Chapitre 11

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« Vite ! Petit ange va s’envoler ! », voilà ce qu’il y avait d’inscrit sur cette feuille, ces simples mots, ces mots qui brisaient mon cœur plus qu’il ne l’était déjà. C’est les mains tremblantes que je pris les photos, des numéros étaient inscrits au feutre rouge. Je retournai la première photo, on y voyait malgré la pénombre, Lucy, un SIG-Sauer sur la tempe et un couteau sous la gorge. Elle a sûrement les mains attachées. Son visage est recouvert d’hématomes et de coupures, du sang s’écoule le long de son visage d’une plaie sur son front, sa lèvre est fendue. Je passe rapidement à la deuxième photo ne supportant plus de voir ma sœur dans cet état, mais je me rends compte que je n’aurais peut-être pas dû, parce que ce que je vois sur la photo suivante me glace le sang. Au début, j’ai du mal à comprendre ce qu’Adam veut me montrer, mais je découvre par la suite avec horreur la bombe accrochée au ventre de ma sœur. Elle n’a pas l’air d’avoir été déclenché, cependant je sais qu’il n’hésitera pas à la tuer. J’enchaîne avec la dernière photo, je mets un moment à réaliser qu’il s’agit d’un zoom sur la cuisse de Lucy, son jean est déchiré à l’endroit où s’étend la plaie, le sang coule à flot de la blessure, ça à l’air profond. Tout prend place dans mon esprit, tout s’assemble. La phrase, ma sœur qui se vide de son sang, la bombe. Tout est lié de manière précise, dans tous les cas il la tuera. Si elle ne s’est pas vidée de son sang, il déclenchera la bombe, à condition que je ne sois pas arrivée, si je parviens à les retrouver avant un certain temps il me donnera peut-être une chance de sauver ma sœur. Je relève la tête vers la table, bien sûr, j’attrape vite la montre et la carte. J’observe attentivement la montre, il doit bien y avoir un moyen de savoir combien de temps il me reste. J’appuie lentement sur le bouton de réglage de l’objet. Un clic retentit, les aiguilles laissent place à un petit écran, sur lequel on peut voir inscrit 24:00:00. Le compte à rebours est lancé, j’ai vingt-quatre heures pour retrouver cette fille qui compte plus que tout pour moi.

- John ! Déplie la carte, tout de suite !

Il s’exécute rapidement, le plan est maintenant étalé sur toute la largeur de la table, il y a trois petites étoiles, de trois couleurs différentes, bleu, rouge et violette. La première, la bleue, est la plus proche. On prend la route immédiatement, environ deux heures plus tard, on arrive devant une maison de campagne, une maison que je reconnaitrais entre mille. Cette maison, c’est celle où j’ai passé toute mon enfance, mais c’est aussi celle où l’on a assassiné mes parents. Je palis en me rappelant les évènements, John s’approche de moi, alors qu’Abby et Caleb s’avancent l’arme au poing en direction de la porte.

- Jenny, tu te sens bien ? T’es vraiment pâle, me demande-t-il.

- Je…

Je ne finis pas ma phrase, je revis un souvenir que je croyais enfouit au fin fond de ma mémoire, un souvenir que j’aurais préféré oublier.

Je rentrais chez moi, accompagnée d’Aaron, mon copain depuis deux ans, c’est grâce à lui que j’ai recommencé à sortir, grâce à lui que je suis en vie, il m’a sauvé. J’ai dix-neuf ans, ça fait maintenant dix ans, déjà, qu’elle a disparue. Dix ans que je me bats contre moi-même, contre mes démons, dix ans que j’ai peur chaque fois que je sors, dix ans que j’ai sombré dans une paranoïa sans limite, que je surveille les faits et gestes de chaque personne. En plus de tout cela, ça fait aussi deux ans qu’il est partit, c’est après la mort d’Owen que j’ai rencontré Aaron. Il ne m’a jamais lâché, ni lui ni ma sœur ni mes parents. En parlant d’eux, je les revois ce soir, ça va faire 3 mois que je ne les ai pas vu, j’habite dans un appartement avec Aaron pour pouvoir aller à la fac plus facilement. Aaron conduit, on est à quelques rues de chez moi quand j’entends des sirènes puis je vois passer un camion de pompier suivi de plusieurs voitures de police. Aaron accélère ayant compris comme moi, qu’il y avait un énorme problème. En arrivant devant chez moi, je vois une policière sortir avec ma sœur, une couverture sur le dos, elle tremble de tous ses membres. Je sors en courant de la voiture d’Aaron. Arrivée devant ma sœur, je la prends dans mes bras, elle sanglote en me serrant dans les siens. Je comprends ce qu’il se passe lorsqu’une équipe d’infirmiers ressort de la maison avec deux brancards sur lesquels reposent les corps de mes parents, une vague de tristesse et de rage s’empare de moi, j’hurle ma douleur et ma peine, je crie, je pleure, je frappe contre la poitrine d’Aaron. La pluie tombe à grosses gouttes sur ce macabre tableau.

Je finis par sortir de ma transe, John me secoue.

- Jen’ il faut y aller, dit-il doucement.

- Oui, bien sûr.

Je sors mon Beretta et arme la culasse. Je m’avance pour rejoindre mes compagnons devant la porte. Lorsque je lui fais signe, Caleb enfonce la porte. On entre dans la maison, John et Caleb sécurisent le rez-de-chaussée, tandis qu’Abby et moi nous chargeons de l’étage. En montant les escaliers, je me rappelle que c’est ici qu’Owen s’est cassé le bras pour la première fois, il avait 5 ans. On jouait à cache-cache et il avait glissé en chaussettes du haut des marches. J’avance lentement quand Abby m’interpelle.

- Jenny, pourquoi tu ne nous as rien dit ?

- Je ne voulais pas mettre la mission en danger, c’est tout.

- Bon sang, Jen’ ! C’est ton ancienne maison, là où tes parents sont morts.

- Ecoutes Abby, on n’a pas le temps de se disputer pour ça, je dois sauver ma sœur.

- D’accord, mais la prochaine fois, préviens-nous.

- Promis.

On avance encore, je me rends dans la chambre parentale là où le meurtre a été commis. J’ai compris qu’Adam voulait me rendre folle, il voulait que je perde la tête. Je rappelle mes coéquipiers quand je vois la boite sur le lit. Ils arrivent tous directement, je m’assois sur le bord du lit et attrape le carton. Comme à son habitude, Adam s’est contenté d’inscrire mon nom et le sien. Je l’ouvre, elle est vide. Il y a seulement un mot écrit au marqueur noir sur le fond de la boîte, « La mort te rendra peut-être ta sœur, mais pas ce que tu as perdu. Rendez-vous à la croix rouge. ». Que veut-il dire par là ? Que je devrais mourir pour que ma sœur vive, si c’est ça alors je le ferais sans hésiter. En tout cas nous voilà en route pour récupérer Lucy, saine et sauve.

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