Laurianne et Kevin acquiescèrent.

– Que veux-tu savoir exactement ? voulut savoir sa mère.

– D'où vient ce don ?

– Nous ne le savons pas vraiment. Je sais juste qu'il est présent depuis des générations dans notre famille. Ta grand-mère a commencé à avoir des visions à ton âge environ. C'était une époque où les démons étaient plus nombreux. Elle parcourrait le pays pour les chasser. Elle en est morte.

– Je croyais que tes parents étaient morts dans un accident de la route.

Laurianne ne se justifia pas. Kevin et elle ne parlaient que rarement de leurs enfances et de leurs parents respectifs.

– Quant aux démons, nous ne savons pas grand-chose non plus, fit son père. Nous savons qu'ils en existent de types différents et qu'ils sont présents un peu partout dans le monde. Mais, c'est tout.

– Vous est-il arrivé d'en voir un en vrai ?

– Oui, bien avant ta naissance, mais nous te raconterons cette histoire une autre fois.

Sydney resta silencieuse quelques instants. Cette histoire, elle souhaitait déjà la connaître. D'autres questions lui venaient également à l'esprit, mais elle ressentait le besoin de digérer ce qui venait d'être dit avant de continuer l'exploration du passé de ses parents.

– D'accord, dit-elle. Je monte dans ma chambre.

Sydney les laissa. Laurianne attendit quelques instants avant de se tourner vers son mari, affolée :

– C'est quoi cette histoire de Lo Sguardo et d'Amandine Saint-Pierre ? D'où ils sortent ?

– Je n'en sais pas plus que toi, mais nous devons en apprendre davantage. Il y a trop de choses que nous ignorons sur ce qui se trame dans ce monde. Nous devons prendre plus de risques si nous ne voulons pas être pris de court. Nous devons inviter ce Christian dans la semaine et enquêter sur cette organisation.

Laurianne hocha la tête. Au fond d’elle, elle angoissait. Elle pressentait que sa vie telle qu’elle l’avait rêvée prenait fin à cet instant.

***

Assise sur le canapé, Sylvie essayait de lire La balade de la vie, mais à chaque mot elle repensait à son échange avec le charmant Simon.

– Soit le livre est d’un grand romantisme, soit tu craques pour un mec.

La voix de Marie la fit sortir de sa rêverie. Sylvie leva la tête pour demander à sa meilleure amie :

– Pourquoi tu dis ça ?

– Tu souris comme lorsqu’on est amoureux.

– N’importe quoi !

– J’aurais dû te prendre en photo avant que tu prennes cet air si indigné. Qui est le gars ?

Accompagnée de sa tasse de thé, Marie se posa à côté de Sylvie. Elle attendait fermement les détails croustillants.

– Il n’y a personne. Pourquoi insistes-tu tant ?

– Parce que je te connais, Sylvie. Qui c’est ?

Sylvie céda :

– Celui qui m’a offert ce livre. Je me promenais dans Isle et je me suis arrêtée devant la vitrine d’une librairie. La couverture de ce livre a attiré mon regard. Puis, il est apparu. On a échangé quelques mots et il s’est avéré qu’il était le propriétaire de cette librairie. Il m’a offert le livre.

– Le romantisme n’est donc pas mort ! s’exclama Marie.

– Ne t’emballe pas ! Ça n’ira pas plus loin.

– Quoi ? Mais pourquoi ?

– Je ne suis pas prête pour une histoire d’amour. Je…

– Sylvie ! Tu penses qu’un homme comme ça, tu vas en trouver à tous les coins de rue ? Qu’est-ce qui te bloque ?

– Je commence une année difficile à la fac. Je n’ai pas le temps ni l’envie de m’investir dans une relation.

– Tu sais, un jour il faudra que tu t’autorises à être heureuse ou tu finiras par le regretter.