À la poursuite du diamant rose - 1.2 - भेड़िया
Oh ! Oui, j’aime !
Répète que je t’ai manqué !
Il ne te reste plus qu’à me gratter entre les oreilles.
Comment pourrais-tu gratter quelqu’un qui est dans ta tête ? Mais en pensant que tu le fais, tout simplement.
Enfonce tes doigts dans ma fourrure, elle est profonde, dense et soyeuse, les extrémités de tes phalanges distales atteignent ma peau, tu sens les os de mon crâne.
Oui, comme ça. Encore !
Je t’ai promis de te conter comment nous tentons de récupérer le diamant rose de Chandra. Voici où nous en sommes.
Nous avions louvoyé au plus près, nuit et jour les hommes de quart souquaient, brassaient, bordaient ou larguaient. Au soir du douzième jour, le capitaine fit bouter vent en penne, ⁽¹⁾ devant la crique d’où j’avais embarqué pour Alastyn deux décades plus tôt.
Je sautais dans un canot, y fut rejoint par deux rameurs que j’avais quelque peu incités à se porter volontaires, ceux-ci ne se bousculant pas. Les hommes à la manœuvre au cabestan entonnèrent une chanson à virer :
♪ C’était une caraque, lon la,
C’était une caraque,
S’app’lait « La Danaé »,
Larguez les ris dans les bass’ voiles.
S’app’ait « La Danaé »
Larguez les ris dans les huniers.
À son premier voyage, lon la,
À son premier voyage,
La caraque a sombré.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
La caraque a sombré.
À prendre un ris dans les huniers.
Et de tout l’équipage, lon, la,
Et de tout l’équipage,
Un gabier s’a sauvé.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Un gabier s’a sauvé.
À prendre un ris dans les huniers.
Il aborde sur une plage lon, la,
Il aborde sur une plage,
Il savait bien nager.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Il savait bien nager.
À prendre un ris dans les huniers.
Il trouve sur le rivage, lon, la,
Il trouve sur le rivage,
Une belle éplorée.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Une belle éplorée.
À prendre un ris dans les huniers.
Pourquoi pleurer, la belle lon, la,
Pourquoi pleurer la belle,
Pourquoi si tant pleurer.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Pourquoi si tant pleurer.
À prendre un ris dans les huniers.
Je pleure mon pucelage, lon, la,
Je pleure mon pucelage,
Qu’est dans la mer tombé.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Qu’est dans la mer tombé.
À prendre un ris dans les huniers.
Qu’donnerez vous, la belle, lon, la,
Qu’donnerez vous, la belle,
À c’ui qui vous l’rendra.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
À c’ui qui vous l’rendra.
À prendre un ris dans les huniers.
Lui en ferait offrande, lon, la,
Lui en ferait offrande,
Avec mon amitié.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Avec mon amitié.
À prendre un ris dans les huniers.
À la première plonge, lon la,
À la première plonge,
L’gabier n’a rien trouvé.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
L’gabier n’a rien trouvé.
À prendre un ris dans les huniers.
À la centième plonge lon, la,
À la centième plonge,
L’gabier s’est noyé.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
L’gabier s’est noyé.
À prendre un ris dans les huniers.
Car jamais pucelage, lon, la,
Car jamais pucelage,
Perdu, n’est retrouvé.
À prendre un ris dans les bass’ voiles.
Perdu, n’est retrouvé.
À prendre un ris dans les huniers. ♪
C’est pour l’ambiance, pour te donner une idée de la rude vie de ces marins.
Le canot libéré des élingues qui le reliaient aux bossoirs, les deux matelots firent pivoter les rames dans les dames de nage, les mirent à la mer et souquèrent ferme.
Oui, je sais, mais là c’est vrai : ils souquèrent ferme, car pressés d’atteindre la grève. Primo pour se débarrasser de moi. Secundo parce qu’ils ne souhaitaient pas passer une nuit de plus à bord. Il leur restait douze milles à cingler plein sud pour rallier leur port d’attache. L’astre du jour était à environ quinze degrés au-dessus de l’horizon. À condition de ne pas perdre de temps, sous grand largue, ils devaient pouvoir pénétrer dans la rade, y mouiller et débarquer après le coucher du soleil, mais avant la fin du crépuscule nautique.
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Note :
1) Dans le traité de navigation de Jean Nicot :
Bouter vent en penne, c'est quand le navire allant à la boline, il prent trop aval le vent, de sorte que le vent porte et boute la voile contre le mast, et la serre si fort contre iceluy que la voulant amener on ne peult, laquelle faulte vient par la negligence et inadvertance de celuy qui gouverne le tymon, prenant trop aval le vent. (Dupuys 1573 s.v. BOUTER).
On met également en panne volontairement, de manière que le navire n'avance plus, comme c'est le cas ici.
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