L'escalier
La porte d'entrée est entrouverte, à peine, c'est vrai, mais suffisamment pour que je me glisse à l'extérieur.
Enfin ce monde mystérieux, interdit par l'humaine est devant moi, prêt à être découvert. Oui, euh, pour le moment, il est plutôt décevant : des murs gris et un escalier...
Les odeurs par contre sont multiples, riches et très parlantes pour moi.
Je perçois la présence des petites créatures grises, qui habitent dans les murs de la maison.
Je sens des effluves familières, proches, mais aussi différentes des miennes.
D'autres chats ? Non, un seul ! Avec précaution, je descends l'escalier.
J'arrive devant une porte. Fermée, bien sûr, je perçois la présence féline, il me parle à travers la porte.
Il me dit : « Rentre chez toi ! L'escalier est dangereux, bien plus que tu ne le crois ! »
Curieux, je demande : « Quoi ? Qu'y a-t-il ici ? »
« Du danger... Beaucoup de danger ! Surtout ne va pas au dernier étage ! » Le chat derrière la porte me conseille encore : « Surtout n'y va pas ! » Il n'en faut pas plus pour piquer ma curiosité, je file au sixième !
Je suis presque déçu. C'est un autre palier, d'autres portes, mais aussi une odeur forte et riche en messages divers.
C'est un autre animal, cette odeur me rappelle vraiment les petites créatures grises, qui habitent dans les murs de la maison, mais là c'est puissant, attirant et un peu effrayant !
Je ferme les yeux, la piste est là, les senteurs extrêmement parlantes, presque écœurantes !
Je parcours le palier, me laissant guider.
Je remarque soudain dans le mur, une brèche, je m'approche, mais reste prudent.
Brusquement, une créature effrayante surgit de l'ouverture, je recule, mon poil se hérisse, je fais le gros dos, je crache en direction de cet être au corps long, au poil presque noir, au museau pointu.
La bête a des dents tranchantes et une grande queue sans poils ! Je recule encore. Qu'est-ce que c'est que ça ? Je l'entends couiner... Je ne comprends pas vraiment, mais je perçois la menace ! Sans demander mon reste, je redescends l'escalier, j'arrive devant la porte de la maison. Elle est fermée ! Je miaule désespérément, je hurle presque : "Ouvrez ! Ouvrez !"
Quand enfin la porte s'ouvre, j'ai l'impression d'avoir attendu une éternité !
Je me glisse aussitôt à l'intérieur, l'humaine me regarde passer, les poings sur les hanches, elle s'exclame : "Petit Monsieur ! Comment tu as fait pour sortir ?"
Je file sous la desserte, les pattes tremblantes, encore terrorisé, en me jurant que plus jamais je n'irai dans l'escalier.
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