Chapitre 4 - Un long fleuve tranquille
J’ai longtemps cru que je pouvais recoller les morceaux toute seule, que la force de caractère suffirait à guérir les blessures de l’âme. J’ai cru qu’en avançant coûte que coûte, sans jamais regarder en arrière, je finirais par m’en sortir. Mais on ne reconstruit pas une maison sur des fondations fissurées. Et moi, je portais en moi des failles que je refusais de voir.
Chaque choix que je faisais à cette époque n’était pas un véritable choix, c’était une tentative désespérée de panser mes plaies, de trouver un semblant d’amour, de sécurité ou d’estime de moi dans le regard des autres. Mais ce qu’on cherche à l’extérieur ne peut jamais vraiment combler le vide intérieur. Je cherchais à être aimée alors que je ne savais même pas ce que cela signifiait vraiment. J’étais incapable de me donner à moi-même la tendresse, la patience et la reconnaissance que j’espérais tant recevoir.
Ce n’est que lorsque j’ai accepté de faire face à ma douleur, de l’écouter, de la laisser s’exprimer, que j’ai commencé à comprendre que guérir, ce n’était pas oublier ou faire semblant. C’était accueillir tout ce qui avait été, sans jugement. C’était me regarder en face, avec honnêteté et compassion.
Et j’ai encore du mal à réellement me voir telle que je suis, avec mes qualités et mes défauts. Il y a en moi une peur ancienne, profondément ancrée, qui murmure que si je montre tout, si je dévoile mes fragilités, alors je ne serai plus digne d’être aimée. Comme si la vulnérabilité était une faiblesse, une menace, quelque chose dont il faut se protéger à tout prix.
Alors je me cache. Je montre ce que je pense que l’on attend de moi. Je contrôle, je mesure, je filtre. Mais à force de trop contrôler, on finit par se perdre soi-même et finalement on retombe dans d’anciens schémas. On oublie qu’il y a une force immense dans l’acte de s’ouvrir, dans le simple fait de dire : « Voilà qui je suis. J’ai peur, je doute, je ne suis pas parfaite. Mais je suis là. Et c’est déjà beaucoup. »
J’ai envie d’apprendre à me montrer vraie. À ne plus fuir chaque fois que quelqu’un tente de s’approcher un peu trop près de mon cœur. J’ai envie d’aimer avec courage, de vivre des relations dans lesquelles je n’ai pas besoin de jouer un rôle, où je peux être entière, même avec mes parts d’ombre.
Mais c’est un chemin, pas une ligne droite. Et parfois, j’avance à tâtons, un pas après l’autre. Parfois je me replie, parfois je m’ouvre. Et je me rappelle que chaque petit pas vers l’authenticité est une victoire.
J’avais vingt ans. J’étais encore en ruines, en train de rassembler les morceaux épars de ce que j’étais. Je n’étais pas forte, je faisais semblant. Je n’étais pas guérie, j’étais simplement debout. Et c’est à ce moment-là qu’il est arrivé. Un peu comme une surprise, un peu comme une évidence.
Il était tout ce que je n’étais pas. Il entrait dans une pièce comme une lumière qu’on allume. Il parlait avec assurance, vivait avec détermination. Il n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait, pas peur de prendre des décisions, pas peur de vivre. Il était entreprenant, avenant, extraverti. Il semblait savoir exactement où il allait, comme s’il avait déjà écrit les grandes lignes de son futur.
Moi, je me sentais floue à côté de lui. J’étais hésitante, réservée, rongée par l’idée de ne pas être assez. Et pourtant, il me regardait comme si j’avais une valeur que je ne parvenais pas encore à reconnaître. Il me parlait sans filtre, me posait des questions qui me déstabilisaient, me forçait doucement à sortir de mes silences. C’était troublant, même parfois un peu violent, cette manière qu’il avait de venir toucher là où ça faisait mal, sans même s’en rendre compte.
