Arrivées et retrouvailles

4 minutes de lecture

Nous sommes restés un bon moment au bout du couloir, avant que le calme ne revienne. Dodu-poilue a été la première à retourner dans la salle à manger, Prupru l'a suivie, puis moi...
Nous sommes rentrés dans une pièce parfaitement rangée, sur la table, une nappe propre a remplacé la précédente... Des gamelles sont posées, celles des humains bien sûr. Prupru, Dodu-poilue et moi savons ce que cela veut dire : il n'est pas question de monter sur la table ce jour-là.  Aucun voyage au-delà des fenêtres, je dois attendre... 

Dodu-poilue  s'installe sur un fauteuil, Prupru prend possession du second. Elles me laissent le canapé. Triomphant, je le monopolise... Quand soudain la sonnerie de la porte se fait entendre. Prupru se redresse, Dodu-poilue se fait prudente, moi je ne sais pas trop sur quelle patte danser. 

L'humaine passe dans le couloir, l'humain rentre dans la salle à manger. Il s'assoit en bout de table. Peu après, j'entends la porte s'ouvrir, une voix que je ne connais pas dit : 

« Bonjour ! »  

L'humaine répond : « Salut Amandine ! » 

Bon, ce n'est pas la fameuse Éloïse, que, soi-disant je connais. Je n'ai toujours qu'un vague souvenir..., mais la dénommée Amandine rentre, Dodu-poilue ordonne un sauve-qui-peut général, elle quitte les lieux à toute vitesse. Prupru l'imite... 

Pour ce qui est de moi, j'hésite. Imiter la doyenne me paraît sage, mais je suis d'une nature curieuse, je saute hors du canapé et, en me dandinant, je m'approche de l'arrivante.
Elle me parle... sur le ton un peu niais que les humains utilisent pour s'adresser à nous. (Sauf quand ils nous grondent.) Je ralentis, je suis prudent, des effluves inconnues et étrangères émanent d'elle... Quelque chose de vaguement familier également. Je stoppe aussitôt, j'ai compris, cette humaine appartient à un autre chat. Alors je me sauve, je rejoins Dodu-poilue et Prupru qui sont à la cuisine... et à ce moment-là, le carillon de la porte sonne une seconde fois...

En arrivant, je tends l'oreille... Serait-ce Éloïse qui arrive ? Étrangement, je sens une sorte d'impatience me saisir, un soupçon de joie. Avec prudence, je pars de la cuisine, je longe le petit couloir qui mène au hall principal, et je jette un œil vers la porte d'entrée. Elle est entrouverte, l'humaine est debout devant elle. Soudain, elle l'ouvre en grand, puis s'exclame : 

"Bonjour Delphine, bonjour Arnaud !" 

Je suis déçu, ce n'est pas la fameuse Éloïse, je retourne auprès de Dodue-poilue et Prupru. L'attente se prolonge...

Le troisième coup de sonnette me prend presque au dépourvu, Je sursaute ! J'étais somnolent, mais pas assez pour repartir dans mes rêves. Tant mieux, s'il avait encore fallu rencontrer le rat, merci bien ! Je m'étire en bâillant, puis en trottant, je retourne dans le hall principal, toujours  prudent.... Je regarde. 

Comme tout à l'heure, l'humaine est devant la porte. Bientôt, elle l'ouvre davantage, elle dit : 

"Bonjour Éloïse !" 

Celle-ci entre dans mon champ de vision. Je suis interpellé... L'impression de familiarité me submerge. Elle est aussi avec un humain qui... ne me dit rien du tout ! Elle le présente à l'humaine, une voix derrière moi déclare soudainement : 

"Ah ? Elle n'est pas accompagnée du même humain que d'habitude !" 

Je me retourne : c'est Dodue-poilue qui me fixe de son petit air condescendant, elle me dit encore : 

"Elle va sûrement te ramener chez elle !" 

Là, j'ai envie de protester, je me tais. Des images vagues me reviennent, des images d'une autre maison, moins vaste. Cependant, Dodue-poilue poursuit : 

"En fait, c'est elle ton humaine, enfin il me semble..." et elle s'en retourne en ajoutant : "Je crois que tu me manqueras, gamin." 

Je la regarde s'éloigner.... Je reporte mon attention sur les visiteurs. Éloïse justement m'a vu, elle sourit, sur un ton joyeux et heureux elle dit : 

"Mon bébé-chat !" 

Elle se précipite vers moi.  Sa vivacité me surprend, je n'ai pas le temps de détaler. Elle me saisit à bras-le-corps. Me presse contre sa joue fraîche. Je me débats un peu. Les odeurs sont familières, mais je respire d'autres effluves, elles me surprennent et me mettent presque en colère : celles d'un autre chat ! Encore des mystères qui me font vaciller, je me débats plus encore, elle me lâche soudain, sans le vouloir, je l'ai griffée. Je retourne à toute vitesse à la cuisine, le cœur battant...  

Je stoppe près du radiateur. J'entends la voix lointaine de l'humaine qui dit : 

"Laisse-lui le temps de se réhabituer à toi..." 

Je ferme les yeux. Je me reprends, j'ai encore le poil tout hérissé. Ce n'est pas de la peur, c'est juste... J'en sais rien en fait... Soudain, j'ai envie d'y  retourner. Je reste là pourtant, et c'est elle qui vient à moi...

Je la regarde avancer, sans bouger, elle me parle... Je suis attentif, elle m'est familière, elle allonge la main, me gratte la tête... J'oublie l'odeur du chat étranger, je ronronne... Les souvenirs liés à Éloïse remontent doucement... Elle était là quand je n'étais qu'un chaton... Elle me prend dans ses bras, cette fois je ne résiste pas....Je me love contre elle en ronronnant...

Annotations

Vous aimez lire Beatrice Luminet-dupuy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0