Chuck à Dossan.

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Mon ami,

C’est avec grand plaisir que j’entreprends cette mission qui nous a été donné par Madame Karen. Notre très chère psychologue, et finalement, elle aussi, une amie.

Madame, si vous lisez ces lignes un jour, sachez que j’en serais mis au courant. En attendant, du futur, je vous remets le bonjour.

Où en étions-nous ? Ah oui, écrire une lettre à mes proches…

Avec toi, la tâche est aisée, mais elle pourrait bien être longue. Je n’aurais assez de pages pour déposer les sentiments que je ressens à ton égard. Le grand Chuck Ibiss te fait une déclaration. J’espère que tu rougis.

Que dire ? Je te connais par cœur mon petit Dossan. Assez pour savoir que tu refuseras d’y croire. Cependant, tu as changé ma vie. Tu l’as bouleversé.

En septembre 1994, des mains, j’en avais déjà rencontré des tas, mais la tienne... La tienne, Dossan, m’a paru si douce et agréable. J’y ai ressenti de l’admiration, comme pour bien d’autres, hélas. La grande différence avec ta poigne, c’est l’honnêteté qui s’en dégageait.

Je sais que tu vas souffrir en lisant ces mots, mais tu n’es pas coupable des envies de ton père. Après tout, n’importe qui souhaiterait me rencontrer, je suis : “Chuck Ibiss”.

Deux fois en quelques lignes… Les mauvaises habitudes reviennent au galop.

Tu es le premier à m’avoir apprécié à ma juste valeur. Tu es le premier qui s’est rendu compte de ce complexe qui était le mien. Le premier à m’avoir considéré comme autre chose que mon nom. C’est pourquoi je me sens si vulnérable à tes côtés. Fort et faible à la fois.

Je me livre à toi, Dossan…

                    Je t’aime.

S’il y a trois mots dans cette expression, c’est parce qu’il n’y a qu’à trois personnes que je souhaite le dire.

La première, comme tu t’en doutes, c’est à ma fille. Ma magnifique princesse.

La deuxième… Je n’ai même pas assez de courage à l’heure qu’il est pour écrire son prénom… Tellement je souffre de cette rupture. Il n'y a qu'à toi que je l'aurais avoué.

La troisième, tu le sais maintenant. C'est toi.

Les ignorants diront que je suis trop attaché ou trop protecteur envers toi. Ils n’ont pas tort. Ils penseront aussi que je te gardais sous la main dans un but de contrôle. C’est vrai que je suis maniaque. Cependant, je me suis réfugié auprès de ta gentillesse. Alors que le monde croira que je faisais du bénévolat auprès d’un garçon battu, moi je sais que ce dernier m’aidait secrètement et inconsciemment à m’affranchir.

Qui aurait cru que j’aurais peur de m’éloigner de quelqu’un un jour ? Qui aurait cru que cette personne ce serait toi ? Mon meilleur ami.

Sans toi, j’ai peur du futur. À la fois du tien et du mien.

Nous sommes en juin 1998.

Ce soir, je t’écris d’un stylo à peine utilisé. Tu me l’avais prêté durant notre troisième année. Va savoir pourquoi je l’ai gardé précieusement. Il semblerait que je sois un grand sentimental. Peut-être qu’il était destiné depuis tout ce temps à écrire ces lettres ?

Nous sommes également à la veille du grand jour. J’espère que le petit corbeau que j’ai connu au début gardera ses ailes grandes ouvertes. Je suis ému à l’idée que mon oisillon prenne son envol. Tu es aussi le seul qui me décroche des larmes.

Comme promis, à dix-huit ans accompli, d’ici deux mois, je te rendrais ta liberté. À toi, le fils que je n’aurais jamais espéré avoir. Dossan, tu es plus qu’un ami. Plus qu’un confident.... Tu es ma famille. Ma précieuse famille.

Alors je te le redis,

Je t’aime.

                            

                             Tout simplement “Chuck”.

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