Avec lui, j’ai connu cette tension étrange entre le désir d’être vue et la peur panique de l’être vraiment. J’alternais entre l’élan de m’abandonner et le réflexe de me replier. Il m’attirait, parce qu’il représentait une forme de liberté que je ne connaissais pas encore. Mais il m’effrayait aussi, parce qu’il me montrait à quel point je me sentais petite.
Cette relation, au premier abord, me semblait bénéfique. Elle aurait pu m’ouvrir à autre chose, à un nouveau regard sur moi, sur le monde, sur les possibles. Elle aurait pu m’aider à évoluer, à grandir, à sortir de cette version de moi-même que je commençais à peine à questionner.
Mais avec le recul, je comprends qu’elle ne pouvait pas me panser. Parce qu’on ne guérit pas nos blessures en les recouvrant d’amour emprunté. On ne se sert pas d’une présence, pour refermer les plaies que la vie ou le passé ont laissées ouvertes. Ce n’est pas le rôle de l’autre. Et ce n’était pas son rôle.
À cette époque, j’attendais inconsciemment qu’il me sauve. Qu’il comble mes manques, qu’il me rassure sur ma valeur, qu’il m’enseigne comment vivre. Il devenait, sans que je le veuille vraiment, une béquille. Et quand on fait peser ce poids-là sur quelqu’un, même sans le dire, même sans en avoir conscience, la relation finit par se déséquilibrer.
Lui, il avançait. Il construisait déjà sa route, avec assurance. Moi, j’essayais encore de me rappeler comment marcher.
Je ne pouvais pas attendre de cette relation ce que je n’étais même pas capable de m’offrir à moi-même. Je rêvais d’un amour sain, apaisant, réparateur. Mais en vérité, je portais en moi trop de chaos pour accueillir cette sérénité que je cherchais. Je voulais rester telle que j’étais — figée dans mes peurs, mes mécanismes de défense, mes blessures — tout en espérant bâtir quelque chose de solide et durable. Mais ce n’était pas possible.
L’amour ne peut pas se construire là où l’on refuse d’évoluer. Et moi, je ne comprenais pas encore que pour créer quelque chose de beau à deux, il fallait déjà être capable de se tenir droit·e seul·e.
Alors, la relation a commencé à foutre le camp. Lentement, insidieusement. Ce n’était pas brutal, pas tout de suite. C’étaient de petites tensions d’abord, des désaccords fréquents, de l’agacement mal exprimé. Puis des silences, des non-dits, des incompréhensions qui s’accumulaient. Et surtout, des prises de tête, de plus en plus régulières. Comme si chaque échange devenait un combat de territoires invisibles. Comme si nous ne parlions plus la même langue.
Je ne comprenais pas pourquoi tout cela arrivait. Au fond, j’étais perdue. Et plus la relation avançait, plus je perdais confiance en moi. J’avais l’impression d’être toujours "trop" ou "pas assez" : trop fragile, pas assez mature, trop intense, pas assez stable.
Je me demandais si j’étais le problème. Et c’est là que la fissure s’est élargie. Parce qu’à force de me questionner, je me suis mise à douter de ma propre valeur. Comme si l’échec de cette relation confirmait tout ce que je craignais déjà au fond de moi.
Il devenait de plus en plus distant avec moi. Ce n’était pas flagrant au début, pas quelque chose que l’on pourrait pointer du doigt facilement. Mais il y avait dans ses silences, dans ses gestes, dans ses regards, une forme de retrait qui me glaçait. On n’arrivait plus à discuter simplement. Chaque conversation semblait devenir un effort, un terrain miné. Même les sujets les plus anodins finissaient par nous éloigner.
Et puis, il y avait les dimanches.
