Flashback 1- Six ans plus tôt

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"L'attirance physique ne s'emcombre pas de la morale.

C'est comme ça ! "

BONNIE

D’un pas élancé, je me glisse dans la foule. Un nombre incalculable de gobelets en plastique rouges, typiques des soirées étudiantes, se dessine sous mes yeux.

— Hey, Bonnie, résonne une voix masculine.

Je me retourne et découvre Kayden essayant de se frayer un chemin dans ma direction.

Vient-il réellement de s’adresser à moi ?

Aussi loin que je me souvienne, malgré plusieurs cours en commun, il ne l’a jamais fait.

Arrivé à ma hauteur, il danse d’un pied sur l’autre et semble mal à l’aise.

— Tu voulais me dire quelque chose ? je l’encourage d’un petit sourire.

— Ouais, il bredouille en passant sa main dans ses cheveux blonds. Tu sais… ça fait un moment que je souhaite te parler, mais je n’ai jamais trouvé le cran de le faire.

Il retient un rire nerveux et malmène sa lèvre inférieure.

— Tu es très intimidante, Bonnie !

C’est effectivement ce qu’on dit de moi. J’ai hérité du fort magnétisme de ma famille avec un port altier qui n’est pas toujours évident à gérer. J’aimerais qu’il ne le soit pas autant et que les personnes qui m’entourent ne soient pas si décontenancées par ma présence.

— Cette fois, c’est ma dernière chance. Nos études sont terminées, et on va tous prendre des routes… différentes.

Un hoquet remonte dans ma gorge. C’est une réalité à laquelle je me refuse de songer.

— Je voudrais t’inviter à sortir, me dit-il tout sourire. Si j’étais sûr de mon coup, je t’aurais proposé un dîner, mais je pense que pour commencer un ciné ou bien un café… fera l’affaire.

Combien de fois ai-je rêvé qu’il le fasse ?

Pourtant, aujourd’hui, quelque chose a changé. Bien que je le trouve touchant, il ne me fait pas vibrer. Aucun d’entre eux.

Aucun, hormis… lui !

Comme un appel que je suis incapable de contrôler, mes yeux se posent sur l’escalier menant à l’étage. Un grand brun est adossé au mur dans un geste nonchalant, son attention rivée sur son portable, ignorant toutes ces filles qui se pavanent, espérant un simple regard de sa part.

Je prends une profonde inspiration. Mes pulsations cardiaques résonnent dans ma poitrine comme des tambours de guerre. Il n’a rien à envier à personne. La beauté de Nolan, bien que différente de Kayden, est absolument ravageuse. Mes iris suivent les courbes de sa silhouette, mon cœur pulse encore plus rapidement et les pensées qui me submergent sont plus qu’explicites.

C’est sans doute à ce moment que je me rends compte que je suis bel et bien tombée au plus profond du précipice sans rattrapage possible. Car oui, ce sont bien mes mains que j’imagine glisser sur sa peau. Je ne peux expliquer ce qui est en train de se passer. La seule chose que je sais, c’est qu’au vu de mes pensées, l’enfer sera mon unique rédemption.

Comme s’il avait senti l’intensité de mon regard sur lui, ses yeux se verrouillent sur les miens. Incapable de m’en empêcher, je le fixe avec autant de profondeur. Je l’observe jusqu’à sonder son âme, que je connais dans ses moindres recoins. Ma respiration devient difficile. J’essaie tant bien que mal de contrôler toutes ces pensées et d’en faire le tri. Sans réel succès. Ses yeux dérivent sur le garçon qui me fait face et qui n’a pas bougé d’un millimètre, attendant patiemment sa réponse.

Nolan nous délaisse finalement du regard, ne laissant plus en moi qu’un sentiment de vide impossible à combler et pianote l’écran de son portable de ses doigts longs et fins.

— Alors… et cette sortie ?

Kayden me fait revenir à lui.

— Désolée, Kay, tu es sûrement un garçon génial, mais tu n’es pas vraiment mon genre.

— Et c’est quoi ton style ?

Mes propres pensées m’effraient. Cela ne peut pas être réel, je ne peux pas ressentir ça !

À y réfléchir, mieux vaut conserver la réponse à sa question pour le petit diablotin sur mon épaule qui prend un véritable plaisir à me maltraiter.

Sans le moindre regard, je fonce droit sur le premier verre pour le vider, puis un second, sans m’attarder sur la vibration qui s’accentue au niveau de ma hanche. Je les enchaîne les uns après les autres ; personne n’est de toute façon en mesure de m’en empêcher.

Je cherche par tous les moyens à chasser toutes ces images érotiques qui envahissent mes pensées. Je nous imagine faisant l’amour, ses lèvres sur ma peau et l’esquisse de nos deux corps entremêlés dans les draps que je prendrais un véritable plaisir à dessiner ensuite.

Je brûlerai en enfer ou bien sur un bûcher pour me punir.
Je ne peux pas. C’est mal, terriblement malsain !

Kayden revient à la charge, et lorsqu’il me demande si je vais bien, je pouffe de rire.
Et voilà, je suis pompette.

— Cette situation est absurde, complètement insensée, raillé-je pour moi-même.

J’attrape un énième gobelet abandonné tandis qu’une main se pose sur la mienne pour m’arrêter.

Mes yeux dérivent sur ma droite pour s’ancrer dans les siens d’un bleu si clair que je déglutis. À son contact, je ne lutte pas le moins du monde ; je ne suis plus rien d’autre qu’une petite chose fragile. Lui seul sait éveiller cette douceur en moi qui ne cherche qu’à s’épanouir.

Sans le moindre mot, il appuie sur ma main pour faire redescendre le verre sur la table. J’obéis bien sagement tandis que mes pensées érotiques repartent au galop.

