5 - Belle des îles
Posé sur cette pierre, attendait l’élixir,
Dans les mains du bel astre allongé sur son hâle,
Il offrait à l'azur sa fragrance florale
Et sa gorge à mes yeux, ouverte à tout plaisir.
Je m'approche en silence, ainsi qu'un grand félin,
Traversant la douceur du monoï dans la brise
Qui dans ses cheveux noirs, s'invite et se voit prise,
Comme moi dans son ombre et son cœur orphelin.
Sur son épaule chaude, ainsi qu'un papillon,
Je dépose dès lors une lèvre muette
Et goûte à l’élixir de cette silhouette
En passant par sa nuque et son doux pavillon.
Au loin, j'avais perçu les couleurs du gardien
Qui recouvre en ces lieux le secret de ces cimes,
Et le rouge manu, protecteur des abîmes,
Étendu sur sa jambe... Il ne restera rien.
Mais pour l'heure je viens coller à son dos nu,
Une bien incertaine et fragile sagesse
Soumise à rude épreuve, éprise de faiblesse,
Quand le gardien se sent sous mes paumes vaincu.
Et le sage ébranlé sous ces phalaenopsis
Murmure un "carpe diem" sur ses luisantes lèvres
Avant d'en voler un dans l'ivresse et les fièvres
Qui se dressent alors depuis les oasis.
Juge-moi sans mot dire, ici pour ces larcins,
De tes yeux, de tes mains, de ton corps au fare,
Punis-donc de tes dents la phalange égarée
Dans l'ombre du manu et le creux de tes seins.
Fais-moi donc prisonnier de tes geôles de chairs,
Que j'en cherche l'issue aux lueurs des soirées,
Et des flambeaux brûlants sous ces nuits étoilées
Empruntés sans mot dire au plus beau des enfers.
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