Lorsque Sydney reprit connaissance, la première sensation qui s’imposa à elle fut une douleur à la tête, comme si quelqu’un jouait au ballon avec son cerveau. Puis, sa vision, d’abord floue, devint plus limpide et Sydney put remarquer Marianne qui était penchée au-dessus d’elle. Elle lui parlait, mais ses mots mirent quelques instants pour être parfaitement audibles aux oreilles de la jeune femme :

– Sydney, ma chérie, est-ce que tu vas bien ?

Une douleur dans son dos la lança et lui fit constater qu’elle se trouvait allongée sur le sol, toujours dans la chambre d’Alexia. Aidée par Marianne, elle se redressa et regarda autour d’elle.

– Où est Alexia ? demanda-t-elle, affolée.

– Elle est avec son père. Christopher est arrivé juste au moment où nous l’avons entendue crier. Elle était terrifiée, de te voir là par terre. Elle n’arrivait plus à parler. Mais toi, comment tu sens ? Que s’est-il passé ?

– J...je ne sais pas. Je parlais avec Alexia. On faisait les bracelets. Et puis…

– Je vais appeler un médecin et puis tes parents.

– Non, ce n’est pas la peine.

Marianne la regarda étonnée.

– Sydney, ce n’est pas anodin ce qui vient de t’arriver. Tu t’es évanouie. Il faut qu’un médecin te consulte pour s’assurer que tout va bien.

– Je me sens mieux et ce n’est rien. Je vous assure. Ça m’arrive parfois...depuis Marilyne.

La jeune femme culpabilisa à l’instant même où elle utilisa une nouvelle fois cette excuse pour expliquer son comportement ; mais l’argument eut l’effet escompté. Marianne se sentit gênée, ne sachant pas quoi rajouter de plus.

– Tu es vraiment sûre ? Laisse-moi au moins te ramener même si je sais que tu n’es qu’à quelques minutes de marche.

Sydney accepta. Elles descendirent au rez-de-chaussée.

Alexia était assise sur le canapé en train de regarder un dessin animé tandis que Christopher commençait à préparer le repas dans la cuisine ouverte. La jeune femme s’avança vers la fillette. Elle semblait ailleurs et peu intéressée par ce qui se passait à l’écran. Sydney s’agenouilla pour se mettre à son niveau.

– Je vais bien, Alexia. Est-ce que toi ça va ?

Alexia baissa les yeux et lâcha un faible :

– Oui.

– Elle est fatiguée, intervint Christopher. Je pense qu’elle est encore sous le choc.

– Je suis désolée.

– Tu n’y es pour rien.

Sydney s’en voulait de la laisser comme ça. Quelque chose s’était passée. Elle était certaine qu’Alexia possédait désormais des informations cruciales, mais elle ne pourrait pas aller plus loin ce soir.

Elle déposa un baiser sur la joue d’Alexia :

– Repose-toi ! Je reviendrai pour qu’on termine ce bracelet, d’accord ?

Alexia hocha la tête, mais elle ne montrait aucun enthousiasme à cette idée.

Sydney se releva et rejoignit Marianne. Lorsqu’elle monta dans la voiture, elle écrivit rapidement un texto à Christian pour le prévenir qu’elle ne repartait pas avec lui et qu’elle l’appellerait pour lui raconter

***

– Donc, il est presque certain qu’Alexia a été en contact avec ce monstre, commenta Laurianne.

Plus tard, bien après le dîner, Sydney et ses parents se trouvaient dans la cuisine. La jeune femme avait attendu que son parrain monte se coucher pour leur raconter les évènements survenus avec Alexia.

– Il va falloir que je retourne lui parler, annonça Sydney. Je n’aime pas ça, mais elle est notre seule piste.

– Et toi, comment tu te sens ? a demanda son père. Ce que tu as réussi à faire est remarquable. De ce que nous savons, Lilith est une adversaire redoutable.

– J’ai encore mal à la tête et je me sens fatiguée, mais je vais bien. Je n’arrive toujours pas à comprendre ce que j’ai fait.

– Il te faudra du temps pour comprendre et maîtriser tes capacités, lui rappela Laurianne. Tu devrais aller dormir. À chaque jour suffit sa peine.