Épisode 17 : L'Ogre (9/14)

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Christian et Sydney avaient convenu qu’ils ne devaient pas perdre de temps. Seulement, il n’était pas prévu que Sydney garde Alexia dans la semaine ni qu’elle l’aide à faire ses devoirs. Alors Christian proposa une solution : se rendre dans un magasin de jouet où il achèterait un jeu bon marché qui plairait à Alexia. Sydney irait ensuite chez les Tourneur, prétexterait qu’elle était tombée par hasard sur ce jouet, qu’elle avait pensé à Alexia et avait souhaité lui acheter. La jeune femme devrait ensuite veiller à passer un peu de temps avec elle pour tenter de découvrir les informations cachées dans sa mémoire.

Sydney avait conseillé à Christian de lui prendre un kit pour fabriquer des bracelets.

Vers dix-huit heures trente, Sydney sonnait à la porte de chez les Tourneur, le kit enrobé d’un papier cadeau entre les mains. Marianne lui ouvrit :

– Sydney ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? s’étonna-t-elle. Tout va bien ?

– Bonsoir Marianne. J’espère que je ne dérange pas. Je sais qu’il est tard, mais en me promenant je suis tombé sur un kit pour fabriquer des bracelets. J’ai pensé à Alexia et j’avais envie de lui offrir…

– Sydney, c’est gentil, mais tu n’aurais pas dû.

– Il ne coûtait pas cher, je vous l’assure. Et ça me fait plaisir. Est-ce que je peux rentrer lui donner, et si ce n’est pas trop tard, faire au moins un bracelet avec elle.

– Bien sûr. Tu es vraiment gentille, Sydney. Entre ! Alexia est dans sa chambre.

Le cœur de Sydney s’alarmait dans sa poitrine. Elle culpabilisait de manipuler ainsi Marianne et Alexia même si elle était consciente des enjeux.

Face à la porte d’entrée se trouvait un escalier montant. Elle l’emprunta et, une fois, au premier étage, elle toqua à la porte de droite. Sans entendre la réponse d’Alexia, elle ouvrit la porte et cacha le cadeau derrière son dos. La petite fille jouait avec des poupées. Lorsqu’elle vit Sydney, son visage s’illumina et elle se jeta dans ses bras.

– Je ne savais pas que tu me gardais ce soir.

– Je ne suis pas là pour te garder. Je suis venue t’amener ça.

Elle dévoila le cadeau et le lui donna. Avec hâte, Alexia déchira le papier cadeau et son sourire grandit davantage lorsqu’elle vit son présent.

– Merci, merci.

Elle la serra dans ses bras.

– J’ai une autre bonne nouvelle, lui dit Sydney. Maman m’a autorisé à rester pour faire un bracelet ensemble. Tu veux bien ?

– Oui ! s’exclama Alexia.

Elles se posèrent par terre et se mirent à l’ouvrage. Lorsqu’elles commencèrent à mettre les premières perles, Sydney entama la conversation qu’elle souhaitait avoir avec la fille.

– Alexia, tu te rappelles du dessin que tu as fait quand tu es venue chez moi ?

– Non, je ne me rappelle pas.

Alexia ne l’écoutait que d’une oreille. Son attention se portait essentiellement sur la fabrication du bracelet.

– Alexia, peux-tu me regarder s’il te plaît ?

La fillette s’exécuta. Elle ne comprenait pas pourquoi Sydney prenait un air aussi grave.

– Hier, quand tu étais chez moi, tu t’es dessinée et tu as dessiné un copain à toi : Louis que tout le monde appelle Lou. J’ai besoin que tu me parles de Lou.

– J’ai pas de copain qui s’appelle Lou.

– Alexia, c’est important. Essaye de te souvenir de Lou ! Tu le connais, tu as juste oublié.

La jeune femme remarqua le mal aise naissant chez Alexia. Quelque chose en elle luttait, ne voulait ou ne pouvait pas chercher.

– Je préfère continuer le bracelet.

Elle retourna à sa tâche. Sydney hésitait. Une part d’elle souhaitait la laisser dans l’activité manuelle avec son innocence. De l’autre, elle se devait d’insister même si elle se détestait pour ça.

– Alexia, regarde-moi s’il te plaît !

Sydney sortit son téléphone portable et afficha la photo de Louis qui illustrait l’avis de disparition.

– Tu ne le reconnais pas ?

Alexia regarda la photographie. Elle eut un mouvement de recul.

– Je ne le connais pas.

– Alexia, j’ai besoin que tu te concentres.

Sydney posa une main tendre sur sa joue.

– Il est arrivé quelque chose à Louis et je sais que tu le connais. Regarde sa photo et si rien ne vient, promis, on arrête.

Sydney eut un sursaut. Au-dessus de la tête d’Alexia, une pieuvre noire plongeait ses tentacules dans l’esprit de la petite fille. Ses yeux rouges fixaient Sydney. La jeune femme sentait sa colère et elle reconnut son énergie. C’était la même que la fumée noire dans la forêt avant qu’elle ne découvre le corps de Marilyne. Une manifestation de Lilith.

Elle sentit aussi l’affolement d’Alexia. Elle ne savait pas comment, mais elle devait comprendre que quelque chose n’allait pas dans sa tête.

Comment faire partir cette pieuvre ?

Tout à coup, un mal de tête lui vint. Elle jeta un œil féroce à la pieuvre. L’attaque venait d’elle. D’une manière ou d’une autre, Sydney devait être en train de permettre à Alexia de retrouver la mémoire sinon l’animal ne serait pas si agressif. Et si Lilith était capable d’agir mentalement, peut-être qu’elle en avait également la capacité.

Elle essaya de faire taire la douleur et imagina les tentacules de la pieuvre disparaître.

« Tu n’as pas ta place ici. Laisse-là tranquille, pensa-t-elle. »

Le mal de tête amplifia et Sydney retint un cri. Elle ne souhaitait pas effrayer davantage Alexia. Puis, elle jeta toutes ses forces dans la bataille.

« Dégage ! »

Elle ne sut pas exactement ce qui se passa ensuite. Sa tête tournait dans tous les sens. Elle ne se rappela que de la disparition de la pieuvre, du sang qui coulait dans ses narines et Alexia qui criait comme si tous les démons de l’Enfer s’abattaient sur elle.

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