Je pensais naïvement qu’écrire serait aussi simple que de composer de la musique. Ce n’est pas non plus la même chose que d’inventer des paroles pour une chanson. Donc, j’ai longuement réfléchi à comment débuter cette lettre et voilà ma conclusion : “Pour un homme non-conventionnel, je vais me permettre d’oublier les formes.”

J’ai envie de faire les choses bien, mais je n’arrive pas à organiser mes idées. Parce que je te suis tellement redevable. Le mot “merci” n’est pas suffisant face à ta bonté. Ta couleur restera à jamais le violet, mais tu es un ami en “or”. Je crois que ce n’est pas une coïncidence.

Voilà que je me mets à parler comme toi. Tu es une trop bonne influence.

Plus que merci, j’ai aussi envie de te dire que je suis désolé. Nous en avons peu parlés, mais tu sais que j’ai longtemps culpabilisé. Je suis venu vers toi avec les mêmes intentions que tous ceux qui te faisaient du mal. Le fait d’être fier que tu m’ai montré ce qu’il se cache derrière ton blason me rend encore plus désolé. Il m’a fallu du temps pour accepter totalement ton amitié et celle du reste du groupe aussi.

“Je ne la mérite pas”, voilà ce que je disais à Madame Karen. Elle a bien travaillé pour creuser sous ma carapace. Toi en premier. J’en ris sincèrement aujourd’hui.

Quel genre d’ami accepte d’être le tuteur de son pote ? Franchement, tu es pas croyable… Tu es incroyable. Vraiment, tu m’influences trop. Sors de ce corps, Chuck !

Sans toi, sans ta foi, ma vie serait différente. Sans ta confiance, ton amour… (Je me sens bête, mais c’est vrai), j’aurais été incapable d’aimer à mon tour. Vous m’avez tous tant apporté, mais c’est à toi que je m’adresse dans cette lettre.

Tu m’as protégé et couvert. Tu as toujours été prêt à sortir les armes dans mon simple intérêt. Pour que je m’en sorte. Tu en as tellement fait… En m’obligeant à parler et à te montrer mes blessures. Tu as été le premier à les voir. En m’emmenant au médecin et en payant pour m’avoir des certificats. Tu as fait de même avec nos professeurs. Tu as menti pour moi, alors que tu es un des hommes les plus honnêtes que je connaisse. Fourbe et méticuleux, certes.

Et si seulement ça s’arrêtait là…

Tu m’as réconforté et encouragé. Toutes cette fois où je baissais les bras ou je ne me croyais pas capable, tu étais derrière pour me donner un coup de pouce. Dans les pires moments, tu as toujours été présent. Tes étreintes, ta voix encourageante… Ah, finalement je trouve l’inspiration nécessaire pour décrire à quel point tu es un héros. Je ferais peut-être bon écrivain ?

Plus que tout, tu t’es dressé face à mon père. Tu m’as gardé dans ton cœur quand j’ai décidé de m’éloigner et tu m’as pardonné. Tu es resté jusqu’au bout quand ma mère est décédée. Tu m’as porté et même lavé, la pudeur nous quittant en même temps que j’ai dû la quitter… “Elle”.

Tu t’es battu pour moi.

*Une larme sur le papier*

Toutes ces balles prises à ma place… Tu es surhumain.

Et tu m’as fait rire tant de fois, sourire comme jamais. Ta main sur mon épaule. Ton bras autour de mon cou, à la fois lourd et léger. Tu as pris soin de m’élever par simple amitié.

“Chuck Ibiss, l’homme le plus puissant et le plus riche…” Il n’y a pas plus vrai que cette phrase. Puissant en espoir et riche en amour. C’est ce qui fait de toi quelqu’un et non pas ton nom.

La seule manière dont je peux te remercier, c’est en vivant ma vie pleinement. Toutes ces ressources que tu m’as apportées, ce courage que tu m’as transmis, j’en ferais bon usage.

Pour toi, pour moi et pour nous tous.

Tu vas me manquer, Chuck.

Nous serons éloignés, mais tu ne seras jamais un souvenir. Sois en certain. Avec gêne et reconnaissance, je n’ai pas honte de te dire que tu as réussi à prendre une place vacante très importante dans mon cœur.

Je compte encore sur toi, mais à l’avenir, prépare à ce que je te renvoi la pareille.

Tu vas tellement me manquer.

Promets-moi de ne pas m’oublier,

Promets-le-moi,

Et tout ira bien.

                                   Dossan.