'on se joue de moi, encore moins qu'on rentre dans mon intimité sans y être invité. Il répond à toutes mes questions cette fois. Il a pris mes informations personnelles dans un fichier des RH. Il ne comprend pas ma colère, pour lui il avait raison de se servir scomme ça, pour un usage privé. Parce qu'il ne me voyait pas souvent et qu'il était intéressé par moi. Je devrais me « relaxer » et être « contente » de son intérêt.

Certains ne comprennent peut-être pas mon point de vue. Mais, imaginez-vous : un inconnu vous contact sur votre téléphone, il vous appelle par votre prénom et refuse de dire qui il est. Cette personne a récupéré vos coordonnées de façon illégale, alors qu'il aurait pu vous demander directement votre numéro.

Comment réagiriez-vous ?

Comme mes chefs que j'ai prévenu et à qui j'ai demandé la démarche à suivre, car je ne dois pas être la seule dans ce cas ? Juste garder les mails, au cas où, car ils ne peuvent pas faire plus ? Qu'il faut qu'il aille plus loin ? Rire de ma situation, en me rappelant qu'il a sans doute aussi récupéré mon adresse ?

J'étouffe. Si pour lui contacter une inconnue, juste parce qu'elle lui plaît, est normale, où s'arrêtera-t-il ?