Tu es à moi !

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Il revient le lendemain, mais en plus de me violer, il me frappe tout en me disant qu’il m’aime. Je retourne une nouvelle fois chez le docteur. Les voix m’humilient, me dénigrent, je n’ai plus aucune volonté de vivre. Je suis sur ce brancard et je vois une lame à côté de moi. Je trouve la force de sortir de mon état de léthargie et j’attrape le scalpel. Je vais enfin être libre. J’utilise mes dernières forces pour me l’enfoncer dans la gorge. Une main arrête mon geste.

  • Ce n’est pas le moment de nous quitter.

Le docteur me rendort. Je me réveille une nouvelle fois dans ce lit moelleux, mais je ne suis pas seule. Il me caresse le visage. Je ne veux plus qu’il me touche, qu’il me laisse mourir.

  • Je sais que tu es réveillée ma belle. Regarde-moi.

La voix de Louis a pris le contrôle de mon corps. Je lui obéis sans la moindre résistance. Il attrape ma mâchoire et plante ses yeux dans les miens.

  • Alors, tu as essayé d'en finir ? Tu as essayé de me fuir ?

Il descend lentement sa main sur ma gorge et serre doucement ses doigts.

  • Tu ne peux pas me fuir. Tu m’appartiens, c’est moi qui décide si tu vis ou si tu meurs.

Il resserre brusquement ses doigts et m’empêche de respirer. Il approche ses lèvres de mon oreille.

  • Tu es à moi et à personne d’autre.
  • J’agrippe ses mains pour desserrer sa prise et il resserre ses doigts. Je suis faible.
  • Tu es tellement belle quand tu espères m’échapper.

Ma vue se trouble et sa voix est lointaine. Une violente douleur au niveau de la joue me réveille. Il me caresse les cheveux.

  • Tu sais que tu es la seule qui peut arrêter ça. Il te suffit de me dire ce que je veux savoir. Donne-moi les informations et tu ne souffriras plus.
  • Je ne sais rien … Je n’ai jamais rien su…

Il me frappe de toutes ses forces.

  • Tu me mens. Je sais que tu les as aidés, que tu es proche de M Leconoistre. Sinon pourquoi continue-t-il à marchander ta libération ?

Ces coups sont de plus en plus forts.

  • Tu n’as pas le droit de me mentir. Tu es ma femme. Tu n’es qu’à moi.

Je souris, il va me tuer à force. Je tombe dans les vapes.

Je retrouve encore cet homme au bord de cette mer déchaînée. Il reste là assis à côté de moi. Est-ce que ce cauchemar est fini ? Est-ce mon esprit ou mon corps qui s’est brisé en premier ? Ces vagues immenses ensevelissant tout sur leur passage ne m’effraient plus. Je ne ressens plus rien, plus aucune émotion. Ces monstrueuses colonnes d’eau frôlent les nuages noirs. Les éclairs déchirent l’air et l’eau, mais même le tonnerre assourdissant ne me fait pas peur. Cette boule de douleur qui rongeait mes entrailles a disparu. Les vagues sont à quelques mètres devant moi, prêtent à m’engloutir, pourtant mon cœur n’a jamais été aussi calme. Je suis paisiblement assise à côté de lui, qui semble aussi apaisé que moi. Quelques gouttes s’échappent de l’eau et tombent sur mon visage. Je suis prête. Je sens ce courant d’air frais envolé mes cheveux. Son regard se pose sur moi pour la première fois. Mon capitaine, je peux enfin voir son visage. Il me prend la main et me dit avec un grand sourire.

  • C’est fini.

J’ai mal partout. Je ne vois plus les vagues. Tout est noir. Mon corps me fait souffrir. L’air qui traverse ma gorge me brûle. J’entends une voix qui m’appelle. Maman ?

Ele…

Mam…

  • Chut, ne parle pas.

Sa voix est tremblante. Maman est avec moi. Nous sommes enfin réunis. Je sens une chose qui passe sur ma main, j’ai mal. Je gémis de douleur.

  • Ma chérie, je suis désolée. On doit partir. Tu vas avoir mal.

Je sens que des choses sont retirées de mes poignets et de mes chevilles. Un liquide chaud coule le long de mes doigts et de mes orteils. Je hurle de douleur. On m’enveloppe de frais, mais le contact me brûle la peau. On me pique le bras et je sens mon esprit s'embrumer. J’entends la voix de ma mère parfois tendre, parfois inquiète. Il y a une autre voix. Il est venu pour récupérer son bien. La douleur a complètement disparu, pourtant j’ai la sensation qu’il continue à torturer mon corps. Je ne suis qu’une marionnette, ils tordent mes bras et mes jambes.

  • Qu’est-ce qu’il lui on fait ?

Maman est là. Une chaleur disparue se propage dans mon cœur.

  • *Sniff*, ne parle pas ma chérie. Tout va bien. *Sniff*. Ils vont prendre soin de toi.
  • Ils ?

La panique m’envahit, je dois la protéger. Je dois me lever.

  • Calme-toi, s’il te plaît. Tu dois rester calme ma chérie.
  • Katherina, elle ne doit pas bouger, sinon elle va perdre beaucoup de sang.
  • J’essaie.
  • Maman, tu … dois… t’enfuir.

J’arrive à ouvrir les yeux et je la vois. Je tends ma main vers elle, mais elle est recouverte de sang avec un trou au milieu. Une main attrape mon bras et le repose.

  • Elena, tu dois te calmer.

Je me tourne vers cette voix. Pourquoi être venu récupérer son bien et ma mère ?

  • Pourquoi êtes... vous là ?
  • Parce que tu as le droit d’être libre.

Cette boule à l'intérieur de moi explose et mes larmes coulent.

  • Calme-toi. On doit soigner tes plaies, te transfuser et nettoyer tes brûlures. Ils t’ont…

Il prend une grande inspiration.

  • Soit on t’endort complètement sans être sûr que tu te réveilles, soit tu restes tranquille.

Je ne bouge plus et les laisse me soigner. Parfois la douleur est insupportable.

  • Tu es forte Elena. Tu dois tenir.

Il m’encourage et reste auprès de ma mère. J’ai l’impression que toutes les cellules de mon corps me hurlent qu'elles ont mal. Par moment la douleur m’endort et à d’autres instants, elle m’arrache des cris inhumains. Je ne sais pas combien de temps cela dure, avant que je m’évanouisse.

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