Acte III
« Sénéchal d’Overcour,
Je me permets de vous écrire, tout d’abord pour vous féliciter de votre nouvelle place, mais surtout pour vous mettre en garde contre certaines personnes dont vous semblez ignorer les méfaits. Votre sœur pourrait se trouver en difficulté très rapidement si vous ne tenez pas compte des lignes que je m’apprête à écrire. Sachez tout d’abord que votre famille se met très probablement en danger en demeurant à Vambreuil.
Je ne vous apprends pas les déboires qu’a connu cette station-ville durant le cycle qui est sur le point de s’achever. Personne ne sait encore à quoi ou à qui imputer la rage soudaine qui s’est emparée des aragnes du Vivarium, ni qui a ouvert leurs cages. On a certes accusé la conseillère Wereck d’avoir manqué de vigilance avant de la relaxer – à tort, à mon humble avis – lorsqu’elle livra trente-sept de ses ouvriers à l’Inkorporation et ce de manière quelque peu arbitraire. M’est avis que par-delà l’irresponsabilité de cette Corporatiste et l’insubordination de ses hommes, une personne autrement plus dangereuse est à l’origine de ce que je qualifierais, pour ma part, d’attentat. Je ne peux vous en dire plus à son sujet mais sachez que j’ai obtenu du Grand Conseil de pouvoir, moi aussi, m’établir à Vambreuil prochainement afin d’éclaircir cette affaire et mettre un terme à une enquête commencée il y a plusieurs cycles de cela.
Mais ce n’est pas tout. Outre cette criminelle, que je suspecte de se trouver toujours à Vambreuil à l’heure où je vous écris, il y a une autre personne contre laquelle je voudrais plus particulièrement mettre en garde dame Aliane. J’ose espérer que la collaboration qu’a officialisé cette dernière avec une certaine Lorène Lenoir ne s’est pas faite de manière inconsidérée, car cette fémine n’est pas aussi fréquentable qu’elle a dû sans doute vous le prétendre. Dans la longue enquête que j’ai menée, j’ai déjà eu le déplaisir de croiser sa route et d’observer ses pratiques qui sont on ne peut plus malhonnêtes et dégradantes. Sous couvert de se faire passer pour une simple foraine au sein de ce parc ambulant qui circule dans tout le multivers, cette dernière a eu, et a sûrement toujours, d’autres passe-temps moins heureux tels que la chasse à l’homme ou encore le commerce de l’aeria, très probablement pour le compte de la Traite. Pour avoir rencontré en personne la dernière malheureuse créature à avoir pactisé avec elle malgré elle, je vous assure que votre sœur est loin d’être entre de bonnes mains. Cela m’inquiète d’autant plus que j’ai une petite idée des raisons pour lesquelles cette fémine a voulu s’arroger ses services. Idée dont, j’en suis certain, vous soupçonnez également les tenants et aboutissants.
Vous voilà informé. Tenez compte ou non de ces informations, c’est votre affaire. Je sais que vous avez accédé à vos fonctions au prix de grands efforts, aussi je devine la part de désespoir dans cette décision de vous trouver dans cette cité. Retenez cependant que nous aurons l’occasion de nous rencontrer bientôt. En Aestas prochain, pour être exact.
Mes respects, »
Lettre datée d’A.3893 – cal. LXIII, adressée à A. d’Overcour par A. Withingus.
Dossier 3M, archives des Bureaux, Intérieur.
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