J’avais pris l’habitude de passer ces journées en famille. Un rituel simple, sans prétention, mais profondément ancré en moi. Partager un repas, des nouvelles, parfois juste des silences entourés de rires d’enfants ou de souvenirs évoqués. C’était un moment qui comptait. J’aurais aimé qu’il en fasse partie, qu’il vienne, ne serait-ce que pour partager un peu de mon monde.
Mais il ne venait jamais.
Il ne comprenait pas. Ou plutôt, il ne voyait pas l’intérêt. Il me disait : "Si c’est pour parler uniquement de ta nièce, ça ne m’intéresse pas." Comme si tout cela n’était qu’un décor inutile, une mise en scène sans enjeu pour lui. Il ne voyait pas que derrière ces repas, il y avait mon histoire, mes racines, mon besoin de connexion et de simplicité. Il ne voyait pas qu’en refusant de m’accompagner, il se tenait en dehors de ma vie réelle.
Et moi, je faisais mine de ne pas être blessée. Je minimisais. Je me disais que c’était normal, qu’il avait ses raisons, qu’il était juste différent. Mais au fond, je sentais le vide grandir entre nous. Un vide fait de renoncements silencieux, de petites absences accumulées, de moments partagés… mais séparément.
Lui, à l’inverse, tenait à ce que je l’accompagne voir sa famille. Son père vivait dans un autre département, à deux heures de route. Alors, on partait pour le week-end. C’était important pour lui, disait-il. Et moi, je me pliais à ça, parce que j’avais envie d’exister dans sa vie, d’en faire vraiment partie.
Mais rapidement, j’ai commencé à ressentir un malaise. Comme si je n’étais là que pour remplir un rôle, pour cocher une case. Il me montrait, il me présentait, il me tenait la main. Mais derrière tout ça, je me sentais comme un objet bien placé sur une étagère : "Regardez, j’ai une entreprise florissante, j’ai une maison, j’ai une femme."
Tout semblait parfait en apparence. Trop parfait. Comme si j’étais là pour valider l’image qu’il voulait renvoyer de lui-même, pas pour ce que je représentais vraiment en tant que personne. Pas pour ce que nous étions, ensemble, dans l’intimité et la vérité du quotidien.
Je n’étais pas là, dans ces moments, pour être accueillie dans une famille, pour tisser des liens, pour construire quelque chose de chaleureux et sincère. J’étais là comme une extension de lui-même, un symbole de réussite à ses yeux. Et ce sentiment m’a profondément troublée.
Parce que moi, je n’avais pas besoin qu’il me montre comme une fierté. J’avais besoin qu’il me regarde comme une personne. Qu’il m’écoute, qu’il m’inclue, qu’il me comprenne. Pas qu’il me brandisse comme un trophée devant les siens, pendant que moi, je me sentais invisible dans mon propre corps.
Durant ces week-ends, je n’avais envie que d’une seule chose : partir.
Je souriais, je faisais bonne figure, je répondais poliment aux questions qu’on me posait, mais à l’intérieur, je comptais les heures. Je rêvais de m’éclipser, de retrouver mon espace, mes repères, ma paix. Je voulais revenir chez moi, là où je n’avais pas à jouer un rôle, là où il n’y avait pas besoin de briller, ni de prouver quoi que ce soit. Un environnement simple et sans fierté. Juste vrai.
Plus les visites s’enchaînaient, plus je me sentais étrangère à tout ça. Comme si j’étais de passage dans une vie qui n’était pas la mienne. Comme si j’étais coincée dans un décor qui ne résonnait pas avec mon cœur. Et lui, il ne voyait rien. Ou il ne voulait pas voir. Il continuait à dérouler son scénario, à parler de projets, d’avenir, comme si mon silence n’était qu’un détail.
J’ai commencé à comprendre qu’il fallait que ça s’arrête le jour où j’ai appris que j’étais tombée enceinte.
