chapitre 6

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Pendant trois semaines, je m’entraînai avec les différents dieux : Arès m'apprenait à me battre (nous avions fini par nous entendre, dieu seul sait comment), Apollon m'enseignait le chant et la danse (de tous genres et de toutes époques), Junon comment diriger et paraître un bon leader, Athéna toutes sortes de choses utiles allant de l'artisanat basique -faire un feu de camp- à l'art des plus grands stratèges, et Poséidon s'occupait de mon éducation équestre.

Je dois bien dire que tout cela me plaisait : je pensais certes souvent à mes parents et à tout ce que j'avais abandonné mais je ne pouvais non plus nier que je nageais comme un poisson dans l'eau. De fait, vivre avec des dieux a nombre de choses plaisantes : nous avions toujours d'excellents repas (j'avais même pu goûter au nectar et à l'ambroisie, un vrai délice !) et il faisait toujours beau. Bref une vie facile. Cependant, à certains moments, je me sentais al à l'aise, comme s'il y avait quelque chose de factice, de trompeur. Lorsque je m'en ouvris à Athéna, elle me répondit que cela était tout à fait normal car j'étais une mortelle dans un monde divin. Mais elle a eu à ce moment un air inquiétant qui me fit douter de ses paroles. Avec raison, car quelques jours après, il se passa ce que j'avais toujours crains en arrivant : la jalousie d'une déesse, en l'occurrence Aphrodite.

Aphrodite, Aphreudite de son surnom affectueux que je lui donnais en cachette, était belle et vaniteuse. La parfaite poupée : blonde platine, des yeux bleus comme le ciel, un corps parfait. Seulement, lorsqu'elle m'avait proposé de me donner quelques cours de beauté, j'avais refusé : j'avais mis plusieurs années à peaufiner mon maquillage et je me trouvais bien comme j'étais. J'avais bien sûr refusé aussi gentiment que possible mais cela l'avait froissée. Depuis, elle ne m'adressait plus la parole, même lorsqu'Héphaïstos, le dieu des forges et, accessoirement, son époux (avec lequel elle s'entendait super bien malgré ce que tout le monde pense), avait tenté d'interférer en ma faveur. Rien à faire. Je redoutais donc un peu une vengeance mesquine de sa part, surtout que j'avais toujours en tête ses petits coups bas aux mortels qui ne lui obéissaient pas.

Ce fut donc ce qui arriva : un soir, nous étions en train de manger et je discutais chasse avec Artémis, lorsqu'Aphrodite entra dans la salle du banquet comme une furie. Elle se dirigea droit vers Zeus.

- Mon roi, j'exige réparation immédiatement, s'exclama-t-elle, ce qui suffit à faire taire tout le monde.

-Qu'y a-t-il Aphrodite ? soupira Zeus.

-Cette mortelle a osé m'attaquer, accusa la déesse de l'Amour en me pointant du doigt.

Cela stupéfia toute l'assemblée, moi la première. Je ne l'avais pas croisée depuis plusieurs jours.

- Aphrodite, soupira Zeus, je sais que...

- Attendez, le coupa Aphrodite. En voilà la preuve irréfutable.

Et elle montra son bras délicat, balafré du poignet au coude. Tout le monde se tourna vers moi, attendant une explication. Mais je restai muette de stupeur : cette pimbêche osait prétendre que je l'avais attaquée ?!

- Je n'ai rien fait, notai-je calmement.

- Evidemment, cracha-t-elle.

- Vous devriez éviter de réagir ainsi, cela vous donne de mauvaises rides, lançai-je, insolente.

Même si Zeus eut un regard désapprobateur, la réaction horrifiée de la déesse fit glousser tout le monde (lui compris) : elle n'était pas la reine des superficielles pour rien.

- Je n'ai pas croisé Aphrodite depuis plusieurs jours. En fait je n'ai pas eu de sales coups depuis presque une semaine, informai-je le roi.

- De sales coups ?

- N'importe quoi ! interrompit Aphrodite, remise de sa peur. Elle va encore inventer toute sorte de méfaits pour me ridiculiser.

- je n'en n'ai pas besoin, grommelai-je. Seigneur Zeus, repris-je à haute voix. Je puis vous assurer de la véracité de mes propos. Je ne l'ai pas attaquée. Vous me connaissez tous, vous savez que non seulement je ne mens pas, mais en plus cela n'aurait aucun intérêt pour moi de le faire : pourquoi irais-je m'en prendre à une déesse, même qui m'insupporte, si je risque ma vie dans l'affaire ?

Tous les dieux ne purent qu'acquiescer à mes propos et je vis Aphrodite se ratatiner quelques instants. Mais elle se reprit vite et montra son bras :

- Et ça alors ? Ce n'est pas rien ! Elle a porté la main sur une déesse !

- De grâce Aphrodite, intervint alors Poséidon, on sait tous que tu es capable de te blesser juste pour nuire à quelqu'un. Tu l'as déjà fait.

- Ah oui ? S'enquit-elle en fronçant les sourcils, et détruisant de fait son accusation.

- Oui, enchaina Apollon, avec ce mortel, en Eubée, tu te souviens ?

- Ambrosios ? Eutalée ? Escios ?

Je levai les yeux au ciel : si elle commençait à donner tous les noms de ses amants, on n'était pas sortit de l'auberge.

- C'était avec Asconios, l'interrompis-je agacée. Maintenant si vous voulez bien, j'étais en pleine discussion sérieuse avant que vous n'interrompiez ce magnifique repas avec vos accusations mesquines.

Les yeux de la déesse de l'Amour semblaient prêts à sortir de leurs orbites tellement elle était en colère. Seulement, comme ses comparses semblaient rangés à mon avis, elle se contenta de sortit, furieuse.

Je ne la revis plus avant trois jours, lorsque tout bascula, ainsi que le voulait sa vengeance.

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