Je sais que je ne suis pas seule sur cette plage. À chaque fois que je suis venue, il était là toujours présent pour m’aider, pour me soulager de ma peine. Aujourd’hui, j’ai peur, peur de faire le mauvais choix et il est la seule personne en qui je peux avoir confiance. La seule personne qui ne peut pas me faire de mal. J’ai besoin qu’il me guide, qu’il me montre la voie. J’ai besoin de ces conseils, mais il n’est pas là. Je suis seule sur le sable à l’attendre, à espérer distinguer sa silhouette dans le brouillard. Ce lieu est devenu mon havre de paix où je suis sûre de le retrouver. Pourquoi m’éviter aujourd’hui ? Parce que je le demande ? Pourquoi disparaître soudainement alors que je ne veux que son aide ? Est-ce ça qu’il veut que je ressente ? Ce manque à l’intérieur de moi, que je ne ressens pas éveillé ?

• Est-ce que c’est une autre épreuve pour que je reste à tes côtés ? Tu es mon refuge. La seule chose que je veux maintenant, c’est te rejoindre, me retrouver une nouvelle fois dans tes bras. Pourtant je suis là, allongée sur le sable, recroqueviller sur moi-même, espérant ton aide. Je sens que tu es là quelque part à m’observer dans le brouillard. QU’ATTENDS-TU DE MOI ? QUe veux-tu ?

J’ai la gorge nouée et les yeux brouillés, mais aucune larme ne coule.

• Tu me laisses à mon chagrin. Je suis là, à t’attendre, dans l’angoisse que tu veuilles bien me rejoindre. Espérant une délivrance de ta part. Je sens ta présence, je sens ta souffrance à me voir ainsi, mais tu ne te montres pas. Pourquoi ?

J’entends des bruits dans l’herbe. On me soulève, mais je reste dans ce voile entre le rêve et la réalité. J’essaye de m’extirper de ce rêve où tu ne viens pas, mais pourtant tu me retiens de toutes tes forces.

• Pourquoi ?

Le mouvement qui me berce vers toi s’arrête. Un souffle. Alors que tu ne te montres pas, lui est revenu, mais mes paupières ne veulent pas s’ouvrir. Un murmure.

• Pour toi.

Tu inhibes mes sens et je sens à nouveau le sable glisser entre mes doigts. Tu me ramènes à toi, mais je ne sens que tes doigts qui effleurent mon bras. Par contre, je ressens mon corps se balancer entre ses bras. Je dois savoir qu’il est.

• Qui êtes v... ?

Le bruit des vagues me ramène à ta plage. Tu n’es pas là, alors laisse-moi me réveiller, laisses-moi savoir qu’il est. Je n’entends que le mot « Ami.e ». J’essaye de garder mon esprit éveillé, mais le balancement de sa démarche me berce. Je sens que tu es là tout proche, mais j’ai cette sensation que quelque chose te retient aussi. Tu ne peux pas venir à moi. Tu ne peux pas m’aider. On me pose sur mon lit dont je reconnais l’odeur et la sensation du tissu sur ma joue. Je t’attends sur la plage, que tu viennes à ma rencontre, mais il n’y a que ce brouillard autour de moi qui brouille mes sens. Je ne voulais que ça, que tu sois là à mes côtés.

Il remonte une couverture vers moi. J’essaye de le retenir. J’attrape un bout de tissu. J’arrive enfin à sortir de ma léthargie. Ma bouche est pâteuse et mes lèvres collées, mais j’arrive à murmurer quelque chose.

• S’il vous plaît, restez. J’ai besoin de vous.

La personne s’assoit et pose sa main sur mon bras. Mes paupières sont trop lourdes et collées par les larmes, je n’arrive pas à les ouvrir. Elle caresse délicatement mon bras et je sens sa chaleur se propager en moi. J’expire un long moment et détends lentement mon corps. Le sommeil m’envahit à nouveau.

La lumière réchauffe mon visage et j’ouvre enfin les yeux. Je regarde autour de moi, mais il n’y a personne. J’inspecte le fauteuil à côté de mon lit. Le coussin est légèrement enfoncé et le tissu est tiède. Est-ce Paul qui m’a ramené dans ma chambre ? Pourtant cette odeur n’était pas la sienne. Peut-être Octave, mais je n’en ai pas l’impression. Qui me ramène dans ma chambre chaque fois ? Je n'ai plus à m'en inquiétée à partir d'aujourd'hui. Je dois commencer ma nouvelle vie. Je dois me préparer à me battre. Je dois être plus forte, plus intelligente et trouver un plan.