Chapitre 9 : Réveil en sursaut

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Hors de question de partager la maison avec ce mec. Tony se donne jusqu’au lendemain pour régler la situation, espérant avoir son éditrice au bout du fil pour obtenir son soutien. Pour évacuer son stress, il se met à nettoyer la cuisine pourtant propre. Pendant qu’il s’affaire, il ne peut s’empêcher de rejouer la scène entre lui et Maxime. Plus il y réfléchi, plus il pense avoir déjà vu ce garçon. Il n’a aucune ressemblance avec sa mère, mais son visage lui est familier. Il a beau chercher dans sa mémoire, impossible de se souvenir de qui c’est.

Cette histoire lui a coupé l’appétit, pourtant il se force à manger un petit quelque chose, avant de monter directement dans sa chambre. Allongé sur son lit, il allume la radio. Agacé par ce qu’il entend, une espèce de soupe pop et branchée sans intérêt, il éteint au bout de quelques minutes seulement. Des pensées noires viennent l'accaparer sans qu’il puisse s’en défaire, l’emportant dans des méandres d’apitoiement et de détresse. À quoi ressemble sa vie à cet instant ? Un écrivain perdu, sans attaches et à l’avenir professionnel incertain. L’épuisement vient le cueillir lentement, invitant ses paupières à se refermer pour la nuit.

Il se réveille en sursaut. Il regarde sa montre, déjà minuit. Il entend des rires provenant du bas. Cela ne pouvait être que ce maudit Maxime. Il attrape son téléphone portable pour vérifier si Anne-Marie Gallant ne l’a pas rappelé. Aucun message. Évidemment, on ne capte pas ici, comment l'oublier ! Et merde ! Il tend de nouveau l’oreille. Aucun doute possible, Maxime est bien là, mais il ne semble pas seul. Il croit reconnaître la voix d’une fille qui pouffe. Il descend l’escalier sur la pointe des pieds, et se poste derrière la porte entrouverte du salon d’où s’échappe une lumière tamisée. Il reconnaît l’odeur d'une cigarette. Il reste quelques instants à écouter ce qui se passe, les yeux rivés au sol. La voix sensuelle et excitée d’une fille et les quelques râles masculins ne font plus aucun doute. C’est pas vrai, Maxime ne s’est tout de même pas ramené une fille alors qu’il sait pertinemment qu’il est là ! Il a envie d’ouvir grand la porte pour les mettre dans l’embarras, mais se ravise aussitôt. Il lève la tête et aperçoit dans un miroir, la moitié du torse nu de Maxime chevaucher dans le canapé, une jeune fille par l’arrière, retenant d’une poigne ferme ses cheveux. Il détourne aussitôt le regard, se sentant bête d’avoir assisté à cette scène. Tout à coup, une image lui saute aux yeux. Il sait où il a vu le jeune homme pour la première fois : c’était dans son cauchemar ! Le jeune éphèbe qui me mitraille en photos, c’est lui ! Il secoue la tête pour chasser de son esprit cette hypothèse absurde. Arrête de délirer mon pauvre Tony, et ne reste pas planté là comme ça ! Il regagne aussitôt sa chambre. Son agacement se transforme rapidement en colère sourde. Comment va-t-il évincer Maxime de la maison ?

*

Sa nuit est agitée, mais il se réveille étonnamment au milieu de la matinée, reposé. Arrivé dans la cuisine, il ressent une pointe de gêne en trouvant une femme d’une trentaine d’année, adossée contre le plan de travail, en train d’avaler son café. Elle regarde sa montre avec agacement.

— Bonjour mademoiselle…

— Pas de flatterie, dès le matin, si ça vous embête pas, surtout avec la tête affreuse que je dois avoir, lance-t-elle avec une once d’ironie. Maxime est déjà à l’eau, et moi, déjà en retard. Il en reste dans la cafetière, si vous voulez.

— C’est gentil, mais je préfère le thé, le matin.

Elle le fixe du regard.

— Punaise, mais c’est que Maxou ne mentait pas ! C’est bien vous, l’écrivain, Tony Volli ?

— C’est bien moi, dit-il surpris que Maxime sache qui il est.

— J’ai pas lu vos bouquins, mais il paraît que ça marche fort pour vous. Quand je vais raconter ça à mes collègues de bureau…

— S’il était possible d’éviter, vous me rendriez service, je suis ici en vacances et…, dit-il sur un ton brusque.

— Pas de problème, répond-elle simplement.

— Merci beaucoup, dit-il plus aimablement avec un demi sourire.

Elle sourit à son tour, et tourne la tête du côté de la terrasse.

— Vous pourriez dire à Maxime que j’ai dû partir ? Parce que si je retourne le voir, il va me faire tout un cinéma et me supplier de rester avec lui. Il est insatiable ce garçon.

Tony sourit mentalement.

— Pas de problème…

— Vous êtes chic ! Allez hop, je file, dit-elle en attrapant son sac d’une main. La sortie, c’est par où, déjà ?

Tony la fait sortir par l’entrée principale. Il la regarde se précipiter dans sa voiture qui démarra en trombe.

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