Gardienne
Je m'appelle Cassandre. Je fais des études de vétérinaire à Bruxelles. Du moins c'était avant. Car depuis cinq ans, je vogue d'univers en univers pour aider les gens. Et aujourd'hui j'ai décidé de tout raconter. Comment cela a commencé, comment j'ai dû endosser un rôle que je n'avais jamais voulu.
Je traînais tranquillement avec mes amis, Kilian, Marie et Cara, dans le petit square attenant à l'université, en ce beau jour de juin, après notre dernier examen de la session. On soufflait après un véritable marathon. Je crois que je n'oublierai jamais ce jour, et ce calme avant la tempête : le vent faisait bruisser doucement les quelques arbres, des pommiers et un hêtre, pas un nuage ne cachait le soleil et il y avait peu de monde. Nous étions restés quelques minutes en silence, mangeant nos sandwichs achetés peu avant à la boutique du campus. Peut-être savais-je inconsciemment ce qui allait arriver car je me suis surprise à observer mes amis comme pour me graver leurs traits dans ma mémoire : à ma gauche, Kilian, blond comme moi, aux yeux bruns, frôlant le mètre quatre-vingt. Ce futur avocat était musclé comme un bodybuildeur (il faisait de la musculation à ses heures perdues), et pourtant il était doux comme un agneau. Ce jour-là il portait un short et un t-shirt sobres mais suffisamment moulants pour lui attirer les regards de toutes les filles. Cela nous faisaient souvent rire tous les quatre, étant donné que Kilian était un homosexuel reconnu. A côté de lui se trouvait Marie, belle rousse menue aux yeux verts malicieux. Elle était sagement assise en tailleur, ce qui était plutôt rare. Ayant fini son sandwich, elle offrait son visage au soleil, soulignant ainsi la courbe de son cou et de ses épaules, dénudés. A côté de cette pétillante étudiante en criminologie, la douce Cara offrait un contraste assez impressionnant. Cara était ma meilleure amie, étudiante vétérinaire tout comme moi, mais elle avait une superbe chevelure noire corbeau et de beaux yeux bleus, grands et expressifs. Elle était une élève modèle, dans les 75 pourcent. Comme elle était à ma droite, j'avais dû me retourner et mon geste attira l'attention de cette dernière. Elle me regarda, reposant gracieusement sur son coude droit :
-Qu'y a-t-il ? On dirait que tu ne nous as jamais vus, plaisanta-t-elle. Je sais que je suis belle mais tout de même.
-C'est sûr, me moquai-je, je n'ai absolument rien d'autre à faire. Quoique, laisse-moi réfléchir... Ah si je sais, faut que je mange !
Nous pouffâmes en chœur, la dernière fois que je ris avant longtemps bien que je l'ignora.
Nous nous prélassâmes encore un temps, mais puisque de plus en plus d'étudiants arrivaient au square, je fini par proposer de changer d'endroit : à cette heure-ci on pouvait peut-être encore se trouver un coin tranquille au parc du Cinquantenaire, éloigné de l'université et, de facto, déserté par les étudiants. De plus les élèves de secondaire étaient toujours en examens et ne risquaient donc pas de nous ennuyer.
Alors que nous nous relevions et que j'époussetais ma jupe, j'entendis soudain Kilian pousser une exclamation de stupeur. Je me retournai vivement et me trouvai nez à nez avec un œuf volant de couleur gris métallique. Je sursautai et reculai de quelques pas.
-Non didju c'est quoi ça ?!
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