Chapitre 8 : Premier plongeon (2)
Alors qu’ils se connaissent depuis une quinzaine d’années, Tony s’étonne que son éditrice ne lui ait jamais parlé de son fils. Il est vexé. Malgré tout, au vu de la remarque du jeune homme, il ne peut s’empêcher d’avoir un petit sourire en coin. Effectivement, il ne sera jamais le genre de type de sa mère. Elle aurait ri de la situation si elle avait entendu la réplique de son fils. En attendant, il ne peut s’empêcher de sourire de la situation. D’autant plus qu’il a l’air idiot, les mains cachant ses parties intimes.
— Qu’est-ce qui te fait marrer, le vieux ? Te retrouver à poil devant moi ?
Tony déchante aussitôt. Peu importe si c’est le fils d’Anne-Marie, il n’aime pas le ton qu’il emploie.
— Passez-moi la serviette de bain qui est devant vous, au lieu d’être insolent.
— Ne te gêne pas pour moi, j’en ai vu d’autres, tu sais ! lance-t-il, en pouffant.
Tony le toise, la colère montant sur ses joues. S’il veut jouer à ça, qu’à cela ne tienne. Libérant ses mains, il sort fièrement de la piscine en gravissant les quelques marches. Il le regarde droit dans les yeux pour bien lui signifier qu’il ne se dégonfle pas. Il attrape sa serviette de bain posée sur la Chilienne, avant de s’en draper. Surpris, le jeune homme est légèrement décontenancé. Il fait quelques pas pour s’en retourner à l’intérieur de la maison, mais fait demi-tour en lâchant une dernière réplique, le sourire aux lèvres.
— Finalement, je me suis trompé, ma mère a plutôt bon goût. Au fait, je m’appelle Maxime.
Il a bien entendu ? Tony resserre aussitôt sa serviette autour de sa taille, ne sachant quoi lui répondre. Il entreprend de se sécher, avant d'enfiler un caleçon et de s’allonger sur son transat, pour reprendre ses esprits.
Il laisse passer de longues minutes, sans que Maxime ne revienne. Tony se dit que peut-être est-il allé téléphoner à sa mère pour savoir pourquoi il est dans sa maison.
*
Lorsqu’il rouvre les yeux, il réalise qu’il a dû s’assoupir un moment. Il comprend que l’ombre projetée sur lui n’est celle du store, mais à celle du jeune homme qui le toise, sans gêne. Depuis combien de temps est-il là à le regarder ? Tony se redresse immédiatement en s’asseyant et se retrouve nez-à-nez à hauteur du caleçon de bain noir de Maxime. Tony est troublé de la soudaine proximité de leur corps.
— Et dis-moi, le vacancier, j’ai vu que tu avais pris la plus grande chambre. Je vais devoir me taper la chambre d’enfants. Tu restes combien de temps ?
— Aussi longtemps que je veux. Et vous ?
— Oh, moi, je ne sais pas encore. J'étais sur la côte, mais je viens de me casser de mon boulot de serveur. Ils me faisaient trop chier dans ce restaurant à la con.
— Vous avez eu votre mère au téléphone ?
— Ah, parce que tu crois que je suis allé moucharder ? C’est pas mon style.
— Elle m’a assuré que j’aurais la maison pour moi seul. Je ne suis pas certain qu’elle soit ravie de votre venue, dit-il en se levant, forçant le garçon à se décaler.
Il décide de se rendre dans la cuisine.
— Ouais, ça, je m’en doute. De toute façon, ce n’est pas comme si je lui donnais le choix, n’est-ce pas ? répond Maxime qui se contente de le suivre.
Tony ouvre le réfrigérateur pour prendre une bouteille d’eau fraîche.
— Je vais passer un coup de fil à votre mère, on sera fixé.
— Si ça vous fait plaisir. Yaourts, tomates, salade. Et bah, c’est pas folichon. Si je comprends bien, je vais devoir aller faire des courses.
Tony se rembruni. Sa mâchoire se crispe. Toute la détente gagnée ces derniers jours vient d’être balayée en l’espace de quelques minutes. Il reste la main sur la porte ouverte du réfrigérateur, ne sachant comment réagir devant l’impertinence de ce garçon. De plus, il doit bien reconnaître : ce qu’il a acheté la veille à la supérette n'est pas des plus festifs. Mais il a besoin de manger léger et de retrouver un équilibre. Inutile d'expliquer ça à cet individu.
— Tu vas rester longtemps comme ça à contempler ta salade verte ?
Tony referme d'un coup sec la porte en se retournant vers lui, à la recherche d'une réplique pour le faire taire.
— Oh, ça va. Je plaisante. