Chapitre 12
Jo était confus. Il ne savait plus quoi penser. Si Taia et Dean étaient des Amal'Guriens, pourquoi les guerriers cagoulés s'en prenaient à eux ?
Le garçon finit par dégainer son pistolet Reflex et à aider les deux adolescents. Il s'agenouilla derrière une poubelle en bois pour s'y mettre à couvert puis attendit le bon moment pour abattre l'un des attaquants. Après quoi, une balle heurta son armure. Celle-ci le protégea intégralement, mais le choc le fit tomber à la renverse. Il se releva à la surprise du tireur puis répliqua sans atteindre sa cible. Le guerrier Amal'Gurien se protégea en se cachant derrière une colone métallique servant de support au préau de la cour.
— Le MOCH est derrière la poubelle ! cria-t-il.
Soudainement, Jo devint la cible prioritaire de ses adversaires qui l'identifièrent, à tort, comme étant un membre du célèbre groupe de guerriers.
Trois d'entre-eux tentèrent alors de l'abattre. Sans succès. Jo étant bien recroquevillé derrière la poubelle. Mais conscient qu'elle ne tiendrait pas longtemps, ce dernier regarda autour de lui et aperçut à quelques mètres un muret derrière lequel lui et les deux aures adolsecents pourraient se cacher. Mais il était situé à l'opposé de leur position. Lui, pourrait sûrement l'atteindre. Il se prendrait probablement de nombreuses balles, mais son incroyable armure l'en protégerait. En revanche, Taia et Dean, n'arriveraient certainement pas à l'atteindre vivants. Et à trois contre vingt, la situation était clairement en leur défaveur. Ils devaient fuir. Et pour ça, il n'y avait qu'une seule solution.
— Il faut qu'on rentre dans le bâtiment ! cria Joe en pointant du doigt une double porte blanche située à quelques mètres derrière eux.
— Quoi ? cria à son tour Taia, se mettant, par mégarde à découvert.
Un Amal'Gurien profita de l'innattention de la jeune femme pour la mettre en joug.
— Taia ! cria X avant de tirer sur le guerrier de l'ombre, ne l'atteignant qu'au bout du troisième tir.
La jeune fille tourna le regard vers Jo et lui adressa un signe de tête pour le remercier. Il ne se laissa pas déconcentré plus longtemps par la jeune fille. Une dizaine d'individus armés jaillirent du bâtiment ou ouvrirent le feu depuis les fenêtres. Jo devina qu'il s'agissait de "résistants". Leur arrivée changea la donne. L'affrontement tourna très vite en la défaveur des guerriers de l'ombre.
Au final, l'escarmouche ne dura que deux minutes au terme desquelles les hommes encagoulés finirent par se replier.
Une fois la fusillade terminée, Jo repensa à la discussion qu'il avait eu avec l'agent Impérial. Malgré ce qui venait de se passer, il se demandait encore si'il devait être méfiant ou non envers les deux adolescents qui d'ailleurs, se dirigèrent vers lui.
— Je ne comprends rien, dit X.
— Quoi ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? demanda Dean.
— Rien, répondit l'Impérialn ne voulant pas leur parler de leurs prétendues origines Amal'Guriennes.
— T'es vraiment bizarre toi. Ils fuient c'est tout. Ce sont des lâches. En tout cas, on t'en doit une.
— Ouais, ajouta Taia. Merci beaucoup. Tu m'as sauvé la vie.
Jo scruta les environs. Il passa son regard sur chaque fenêtre, chaque ouverture, à la recherche de l'agent Talon. Il devait lui parler. Soit elle l'avait pris pour un imbécile. Soit les renseignements Impériaux s'étaient plantés comme jamais. En tout cas, aucun signe d'elle. Le garçon espérait qu'il ne lui soit rien arrivé. Même s'il imagina cette possibilité comme peu probable, au vu des compétences de la jeune femme.
— Il vaudrait mieux que je vous accompagne, lança Dean.
Jo tourna la tête vers le garçon.
— Pour rencontrer les Véerèmois, rappela l'adolescent. Après ce qui vient de se passer, je crois que ce serait plus sûr d'y aller tous les trois.
— Ok, répondit X. On y va.
