Épisode 20 : L'Ogre (12/14)

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Paralysée par l'effroi, Sydney fixait Christopher. Elle ne parvenait pas à intégrer que l'Ogre et lui ne faisaient qu'un. Comment était-ce possible ? Combien de fois il était venu manger chez ses parents ? Combien de fois, elle l'avait observé jouer avec Alexia comme n'importe quel père avec sa fille ? Aujourd'hui, il s'apprêtait à tuer sa propre chaire.

– Je ressens la colère de Lilith, continua Christopher. Elle est vraiment furieuse. Elle sait que je suis avec toi, mais elle n'est pas capable de te voir ni chercher ton nom et ton prénom dans ma tête ni entendre notre conversation. Un sort de protection, apparemment. Mais ce n'est pas grave. Je vais te tuer et Lilith va adorer ça.

Elle devait retrouver ses moyens et vite.

– Hier, lorsque j'ai su qu'Alexia avait retrouvé la mémoire et que tu avais perdu connaissance, j'ai commencé à me poser des questions. Et puis ton identité est devenue certaine lorsque j'ai eu une conversation avec Lilith. Elle n'avait aucun accès à tout ce qui te concernait. Tu te doutes bien qu'elle m'a chargé de t'éliminer. Ta présence n'est pas bonne pour ses affaires.

Discrètement, Sydney commença à tirer la fermeture éclaire de son sac à mains pour l'ouvrir.

– Je comptais d'abord m'occuper de ma fille et faire porter le chapeau à Jean-Paul, mais il a fallu que tu te pointes ce matin. Ce n'est pas grave, on va d'abord s'amuser ensemble avant que je passe à la suite de mon programme.

Sydney avait désormais complètement ouvert son sac.

– Comment pouvez-vous prévoir de faire une telle chose à votre propre fille ?

Il s'énerva :

– Si toi et ma fille, vous n'aviez pas été si curieuses, nous n'en saurions pas là. Contrairement à ce que tu peux penser, j'aime Alexia ; mais j'aime encore plus les repas que je me prépare.

Sa colère le rendait inattentif. La jeune femme en avait profité pour mettre la main dans son sac et enlever le capuchon de son déodorant en spray. Elle avait l'intention de lui asperger les yeux avec dès qu'il arrêterait la voiture. Elle espérait ainsi gagner du temps pour s'enfuir.

Intérieurement, elle remercia Laure qui lui avait donné ce conseil un jour : « Garde toujours un déo sur toi ! On ne sait jamais quand un mec va débarquer. Parfois, on aura pas le temps de se rafraîchir ». Sydney ne savait toujours pas pourquoi elle l'avait écoutée, mais aujourd'hui, elle se disait qu'elle avait bien fait.

– Tu aurais mieux fait de rester dans ta petite vie de lycéenne.

Vous ne vous en sortirez pas. Je ne suis pas la seule. Après moi, d'autres viendront.

Il sourit :

– J'ai hâte de voir ça.

Il quitta la route principale pour emprunter un chemin de forêt. Rapidement, il n'y eut plus que de la végétation autour d'eux. Et aucun chalet à l'horizon. Comme s'il suivait ses pensées, Christopher expliqua :

– Je suis désolé, mais tu ne reverras pas Alexia avant de mourir. Je ne vais pas t'amener au chalet. Ça compliquera les choses, tu comprends ?

Il arrêta la voiture. Aussitôt, Sydney s'empara du spray et attaqua les yeux de Christopher. Alors que ce dernier criait, la jeune femme n'attendit pas de savoir dans quel état il se trouvait. Elle ouvrit la portière et sortit du véhicule. Elle remonta ensuite le chemin en courant, dans l'espoir de récupérer la route principale. Quelqu'un s'arrêterait certainement pour l'aider.

Elle n'en eut pas la temps. Elle entendit une détonation. Elle se retourna et vit Christopher qui brandissait un fusil dans sa direction. Il l'avait raté et elle n'avait aucune idée où avait atterri la balle. Peu importait. Elle continua sa course, mais aux sons des pas, elle sut que l'espace entre eux se réduisait. Il tira à nouveau et cette fois-ci il effleura son épaule droite. Si elle persistait à suivre le chemin, elle serait morte dans quelques minutes. Elle s'engouffra plus profondément dans la forêt et se dirigea au hasard. Son seul objectif : semer Christopher et peut-être trouver un endroit pour se cacher. Sa course s’arrêta brutalement lorsqu’elle s’embroncha le pied droit dans une branche. Elle tomba, tête la première. Étourdie, elle resta immobile quelques instants jusqu’à ce qu’elle entendit la voix menaçante de Christopher résonner dans ses oreilles :

– C’est terminé.

Toujours à terre, elle se retourna vers lui. Il pointait son fusil dans sa direction, prêt à tirer et à lui loger une balle dans la tête. Il avait sa raison. C’était terminé.

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