— Il est temps de rentrer, ronronne la voix rauque de Nolan.

— Je peux la ramener si tu veux, propose Kayden.

Le beau brun lui répond par un regard glacial que j’ai rarement vu chez lui. Son côté dominant vient aussitôt enflammer le mien, et mon désir pour lui grandit.

Bordel, non, pas toi… !

Incontrôlable, je me redresse sur la pointe des pieds, m’enivrant de l’odeur de son parfum.

Oh si ! Toi. Seulement toi !

À cet instant, je me fiche de ce que peuvent penser les autres. Nolan ne dit rien, reste figé tout en sentant mon nez courir dans son cou. Dans sa poitrine, ses propres pulsations cardiaques battent la chamade. Je les entends, les ressens.

— Ramène-moi à la maison, Nolan.

— On va éviter ! Si ton père te découvre dans cet état, je ne donne pas cher de ta peau. Ni de la mienne.

Ses bras me soulèvent, et tandis qu’il me porte, ma tête se niche contre son torse. Devant nous, chaque personne s’écarte pour nous laisser le champ libre.

Nolan décide finalement de me ramener chez lui. Il me conduit à sa chambre, préférant éviter les ennuis avec mon paternel.

Alors qu’il tâtonne le mur à la recherche de l’interrupteur, nous basculons sur le lit et j’explose dans un rire, incapable de me retenir.

— Chut, Bonnie ! Mes parents dorment à côté !

J’aimerais pouvoir m’arrêter, mais je n’y arrive pas. Mon corps est enclin à de nombreux soubresauts.

C’est promis, la prochaine fois, j’irai mollo sur l’alcool.

Lorsqu’il allume la lampe de chevet, ses iris translucides attirent toute mon attention. Piégée dans son regard lagon, je cesse de rire. Il devrait être interdit d’avoir des yeux comme les siens. Ils sont si beaux qu’ils ont quelque chose d’irréel.

— Qu’est-ce que Kayden te voulait ?

Je reste stoïque, mes pupilles enchaînées aux siennes, tandis que de ses pouces, il essuie mes larmes salées. Je devrais me sentir honteuse d’aimer ses caresses et ce que chacune d’entre elles éveille en moi et, pourtant, je n’y arrive pas. Chaque jour, il me harponne davantage. Toujours plus fort, plus profondément.

— Réponds-moi, Bonnie, qu’est-ce qu’il te voulait ?

— M’inviter à sortir, murmuré-je

— Est-ce qu’il te plaît ?

J’entends sa respiration, saccadée.

Jaloux ? Serait-il aussi fou que je puisse être complètement folle ? Non, c’est impossible.

Ses yeux se ferment subitement, et je me rends compte que je n’ai pas pu empêcher mes doigts de courir le long de ses bras. Sa peau frissonne à chacun de mes mouvements, et je me délecte de l’avoir à ma merci.

Satisfaction féminine, satisfaction personnelle.

Lorsque ses paupières s’ouvrent de nouveau sur moi, je me sens tel un lapin piégé par les phares d’un véhicule en pleine nuit.

Ses yeux me délaissent pour se poser sur le décolleté de ma robe avant de me revenir.

— Non ! je réponds.

Lui seul me conduit sur le chemin de la démence, et bien que ce soit mal, je n’arrive pas à en ressentir la moindre culpabilité.

Je sais que l’alcool fait sauter toutes les inhibitions lorsque, du bout de ma langue, j’ose lui lécher la lèvre inférieure. Immédiatement, l’angoisse me saisit.

Comment va-t-il réagir ?

Nolan est certes mon meilleur ami, mais il n’est pas que cela…

Avec la même ardeur, nos bouches s’écrasent avec fougue, si désireuses de se goûter.
La ligne rouge est franchie. Comme Ève, j’ai cueilli le fruit défendu, et il est divin.

Mes doigts déchirent son tee-shirt, et mon bassin se colle à sa taille, mes talons se plantant dans ses fesses fermes pour le pousser vers moi.

Sa virilité vient alors frotter contre mon sexe ruisselant, et j’ai l’impression de mourir à petit feu. Mon corps n’est plus rien d’autre qu’un brasier impossible à éteindre. Je ne peux retenir un gémissement et lui offre mon cou à ses lèvres à la fois douces et possessives.

Nous sommes complètement fous ! Nous serons tous les deux punis pour notre démence !

Ses doigts déchirent ma robe. Ses mains malmènent mes seins à travers le tissu de mon soutien-gorge.

— Oh mon dieu… Nolan !

Subitement, la chaleur de son corps s’éloigne du mien encore en transe. Il se relève, affiche une mine choquée et des lèvres gonflées.

— Putain ! Bonnie… qu’est-ce qu’on est en train de foutre ?

— Cela devait bien arriver un jour… tu le sais aussi bien que moi ! Cette tension entre nous deux a toujours existé, continué-je, me redressant à genoux, ma paume prenant appui sur ses abdominaux. Ce n’était qu’une question de temps pour qu’on perde le contrôle.

Sa respiration est rapide, haletante, tandis que ses yeux courent sur mon corps dévêtu.

— Il faut empêcher ça, on ne peut pas faire ça !

— C’est déjà trop tard ! Laisse-toi aller et libère-nous de toute cette tension, ajouté-je au creux de son oreille. Je te désire tellement, et je sais que tu me veux toi aussi !

Pour donner plus de consistance à mes paroles, mes doigts se posent sur son érection encore prise au piège.

D’un geste désespéré, il lâche un soupir. Son front prend appui sur le mien sans même tenter de retirer ma main.

— Ne fais pas ça, ma belle… s’il te plaît. Je ne vais pas tenir… si tu continues.

Sa voix rauque est un supplice.

— Alors, arrête-moi.

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