Chapitre 3
Je m’étirais longuement. J’avais passé une agréable nuit. Moi qui pensais ne pas arriver à dormir correctement. Je restais dans mon lit, pensif. Je reconsidérais Elson en me disant que je m’étais sans doute trompé sur son compte. Il nous a logés et nourris gratuitement. Je regardais ma montre sur mon poignet gauche. Neuf heures et demie !
Effectivement, j’avais bien dormi. Je me mis debout et enfila mes habits de la veille. Dans la précipitation, nous avions laissé les valises dans la voiture et donc nous n’avions pas de change.
J’ouvris la porte.
— Tiens, il n’y avait pas une porte en face de la mienne ? me demandai-je.
Je sortis complètement dans l’allée.
Un gloussement inattendu s’échappa de ma bouche lorsque je vis avec effroi que le couloir ainsi que les chambres avaient changé de dispositions. Le couloir n’était plus dans le même sens et les chambres n’étaient plus aux mêmes endroits, y compris la mienne ! Au plus profond de moi je me disais que mon esprit me jouait des tours mais une autre partie m’affirma que je ne m’étais pas trompé en dévisageant Elson de façon méfiante. J’allais néanmoins frapper aux portes voisines. Elles étaient toutes ouvertes… et vides !
— Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel encore ? pensai-je.
Soudain, un cri au loin me sortit de mon esprit. Je me disais que je l’avais imaginé, mais il retentit de nouveau me prouvant qu’il était bien réel et, cette fois-ci, il venait dans ma direction ! Ce qui était sûr c’est que le cri ne me paraissait pas humain. Le doute me saisit et, par réflexe, je pris mes jambes à mon cou et couru le plus vite possible. Cet aboiement intempestif se rapprochait douloureusement de moi. Je n’osais pas me retourner pour regarder ce qui me suivait derrière. Je vis une porte entrebâillée au loin et me précipita à l’intérieur, chambre 223.
La bête se rapprocha, poussant de terribles feulements à la manière d’un tigre enragé ayant perdu sa proie. Elle ne devait pas avoir une bonne vision mais la compensait par un bon odorat.
J’attendis quelques secondes ne respirant que lorsque j’en avais besoin et ne bougeant pas d’un poil. Le bruit s’interrompit, net. Je pensais qu’elle m’avait repéré. Je pus sentir une lourde odeur putride s’infiltrer à l’intérieur de la porte. J’avais le souffle coupé autant pour que la bête n’entende pas ma respiration que pour éviter à mon corps d’endurer cette fragrance infecte.
Avec un petit grognement digne d’un des plus grands félins, je l’entendis repartir et repris courageusement ma respiration, soulagé. Cependant, un autre bruit que je connaissais bien se produisit sur la porte, un cliquetis provoquant la fermeture de cette dernière.
On ne pouvait la fermer que de l’extérieur ! Cet hôtel, s’il en avait vraiment déjà été un, était vraiment mal construit ou alors, c’était un piège manigancé de toutes pièces ! Comment ? Je ne saurais le dire !
Alors que je m’efforçais d’appuyer sur la poignée, je vis avec le faible éclat de lumière qui venait des interstices de la porte une ombre grandir derrière moi.
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