Isabelle

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Isabelle posa le saladier sur la table et observa Marceau du coin de l'œil. Son instinct maternel surdéveloppé lui soufflait que le garçon n'était pas au meilleur de sa forme, même s'il mettait tous ses talents d'acteur à contribution pour le cacher. Marion aussi était plus silencieuse qu'à l'ordinaire. Il fallait dire qu’elle n'avait aucune affinité avec Adèle et faisait tout juste l'effort de mener une conversation indifférente et polie. Isabelle concentra son attention sur la compagne de Marceau penchée sur le plateau de fromage. À bien y regarder, elle n'avait pas l'air dans son assiette non plus.

Après ces derniers jours au charme gris monochrome, c'était une belle journée de printemps. On avait sorti le parasol à rayures blanches et vertes. La piscine azurée tout juste débâchée, comme un écho au ciel, laissait présager de longs mois à se prélasser au soleil. Le grand jardin était en fleurs. Richard avait passé la tondeuse le matin même et une odeur d'herbe coupée flottait dans l'air. Cela aurait dû être un joyeux samedi.

— Richard ? Richard ?

Perdu dans ses pensées, Richard sursauta presque au son de la voix d'Isabelle.

— Oui, chérie ? Pardon, je ne t'ai pas entendue ?

— Je disais, tu as complètement oublié de tondre derrière le bassin ?

— Ah oui... Non, je... J'ai fait une pause, j'avais trop chaud. Je m'y remets après déjeuner, chérie.

Richard aussi était ailleurs. Depuis plusieurs jours. C'était étrange ce repas au cours duquel seules Isabelle et Marion essayaient d'engager la discussion. Durant cet interminable déjeuner, tout y passa : la météo, la politique, le travail, l'état d'avancement des préparatifs de mariage du cousin Anthony. Rien à faire. Richard absent, Adèle éteinte, Marceau préoccupé, Isabelle et Marion à court de sujets de conversation et un gâteau auquel personne ou presque n'avait touché.

À défaut de réussir à meubler l'estomac de ses convives et l'épais silence que le croassement des grenouilles achevait de rendre pesant, Isabelle alluma une longue cigarette light et se rencogna dans le fond de sa chaise, bras croisés, avant d'aller enfourner les assiettes au lave-vaisselle et de remettre le nez dans ses corrections de copies.

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