C’est étrange à dire, mais ce qui aurait pu être un moment de joie, de surprise douce, de remise en question paisible, a plutôt été un coup de tonnerre dans mon ventre et dans mon cœur. Ce n’était pas de la panique, pas vraiment. C’était une clarté soudaine, brutale. Comme si mon corps me criait ce que mon esprit refusait encore d’admettre : "Tu ne peux pas continuer comme ça."
J’étais là, assise, avec lui mais si seule avec cette nouvelle, et tout en moi s’est figé. Pas parce que je n’étais pas capable d’accueillir une vie. Mais parce que je savais, au fond, que je ne pouvais pas l’accueillir dans cette vie-là. Pas avec lui. Pas dans ce déséquilibre, pas dans ce vide émotionnel déguisé en stabilité.
C’était comme si tout ce que j’avais tu jusque-là se mettait soudain à parler, fort, en moi. La tristesse, l’épuisement, les compromis qui avaient rongé mon énergie, l’illusion d’un futur qui n’avait jamais vraiment eu de fondation… Tout se dévoilait d’un coup.
Et dans ce silence chargé, j’ai compris. J’ai compris que je ne pouvais pas continuer à me trahir. Que je ne pouvais pas offrir à un enfant un environnement où moi-même je n’arrivais plus à respirer. Que je ne pouvais pas construire sur du mensonge, sur du "faire semblant", sur du vide camouflé en réussite.
Ce jour-là, ce n’est pas seulement une vérité sur la relation qui m’a frappée. C’est une vérité sur moi-même. J’ai compris que je ne voulais plus survivre dans des histoires bancales. Je voulais vivre pour de vrai. Être entière, alignée, libre.
Mais moi, je m’effaçais. Je me déconnectais de moi-même pour rester présente à ses côtés. Et ce décalage entre ce que je vivais intérieurement et ce que je montrais à l’extérieur me brisait un peu plus à chaque fois. Je m’éloignais de moi pour rester proche de lui — et en vérité, je me perdais.
La nouvelle m’a remplie intérieurement de joie, une joie pure, vibrante, qui remontait du fond de mon être. Mon cœur battait à tout rompre, comme s’il voulait exploser. C’était comme un secret précieux que j’étais prête à accueillir, une promesse de vie qui s’installait en moi.
Mais cette joie, aussi profonde soit-elle, se heurtait à une peur immense. Une peur qui ne venait pas de l’enfant que je portais, mais de la réaction de l’homme avec qui j’étais. Je tremblais en pensant à la manière dont il allait recevoir cette nouvelle. Et plus j’y pensais, plus mon cœur s’emballait, comme une alarme silencieuse, un avertissement : "Et si ce n’était pas la réaction que j’attends ? Et si tout ça, tout cet espoir, venait tout juste d’ajouter une nouvelle fracture à ce qui était déjà fragile ?"
Je n’étais pas sûre de moi. Je n’étais pas sûre de sa réaction. Et pourtant, au fond, je savais. Je savais que cette grossesse n’était pas un hasard. Elle venait me secouer, me rappeler que je méritais d’être choisie pour ce que j’étais, pas pour l’image que je pouvais renvoyer. Mais en même temps, j’avais peur que tout ce que je ressentais, toute cette lumière, se heurte à sa propre réalité, à ses attentes, à ses propres incertitudes.
En faisant la part des choses, en mettant de côté, autant que possible, l’émotion brute de la découverte, je savais. Même si mon envie de devenir mère était réelle, profonde, viscérale — je ne pouvais pas me convaincre de garder cet enfant.
J’étais trop faible. Trop abîmée par la vie, trop perdue dans un quotidien qui ne ressemblait pas à celui que j’aurais voulu offrir à un enfant. J’étais encore en train d’essayer de me reconstruire, de comprendre qui j’étais vraiment, d’apprendre à m’aimer un peu. Et je ne voulais pas faire reposer sur ses épaules à lui, ce tout petit être, la responsabilité de me sauver ou de donner un sens à ma vie.