Voilà qui compliquerait peut-être les choses. Jo tout comme Clara, n'avaient pas prévu ce qui venait de se passer. Dean n'était pas censé les accompagner. Mais est-ce que l'agent Impériale serait au rendez-vous ? Rien n'était sûr. Si il lui était arrivé quelque chose et qu'elle ne venait pas, comment gérerait-il la situation ? Quelle excuse trouverait-il pour expliquer l'absence des Véerèmois ? Devrait-il leur avouer qu'il n'avait jamais été question d'une telle rencontre ?
***
Les trois adolescents longèrent une rue. Jo la reconnut immédiatement. Il s'agissait de celle où se trouvait la maison dans laquelle il était entré quelques heures avant. Il s'arrêta net. La porte était toujours ouverte.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Dean. Pourquoi tu t'arrêtes ?
— Cette maison...commença X.
— Oui, c'est celle où je t'ai rencontré, répondit Taia.
— La porte...
— Ouais c'est étrange, admit Taia. Mais ça ne nous regarde pas.
— Bon aller, on peut reprendre la route ? demanda Dean.
Un coup de feu retentit. La balle manqua X de quelques centimètres et se logea tout droit dansu un mur.
— À couvert ! lança l'Impérial en désignant l'entrée de la maison.
Les trois adolescents se précipitèrent à l'intérieur du domicile et montèrent à l'étage. Mais pour Jo, quelque chose d'autre n'allait pas.
— Attendez, dit-il. Ils sont où les propriétaires ?
— Qui ? demanda Dean qui avait pourtant très bien compris.
— Quand je suis venu, il y avait un couple et une petite fille. Où ils sont ? Je ne les ai pas vu.
— J'en sais rien. On a autre chose de plus urgent à règler tu ne crois pas ?
La maison se fit encercler par des guerriers Amal'Guriens. Cette fois-ci, ils étaient deux fois plus nombreux que dans la cour.
Des sirènes de Police retentirent. Sur le coup, les trois adolescents étaient heureux de recevoir du renfort. Mais les pauvres policiers se firent soit abattre, soit contraindre à se replier sous la puissance de feu largement supérieure des hommes cagoulés.
— Merde ! Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Dean. Ils sont trop nombreux.
Jo s'approcha de la fenêtre pour constater par lui-même que Dean n'exagérait pas. Les Amal'Guriens devaient être une trentaine. Tous armés de fusils d'assaut ou de fusils mitrailleurs. Il en vint à se demander comment autant de guerriers de l'ombre avaient pu entrer en ville sans se faire remarquer.
— Il y a forcément un moyen de partir d'ici, fit-il.
— Non, dit Taia. On est encerclés. Ils savaient qu'on viendrait ici.
Jo se tourna vers la jeune fille en se demandant comment leurs assaillants auraient-ils pu être au courant. Il s'imagina un instant que ce pouvait être Dean et elle qui les avaient prévenu. Mais l'escarmouche précédante balaya très vite cette hypothèse de son esprit. Soudain, des coups de feu retentirent et les premiers Amal'Guriens tombèrent.
— Quelqu'un semble vouloir nous aider ! s'exclama Dean.
X observa. Il n'aperçut pas le tireur, mais vit les guerriers de l'ombre tomber l'un après l'autres. Les tirs n'étaient pas rapides mais faisaient mouche à chaque coup. Raison pour laquelle Jo pensa à un tireur, seul. Ou plutôt une tireuse.
— Tu vois quelque chose ? demanda Taia.
— Non. Personne. Mais je crois savoir qui.
— Les flics ? demanda Dean.
— Non.
Taia et Dean se regardèrent.
— Une Impériale, ajouta X.
— Quoi ? Mais... Tu savais qu'elle était là ?
— Oui.
— Et tu comptais nous le dire quand qu'il y avait déjà des Impériaux à Issalia ?
— "Une" Impériale, corrigea X. Et vous ? Vous comptiez me dire quand que vous étiez Amal'Guriens ?
— Comment tu sais ça ? demanda Dean.
— À ton avis ?
L'adolescent devina que X avait dû entrer en contact avec cette Impériale qui devait savoir concernant leur identité.
— L'Agent Impériale, bien sûr... On est la raison de sa présence, c'est ça ?
— Ouais. On peut dire ça.
— Et je suppose que tu n'as jamais voulu rencontrer les Véerèmois, pas vrai ? Tu comptais nous entrainer dans un endroit où elle aurait pu nous tomber dessus, c'est ça ?
— X, fit Taia, tentant de calmer les choses. C'est plus compliqué que ce que tu crois. On est...
La jeune fille fut interrompue par le son d'une porte qui venait d'être défoncée.
