18 - Matin
Après un réveil si tardif et une journée bien remplie, je n’avais pas envie de dormir.
Mon esprit était embué par les images de Claire et Laura, les choix multiples qui s’offraient à moi. J’avais la nuit devant moi pour y réfléchir, faire un point sur la situation, sur ce que j’avais vécu avec chacune.
Je saisis du papier et des crayons pour écrire. C’est ce que je fais en général, quand j’ai besoin de réfléchir. La moitié de la nuit s’était écoulé et je n’avais pas avancé. J’avais besoin de me changer les idées. J’attrapais mon blouson et sortit me promener.
Je déambulais dans les rues éclairées par les lampadaires. Je me promenais sans autre but que de vider mon esprit afin d’en éclaircir la lecture. Je regardais vaguement les vitrines illuminées sans voir leur contenu, je croisais des passants noctambules sans leur prêter attention. Mon pas était lent et régulier. Les mains dans les poches, je laissais mon corps errer sur les pavés et déposer une pensée inutile derrière moi à chaque pas.
J’arrivais devant le banc où j’avais rencontré Claire. Je me tenais là où elle m’avait embrassé. Je fermais les yeux et retrouvais cette sensation de lèvres brûlantes sur les miennes. Notre rencontre m’avait redonné le moral et avait donné un tournant à ma journée. A chaque fois, cela avait été un moment de fraîcheur et de renouveau. Elle était étonnante.
Je me dirigeais maintenant vers le restaurant où travaillait Laura. Face à la vitrine, je la revoyais s’avancer vers moi. Je voulais la prendre dans mes bras et l’embrasser, mais j’étais pétrifié d’appréhension. Elle était la première fille que j’ai jamais aimé, même si elle n’en savait rien, et avoir rendez-vous avec elle avait rouvert des blessures cachées. J’avais regretté de l’avoir perdue de vue. Je l’avais trouvée un peu distante avec moi, lorsqu’on était chez elle, mais tout en paraissant entreprenante. Comme si elle prenait son temps, comme si elle savourait quelque instant.
Je n’étais pas plus avancé dans ma réflexion, même si Laura prenait l’avantage par la proximité et la complicité qui naissait. L’aube commençait à se lever, j’avais passé la nuit dehors. J’avançais lentement vers les quais. Je n’avais pas vu de lever de soleil depuis bien longtemps. Je m’installais sur les bords de Seine afin d’admirer cet évènement quotidien.
Je savourais chaque seconde qui passait à regarder l’astre du jour se lever, chassant les ténèbres au profit de la clarté. J’admirais chaque millimètre de lumière orangée qui apparaissait par delà la colline. Sa chaleur naissante m’irradiait progressivement.
C’était une nouvelle journée. C’était un nouveau matin.
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