11 - Captivité
Croix de chair sur un drap, la captive m'attend
Les carpes attachés sans la moindre indulgence
Aux volutes de fer, complices de la danse
À la gloire des soumis, spectacle de Satan !
Sous la lune, elle apprend ce que musse le noir,
Au-delà des chagrins et des froides ténèbres,
Les trésors mystérieux et tus des femmes-zèbres,
Saintes vierges le jour, et prêtresses le soir.
Car le noir est aussi la tour de nos démons,
Ce donjon regorgeant de secrets et de vices,
Hanté par le murmure, plongeoir de nos abysses,
À présent, les sens-tu glisser dans tes poumons ?
Et le spectre s'avance au-delà des soupirs,
Mélomane, il accorde à l'oreille leurs notes,
Observé par la corde et parfois, les menottes,
Te savais-tu pareil instrument de désirs ?
Dans mon antre, la honte est le festin des chiens,
Qui la rongent ainsi qu'un vieux fémur de chèvre,
Aussi laisse-moi donc apposer sur ta lèvre
Les intenses saveurs des royaumes païens.
Ô gorges déployez vos chants les plus exquis,
Tous vos gémissements enchaînés aux frontières
De l'audace stérile et, ciel ! soyez-en fières,
Que tumulte et sueur réveillent les marquis !
Belle proie, entends-tu comme porte ta voix
Soumise à ce bandeau, ce masque et ces attaches ?
Vois la mue en ces lieux quand point tu ne te caches
Dans l'ombre d'un index juge des libres choix.
Jamais plus désormais, tu ne cracheras l'eau
Des fontaines d'ailleurs, ruisselant dans ta bouche,
Vibrations sur le verre, souvenirs de la couche
Où s'endort chaque nuit le maître de ta peau.
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