Pelotonné sous la desserte, je me remets tout doucement de mon incursion brève dans l'escalier. Je repense à cette créature effrayante que j'ai rencontrée. J'espère qu'elle ne s'invitera pas dans mes rêves, ou plutôt dans mes cauchemars ! Soudain, je sens une présence près de moi, je lève les yeux. Dodue-poilue est là, elle darde sur moi ses yeux verts, mi-interrogatifs, mi-moqueurs. Elle vient s'étendre à mes côtés ! Ça, c'est nouveau ! À mon tour, je l'interroge du regard. Je réalise que je n'ai jamais vraiment communiqué avec elle, si l'on fait exception du conflit qui nous oppose à propos du canapé et de l'occupation de la table. Subitement elle s'adresse à moi :

— Tu as rencontré le rat ?

Je suis stupéfait ! Jamais jusqu'ici elle ne m'avait !

— Oui... Je... Toi aussi ?

— Oui... Il y a quelque temps, je voulais voir l'escalier moi aussi.

J'hésite avant de lui demander encore :

— Tu as compris ce qu'il disait ?

— Non pas vraiment, mais j'ai appris qu'il fallait l'éviter !

— Ah ? Tu as eu peur ?

— Un peu... Qu'est-ce que tu as vu d'autre dans l'escalier ?

— J'ai parlé avec le chat du deuxième.

— Ah ? Il est toujours là ? Il t'a dit quoi ?

Je lui explique. Une fois que j'ai terminé, elle ne répond rien, elle se lève et de sa démarche digne et un peu hautaine s'apprête à partir :

— C'est tout ?

— Que veux-tu que je te dise d'autres ?

— On pourrait parler encore ?

Elle me toise, avec un peu de dédain, puis se détourne en déclarant :

— Une autre fois, peut-être.

Elle s'éloigne, et disparaît de ma vue. À ce moment, la porte d'entrée qui n'est pas loin s'ouvre... Quelqu'un rentre, la porte claque. L'humain vient de rentrer.