— C'était au rez-de-chaussé, lança Dean. Ils sont là.
Des bruits de pas succédèrent à celui de la porte. Trops nombreux pour venir d'une seule personne. Les trois adolescents comprirent qu'il ne pouvait s'agir de l'agent Impériale. Taia se tourna, paniquée, vers Jo.
— Il faut que tu partes ! cria-t-elle.
— Quoi ? demanda le garçon en armure, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer.
— Vas-t-en ! insista l'adolescente. Ils sont là pour toi !
— Quoi ? Mais... Et vous ?
— On va les retenir ! Pars ! Cours et ne te retourne pas !
— Je ne partirai pas sans vous.
— Il le faut ! Tu es le seul espoir pour Issalia !
Jo ne voulait pas partir. Mais il se sentit obligé de le faire. Il monta sur les rebords de la fenêtre et sauta. Une fois au sol, il ne savait pas ce qui lui arrivait. Malgré ce que l'agent Talon avait pu lui raconter sur Taia, il avait envie de lui dire qu'il tenait à elle. Il s'en voulait de la laisser.
Il entendit les coups de feu. Sûrement Taia et Dean qui se battaient contre les guerriers de l'ombre. Puis soudain, plus rien. Jo, tout en continuant sa course, s'imaginea le pire. Une fois encore, il s'en voulait d'être impuissant.
Il appliqua néanmoins les dernières consignes de Taia : courir sans regarder derrière lui. Les rues étaient désertes. Les fusillades avaient dû encourager les habitants à se barricader chez eux. Le garçon réussit à atteindre les limites de la cité, là où s'errigeait le gigantesque mur protecteur. Celui qui, d'ordinaire, était ouvert à la circulation. Mais qui, pour une raison inconnue, était désormais bloqué par la présence de gardes. Comment le franchir ? se demanda-t-il.
C'est alors que jaillit de l'ombre l'agent Talon qui le saisit par le bras, pour qu'il la suive. Ils arrivèrent proches des gardes.
— Ferme les yeux ! cria Talon.
Jo s'exécuta et l'agent Impériale sortit une grenade flash qu'elle jeta en direction des gardes. Ces derniers furent momentanement aveuglés. Suffisement longtemps pour permettre aux deux Impériaux de franchir le cordon de sécurité. Après quoi, Talon claqua au sol une grenade fumigène qui rendrait compliqué leur poursuite.
Après quelques minutes de course, ils arrivèrent près d'un terrain vague. Une navette Dragonfly se posa à quelques dizaines de mètres d'eux avant de déployer la trappe d'embarquement, leur permettant ainsi de monter à bord. Après quoi, la navette redécolla.
— Je croyais que ce n'était pas des Résistants, lança X attendant des explications.
— On le croyait tous, répondit l'Agent Talon. Dean et Taia sont bien des Amal'Guriens. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'ils ont trahis l'empire de l'ombre.
— Quoi ?
— Ils ont été envoyés à Issalia pour faire du repérage. Prendre le maximum d'informations afin de faciliter une future invasion par l'armée de l'ombre. Mais une fois sur place, ils ont décidé de déserter et fonder un mouvement de Résistance pour protéger Issalia.
— Comment tu sais ça ?
— Vu que notre plan a été compromis, j'ai dû improviser.
— Comment ça ?
— Après la fusillade au collège, je suis tombé sur un Amal'Gurien. Je l'ai interrogé et il m'a tout balancé. Après avoir appris la trahison de ses deux agents, l'armée Amal'Gurienne a décidé de les retrouver et les éliminer. D'où leur présence.
— Attend... Tu as réussi à obtenir des renseignements d'un Amal'Gurien ? Il parait que même sous la torture ils ont du mal à parler.
— Tu confonds les Amal'Guriens avec les Mortaliens. Les Amal'Guriens sont plus faciles à... briser.
Le dernier mot retint particulièrement l'attention du garçon. Il raisonnait comme un coup de canon.
— Tu l'as... torturé ? demanda-t-il en craignant la réponse.
Mais la jeune femme se garda d'apporter une réponse. Jo, comme tout Impérial qui se respectait, était contre la torture.
— Répond-moi, insista X.
— J'ai fais ce que j'avais à faire, répondit froidement la jeune femme.
— L'Empire ne pratique pas la torture.
La jeune femme sourit, touchée par la naïveté de Jo. Ainsi que par sa fidélité sans faille envers la patrie. Elle ne put s'empêcher de rire.
