Crise de panique
Sa question me perturbe et je fuis son regard. Je triture mes mains sur mes genoux. Je ne sais pas quoi répondre ou plutôt je ne comprends pas ce que je ressens pour lui. Il enveloppe ses mains autour des miennes. Elles sont chaudes et douces, cela m’apaise un peu, mais je ne comprends pas pourquoi. Tout ce mélange encore une fois dans ma tête. Je me lève et tourne dans la pièce.
- Je … je…
Fuir est la meilleure réponse. Je me dirige vers la porte. Il me rattrape.
- Je sais que tu ne comprends pas ce que tu ressens, mais fuir n’est pas la solution. M. Amne m’a dit qu’il fallait que tu affrontes tes sentiments et que tu comprennes ce que tu ressentes.
- Je… je ne sais pas . Ce que je ressens et ce que ma tête pense. Tout est contradictoire, il n’y aucune logique. Tout se mélange et je ne comprends pas leur signification. J’essaie de faire le tri, mais il y à trop d'informations de sensation qui me sont inconnues et aucun mot pour les exprimer. J’ai …
Il me prend dans ses bras. Je suis surprise, mais je sens mon corps se détendre et un nouveau barrage émotionnel se rompre. Je ne ressens plus qu’une chose : une profonde tristesse. De grosses larmes coulent sur mon visage et je n’arrive pas à retenir mes sanglots. Je pleure comme une enfant à chaudes larmes. Mon corps est lourd, mais je me retiens au bras de Galahad qui ne cède pas, comme un pilier au milieu de la tempête. Il caresse mes cheveux. Des vagues de souvenirs de mon enfance reviennent à la surface : ma mère me caressant les cheveux avant de dormir. Galahad me murmure.
- Quel est la dernière fois que quelqu'un t’a pris dans ses bras pour te réconforter?
Combien de chose ai-je raté seule dans ma grotte ? Depuis combien d'années, n'ai-je pas ressenti la tendresse d’une autre personne ? Je me blottis contre Galahad comme un oiseau dans son nid. J’ai tellement d’émotions qui me submergent que j’ai du mal à respirer et me tenir debout. Ma vision est brouillée par mes pleurs. J’entends de très loin Galahad qui m’appelle, mais pourtant je sens ses bras qui me maintiennent debout. J'essaie de respirer et de me concentrer sur sa voix. Elle se fait de plus en plus claire.
- Elena, tu m’entends ?
- Hum, moui …
- Il faut t’asseoir.
Je le laisse me guider sur le canapé.
- Respire Elena, respire.
Je suis sa voix. Il pose sa main chaude juste en dessous de mon cou. Cette chaleur m’apaise.
- Respire, respire.
Sa voix est calme et lente.
- Continue, respire.
Mes sanglots diminuent. Je me rends compte que je sers fort sa seconde main. J’ai peur de la lâcher , peur qu’elle ne disparaisse comme tant d'autres.
- Tout va bien, doucement respire.
Je desserre un peu ma main. Ma respiration devient plus régulière. Je sens sa main s’échapper, j’essaie de la récupérer.
- Non, ne disparaît pas.
Il me prend une nouvelle fois dans ses bras.
- Tout va bien, je reviens. je vais te chercher de l’eau et un mouchoir.
Je ne vois toujours rien, trop de larmes brouillent ma vue. Il part et je sens ma respiration se saccader à nouveau. Je suis en apnée de peur de me noyer dans mon mal. De longues et horribles secondes passent avant que ma bouée de sauvetage réapparaisse. je sens sa main sur la mienne.
- Elena, doucement respire.
Je sers fort sa main, pendant qu’il caresse le dos de ma paume. ma respiration se ralentit à nouveau. Il m'essuie les yeux et je commence à voir à nouveau. Il me sourit et me tend un autre mouchoir. Je me mouche bruyamment plusieurs fois et éponge mes larmes. Le calme revient enfin. Je me sens épuisée, vidée, mais aussi légère et apaisée. Je murmure un merci. Il me tend un verre d’eau, je le bois cul sec. Je continue à lui serrer la main. Nous restons là dans le silence. je sens l’holomontre de Galahad vibrer.
- Je vais partir vous avez sûrement des choses plus importantes à faire.
- Tu es aussi importante, le reste attendra.
Son holomontre vibre encore. Il semble blasé et hésite à prendre l’appel.
- Je suis fatiguée, je vais me reposer. Merci encore d’avoir été là.
- Tu n’es pas obligé de partir si tu as besoin d’encore un peu de temps.
Je me lève et j’ai du mal à lâcher sa main.
- Je vais te raccompagner.
Il se lève aussi, je pose mon autre main sur la sienne.
- Merci, mais ça va aller. J’ai besoin d’être un peu seule.
Je lui sourit et il n'insiste pas.
- Demain, nous pourrons rediscuter si tu as besoin ou on peut s'entraîner si tu veux. Envoie moi un message ou appelle moi.
Je hoche la tête et lâche sa main avant de partir. Je sens bien qu’il ne veut pas que je parte et je n’en ai pas vraiment envie, mais j’ai eu assez d’émotion pour aujourd’hui. Je pars vers ma chambre avec pleins de questions et peu de réponses. De ce que je comprends, il ressent la même chose que Paul, mais depuis combien de temps ? Était-il jaloux de lui ? Cela expliquerait certaines situations malaisantes. Pourquoi moi et mon âme tourmentée ? Il y a bien d’autres personnes qui aimeraient être auprès de lui qui sont bien plus saines d’esprit que moi, plus joyeuse et facile à vivre. Est-ce que le sentiment contradictoire qui vacille entre colère et joie est de l’amour ? Ça me semble bien différent de ce que je ressentais pour Paul. Galahad m’a toujours troublé, mais je pensais que c'était parce que j’avais peur de lui. Pourtant ce trouble est toujours présent, je suis rassuré par sa présence. Dans le peu de romance que j’ai lu , l'alchimie qui se crée entre deux personnes est impossible à prédire. Est-ce qu'il y a vraiment une alchimie entre nous deux ? Galahad a toujours été pour moi à la fois un monstre et un ange. Il était en même temps ses bras inconnus qui me réconfortaient et le garçon qui me mentait à chaque instant. Plus le temps passe, plus je me demande si ce n’est pas moi le plus monstrueux des deux. M’a-t-il menti sur qu’il était pour se rapprocher de moi? Est-ce que c’était pour me protéger ? Ou est-ce moi qui ai trop peur d’ouvrir mon cœur et d’être blessé à nouveau ? J’ai mal à la tête, je suis épuisée. Je me change et m’endors directement.
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