Kilian haussa les épaules de même que la pétillante Marie tandis que Cara ouvrait de grands yeux effrayés. Je me tournai à nouveau vers l'OVNI qui se mit à luire puis à changer de forme jusqu'à ressembler à un grand miroir.

-Ouaw fis-je, ne pouvant m'empêcher de m'approcher malgré les vives protestations de mes amis.

J'observai mon reflet, remarquant par la même occasion que la surface réfléchissante déformait mon reflet : mes cheveux semblaient plus blonds, j'étais plus grande et plus fine, et mes yeux dissemblables ressortaient plus que d'habitude. Ce qui m'étonna toutefois le plus était que je ne portais plus mes lunettes sur le reflet alors que je les sentais encore sur mon nez.

-Bizarre, dis-je en tournant la tête vers mes compagnons, on dirait un miroir mais pas tout à fait. C'est moi mais différente.

-Toujours aussi claire, grommela Kilian en levant le sourcil gauche.

Je souris, je m'apprêtai à répondre quand un visage apparu soudainement sur le miroir. La stupeur fut générale.

-Bonjour, fit le visage féminin d'une voix métallique.

Je me retournai, me demandant à qui elle parlait et me rendis compte que non seulement elle s'adressait à moi mais qu'en plus cela avait attiré l'attention de toutes les personnes présentes ou presque.

-Euh bonjour, répondis-je me sentant quelque peu bête de parler à un miroir.

-Cela fait longtemps que nous te cherchions. Nous n'espérions plus que tu nous répondrais.

-Moi ? Mais pourquoi ? Qu'ai-je encore fait ?

"Tu crois en nous et ton cœur est pur" fut sa seule réponse, ce qui me jeta bien évidemment dans l'incrédulité la plus totale et une certaine gêne : en effet je ne me considérais pas pure. J'avais mes petits secrets comme tout le monde et je n'étais pas vraiment un ange au niveau caractériel.

-Excusez-moi mais je crois que vous faites erreur, fini-je par lâcher. Non seulement je ne suis pas "pure" comme vous dites et, en plus, comment pourrais-je croire en vous alors que je ne sais même pas qui vous êtes. Enfin sans vouloir vexer quiconque.

Le visage sourit, amusé. 

-Viens avec moi, ils t'expliqueront mieux.

-Non. Je ne vais pas m'engager dans quelque chose sans savoir ce que c'est, refusai-je.

Le visage disparu sans explication et devint noir. Je jetai un regard incrédule à mes amis et commençai à m'éloigner quand une image réapparu : une femme, vêtue à l'antique, me regardait.

-Viens avec moi, mon enfant, dit-elle.

Je soupirai. Décidément, ils ne comprenaient pas. 

-Ecoutez, comme j'ai dis à la Dame du miroir, je ne vous suivrez pas car j'ignore qui vous êtes et ce que vous me voulez.

-Peut-être, répondit-elle en me regardant droit dans les yeux, que tu me connais déjà mais que tu refuses d'y croire. 

Je relevai un sourcil, de plus en plus sceptique. Elle me donna alors un indice sur elle :

- On me connait sous de nombreux noms, la Vierge aux yeux glauques en étant un.

Je hoquetai de stupeur : "non mais elle me fait marcher là ?!". La Vierge aux yeux glauques est le nom que donna jadis Hésiode à Athéna, déesse grecque de la sagesse, du combat et de l'artisanat. Seulement ce n'était pas possible, ces dieux n'existaient pas. 

Athéna, si c'était bien elle, me sourit et tendit la main. L'invitation était claire. Néanmoins j'hésitai toujours.

-Reverrai-je mes parents de leur vivant ? Reviendrai-je vite chez moi ? demandai-je.

-Cassie non ! s'horrifia Cara. Tu ne peux quand même pas te lancer dans cette histoire, dont tu ne sais rien !

- Non seulement elle le peut, mais elle en a le devoir, rétorqua Athéna d'un air hautain.

- Eh ! On se calme ! me hérissai-je. Répondez d'abord à ma question et ensuite on verra ce que je ferai. 

Athéna me regarda, manifestement mécontente, mais consentit à céder à mon exigence :

- Dans l'ordre, oui et je l'ignore. Je peux comprendre que tu désires revoir tes parents et cela, je peux l'arranger. Mais quant à savoir dans combien de temps, je ne peux te répondre. Toi seule le déterminera .

Je pris alors ma décision. J'avançai vers le miroir en tendant la main, mais juste avant de toucher la Fille de Zeus porte-égide, je me retournai vers mes amis :

- Vous préviendrez mes parents hein ? Ne les laissez pas dans une telle angoisse, s'il-vous-plait. 

Mes amis acquiescèrent sans pour autant me retenir, cela faisait suffisamment longtemps qu'ils me connaissaient pour savoir que cela n'aurait servit à rien.

Je souris, rassurée, et touchai alors le miroir.