Adèle

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Adèle adorait la maison des parents de Marceau, une vieille longère en pierre, à laquelle on accédait par un grand portail en fer forgé vert un peu rouillé qui ouvrait sur un grand terrain carré et clos de murs. Sur le côté nord de celui-ci, la belle bâtisse blanche se déployait.

Au fond du jardin, un bassin rempli de poissons et de grenouilles était envahi de coquelicots dès le mois d'avril. Des roses trémières et de la menthe poussaient de façon anarchique le long de la maison, au beau milieu de la pelouse, autour des quelques arbres fruitiers ; le lierre et la vigne grimpaient sur les murs en pierres et les ronces donnaient du fil à retordre à Isabelle, qui adorait jardiner. Clou du spectacle, le dos d'une chapelle attenante au jardin des Roussin, côté sud, faisait office de mur d'enceinte orné de vitraux colorés.

On accédait à la maison par la porte principale ou grâce à un petit escalier extérieur allant de la salle de bain du premier étage, nichée dans une sorte de tourelle, au jardin. Dans l'entrée, un imposant escalier desservait le seul niveau de la maison. Adèle la trouvait chaleureuse et confortable, meublée avec goût mais sans cette recherche ostentatoire de la subtilité presque vulgaire qui donne l'impression de vivre dans un magazine. On s'y sentait naturellement à l'aise, bien qu'Isabelle ait consacré de longues heures de réflexion à son aménagement.

Adèle se faisait griller quelques tartines. Encore endormie, elle savourait le silence de la cuisine, enveloppée par l'odeur savoureuse du pain chaud. Elle s'était levée tôt, agacée par le chant d'un coq qui avait pourtant échoué à réveiller Marceau. Elle aimait les week-ends à Rions, les longues balades dans la campagne l'hiver et les après-midis passés à se prélasser autour de la piscine l'été. Comble du bonheur, la pluie se mit à tomber. Ce ne furent d'abord que quelques gouttes et puis très vite le temps se déchaîna. Le vent se mit à fouetter violemment les fenêtres, faisant battre un volet mal accroché contre le mur. Adèle s'apprêtait à ouvrir la fenêtre pour le raccrocher lorsque son portable sonna. Numéro inconnu. Qui pouvait appeler à cette heure si matinale ? Elle décrocha.

— Allô ?

— Mademoiselle Evans ? Je suis Claire Leconte, Directrice Marketing Bacardi-Martini. Auriez-vous quelques minutes à m'accorder ?

Le cœur d'Adèle s'emballa. Cela faisait des jours qu'elle s'impatientait de ne recevoir aucune proposition de date d'entretien.

— Oui, bien sûr, je vous écoute.

— Je veux dire, vraiment, je souhaite m'assurer que vous êtes seule et que vous avez du temps à me consacrer.

Intriguée, Adèle se rassit.

— Oui, je vous écoute.

— C'est très délicat. Je ne sais pas bien par où commencer.

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