La vérité, c’est que je l’aimais déjà. Mais c’est justement parce que je l’aimais que je ne pouvais pas l’accueillir dans ce chaos. Je ne voulais pas lui transmettre mes peurs, mes blessures non guéries, mes silences pleins de tristesse. Je voulais qu’il naisse dans un monde où l’amour ne se négocie pas, où la tendresse est stable, où la paix existe.
Et ce monde-là, je ne pouvais pas le lui offrir.
Alors, j’ai pris une décision qui m’a arrachée de l’intérieur. Une décision que seule moi pouvais prendre. Une décision que je ne pourrai jamais oublier. Mais je l’ai prise avec l’intention de protéger. De ne pas reproduire l’histoire. De ne pas faire porter à un enfant la charge de mes manques et de mes combats.
Ce jour-là, j’ai mis fin à une vie… mais j’ai aussi commencé, lentement, à remettre de la lumière sur la mienne.
Et c’est à partir de cette décision que tout a commencé à partir en vrille.
Mon cœur, déjà fragilisé, s’est effondré un peu plus. J’avais fait un choix, oui. Un choix que je savais nécessaire. Mais ce n’est pas parce qu’un choix est juste qu’il ne fait pas mal. Et celui-là… il m’a brisée. Il a laissé une fissure silencieuse que je sentais pulser à chaque respiration. Je pleurais souvent, parfois en silence, parfois jusqu’à en perdre le souffle. Je pleurais pour ce que j’avais perdu, pour ce que je n’aurais jamais, pour ce que j’aurais voulu être.
Il faut dire que mon âme était déjà à vif.
Depuis des années, j’accumulais les douleurs sans les regarder en face. Je les balayais sous un tapis invisible, celui qu’on tisse quand on veut avancer coûte que coûte, quand on n’a pas le luxe de s’arrêter pour panser les plaies. Mais là… là, je ne pouvais plus rien cacher. Cette décision a tout fait remonter. Tous les souvenirs, toutes les failles, toutes les blessures non dites. C’était comme si une digue avait cédé en moi.
Je n’étais plus que vide et tristesse, une coquille trop fine pour contenir ce chagrin profond. Et autour de moi, personne ne voyait vraiment. Parce que je continuais à faire semblant, parce que je savais sourire quand il le fallait, parce que je ne voulais pas qu’on me voie au sol. Mais intérieurement… j’étais en ruines.
Et un jour, est venu le jour fatidique.
Le jour où j’ai eu envie d’en finir pour de bon.
Je n’en pouvais plus. J’étais arrivée au bout de mes forces, au bout de moi-même. Il n’y avait plus de lumière dans mes journées, plus d’espoir auquel m’accrocher. Juste une lourdeur constante dans la poitrine, une lassitude qui m’écrasait du matin au soir. Je ne voyais plus l’intérêt. À quoi bon continuer à se battre, quand chaque pas semble un effort surhumain ? Quand le cœur ne répond plus ? Quand le regard se perd dans le vide et que le silence devient plus supportable que la vie ?
Je ne voulais pas forcément mourir. Je voulais juste que ça s’arrête. Cette douleur, ce vide, cette honte, cette culpabilité, cette solitude. Je voulais qu’on me laisse en paix, qu’on me rende ma paix. Je voulais me reposer, quelque part, loin de ce monde qui m’avait trop abîmée.
Et dans ce moment où tout semblait s’effondrer, j’ai touché le fond de moi-même. Cet endroit noir, froid, silencieux, que je n’avais jamais voulu visiter. Cet endroit où tu ne te reconnais plus. Où tu ne sais plus si tu mérites l’amour, l’attention, même la tendresse d’un mot. Je me sentais comme un fardeau, comme une erreur de trop. Et cette pensée, elle me rongeait.
Mais même là, au fond du fond, une étincelle est restée allumée.
Faible. Presque invisible. Mais présente.
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