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Il poussa la porte et découvrit des livres, de nombreux livres. Des étagères entièrement remplies montaient jusqu’au plafond, si haut qu’il eut l’impression que celles qui se tenaient de chaque côté de la salle se touchaient comme les arcs brisés des cathédrales gothiques et que des milliers de livres soutenaient ainsi toute la pièce luttant contre la pesanteur. Pendant qu’il levait la tête pour suivre cette escalade livresque, les odeurs de papier jauni, d’encre et de cuir l’entouraient, l’enveloppaient, puis se refermaient sur lui.
Il y régnait un silence infernal. Il entendait les termites ronger les pages, les particules de poussière s’abattre sur le plancher qui lui, craquait tant serré il était. Mais au-dessus de ce tapage, il entendait surtout chaque livre fermé qui criait son silence, son désir d’être ouvert, d’être sauvé.
Il regarda droit devant lui. La pièce était longue et bordée d’étagères qui fuyaient jusqu’à un grand miroir qui couvrait le mur du fond où il pouvait distinguer son reflet. Il leva la main pour en être sûr et l’autre fit la même chose. Il se retourna et vit que l'extrémité opposée de la pièce était aussi recouverte d’un grand miroir. Les miroirs se reflétaient et les livres qui y entraient se multipliaient, se répétaient. Son corps accompagnait ces rangées de livres dans ce mouvement indéfini.
Son regard se baissa pour contempler les piles de livres qui se trouvaient par terre et qui lui arrivaient à la hanche. Tous les livres avaient une reliure en cuir rouge bordeaux avec un cadre de motifs dorés.
Il prit un livre qui se trouvait au sommet d’une pile. Sur le dos et sur la couverture, pas de titre ni de nom. Le livre était usé, les coins arrondis. Il l’ouvrit. Papier jauni, des marques du passage des termites. Les premières pages où devraient être inscrits le titre du livre et le nom de l’auteur étaient vides. Finalement, il trouva le début d’un texte.
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