— Tu es bien trop naïf. On est tous contre la torture oui. Mais quand un pays aussi dangereux qu'Amal'Gur est sur le point déclencher une nouvelle guerre globale, mettant en danger des millions d'innocents, ils faut savoir se donner les moyens nécessaires pour éviter que le monde bascule une nouvelle fois dans le chaos.
Jo secoua la tête, balayant toutes les sombres pensées qui parcouraient son esprit. Il décida de changer de sujet.
— Du coup cette Résistance... Elle est bien réelle ?
— Oui, répondit Talon. Sans doute. En tout cas, je doute qu'elle serve à grand chose maintenant. Après ce qui s'est passé, je crois que la garde Issalienne va entrer dans la partie.
— Et si Taia est de notre côté, alors elle n'a pas appelé Jakaï comme on le pensait.
— Ça c'est l'autre bonne nouvelle en effet.
Jo se retrouva rassuré de savoir que le chef des guerriers de l'ombre n'était pas à ses trousses. Mais il devait encore résoudre le problème de Dean et Taia qu'il avait laissé, seuls, à la merci des Amal'Guriens.
— Et maintenant ? demanda-t-il. Qu'est-ce qu'on fait ?
— Toi tu retournes à la maison et tu laisses faire l'armée Impériale.
— L'armée Impériale va intervenir ?
— C'est exacte, elle interviendra en soutien de la garde locale.
— Il faut que j'y retourne.
— Ça il en est hors de question.
— J'ai laissé Taia et Dean ! cria X.
— Tu crois vraiment que tu es de taille à y retourner ? Tu crois que ton armure fait de toi un... Super Soldat ou un Agent hors paire ? Tu n'es pas qualifié pour retourner là-bas. C'est déjà un miracle que tu t'en soit tiré indemne. Tu as eu de la chance que je sois arrivée à temps pour te sauver la mise.
Jo ne répondit rien. Il bouillonait de rage. Mais l'Agent Talon avait raison.
— Je ne sais pas où et comment tu t'es procuré cette armure, continua cette dernière. Et je ne veux pas le savoir. Mais crois moi, elle ne fait pas de toi un MOCH. Ewan Robb ne tarit peut-être pas d'éloge à ton sujet. Mais tu n'as rien d'un soldat.
Le garçon repensa à ces dernières semaines. Depuis qu'il avait récupéré cette armure. Son combat contre Jakaï. Son intervention lors de l'opération contre le Domaine de Jakaï. Il s'était senti pousser des ailes, se croyant invulnérable tant qu'il portait cette armure. Mais peut-être que tout ça n'était qu'une question de chance. Peut-être avait-il simplement eu de la veine. Il se résigna et partit s'asseoir sur l'une des banquettes de la navette.
L'Agent Talon s'installa en face du garçon.
— Ewan Robb tient énormément à toi, dit-elle. Contente toi d'être son ami. Contente toi des missions simples qu'il te confie. Crois moi. Être agent ou soldat Impérial, c'est pas à la portée de tous. Faut vraiment avoir ça dans le sang. Du peu que je te connais, je sens que tu n'as rien de tout ça.
Jo fixa la jeune femme dans les yeux, surprit par le fait qu'elle semblait le connaître bien plus qu'il ne le pensait.
— Après notre rencontre au Domaine de Jakaï, je me suis renseigné sur toi. Je suis remontée jusqu'à certains de tes amis. Sophie par exemple. Une ancienne du Programme des jeunes espions. On a eu une longue discussion à ton sujet. Elle aussi semble te tenir en haute estime. Même si pour elle, tu empruntes une voie qui n'est pas la tienne.
Jo était scandalisé par cette révélation. Il n'aimait pas qu'on se renseigne sur lui. Mais il enfouit sa colère au plus profond de lui. Talon se releva .
— Sophie est une fille bien, reprit-elle. Tu devrais écouter tes amis plus souvent, Jo.
La jeune femme se dirigea vers la cabine de pilotage. Le garçon ne répondit rien. Il se contenta de rester assis et se perdit dans ses pensées. Il resta avec certaines questions qui étaient restées sans réponse. Comment les Amal'Guriens avaient réussi à faire entrer autant d'hommes armés au sein d'Issalia ? Pourquoi cette maison était-elle toujours ouverte ? Où étaient passé la famille qui y vivait ? Et qu'arriverait-il à Taia et Dean ?
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