Avarlas
Nous sommes au marché et je récupère le maximum d’information sur les différents acheteurs et vendeurs. Les cages me paraissent encore plus petites que dans mon souvenir. Des centaines de cages avec des enfants apeurés sont entassées. Certains parents essayent d’acheter leurs enfants, mais leur lutte est vaine. Des officiers sont là pour maintenir le calme et l’ordre. Ils arrêtent un père qui tente de sauver sa fille. L’homme se retrouve assommé dans une marre de sang. Le même spectacle qu’il y a un an se répète, mais une chose encore plus monstrueuse attire mon regard. Des esclaves ont été transformés en animaux domestiques. Certains ont des oreilles ou des moustaches de chat, d’autres des queues d’animaux qui bougent comme s’ils avaient dès leur naissance. Des pattes de chat ou chien à la place des mains. Des oreilles de lapin, des becs de perroquet, leurs corps sont modifiés pour correspondre à celui de certains animaux. Je ne me souviens pas d’avoir vu ces horreurs, mais j’en ai des hauts de cœurs. Octave achète des centaines de cages par jours à moindre coût. Kévin n’arrête pas de me dire qu’ils n’ont jamais réussi à acheter autant de cage avec si peu d’argent. Il dit que c’est grâce à moi. Le jour de me retrouver en face d’Avarlas est venu. Octave lui serre la main, rigole avec lui et me montre. Avarlas bave et se frotte les mains. Il s’avance vers moi. Les cliquetis de ses clefs me font froid dans le dos. Je sens déjà son odeur de sueur et je peux presque sentir ses mains poisseuses sur moi. Il s’avance encore et tend sa main pour soulever ma capuche.
- Vous n’avez pas le droit de toucher le joyau de mon Maître.
Kévin s’interpose entre Avarlas et moi.
- Pousse-toi, esclave. Laisses — moi voir ma petite rose.
- AVARLAS ! J’espère que tu ne comptes pas ouvrir mon magnifique cadeau ici ? Je la réserve pour les « Roses éternelles ». Si tu veux la voir, il faudra être là.
Avarlas recule grognon.
- Vous savez très bien qu’il est rare de trouver des roses chaque année. Elles sont pour la plupart encore en bouton.
- Tu n’as rien d’exceptionnel cette année à présenter. Es-tu intéressé d’être là à la vente ?
- Bien sûr comme tout le monde.
- Serais-tu prêt à me vendre l’ensemble de ta cargaison pour 1 tonne d’eau pure venant de la Terre ?
- Ma cargaison entière… Cela représente une très grosse somme que tu me demandes à un faible prix.
- Si tu me la vends, je te laisserais participer à l’ensemble de la vente des Roses.
- Hum, c’est une belle offre, mais bien pauvre pour ma si belle marchandise.
Ces yeux se posent à nouveau sur moi et je vois sa cupidité dégouliner de ces yeux. Une idée me vient, même si je n’en ai pas envie. Je chuchote pour Kévin et Octave.
- Proposez-lui de pouvoir passer un moment avec moi.
Kévin se tourne vers moi furieux et Octave réfléchit ma proposition.
- Et si je vous laisserai embrasser la main de mon magnifique joyau, lorsque la verrez à la vente ?
Sa réponse n’est pas immédiate. Il regarde ses pauvres enfants, puis moi. Il fait plusieurs allers-retours du regard avant de prendre enfin sa décision.
- J’accepte ! Mais je veux l’eau maintenant.
Il tend la main à Octave et conclue leur marché avec une bonne poignée de main.
- Bien entendu, mon cher Avarlas. Bien entendu.
Octave appelle un homme avec son oreillette et une cargaison d’eau arrive peu après.
- Voilà pour vous. Je récupère ma cargaison et j’ai hâte de vous revoir dans quelques jours.
- Moi de même, M. Leconoistre.
Kévin s’approche de moi que je sois la seule à l’entendre.
- Vous n’auriez jamais dû proposer ça. Je ne vous ai pas fait venir pour que vous soyez à leur merci.
- Je suis et je resterais toujours un trophée pour eux. Celui qui peut tenir le trophée dans ses mains rien qu’une seconde sera déjà un vainqueur.
- Tu…
- Ma belle émeraude, je sais très bien que vous n’êtes plus à vendre, mais vous êtes un diamant qu’on ne peut laisser aux mains d’un seul homme.
Nous continuons nos achats jusqu’au début de la vente des « Roses éternelles ».
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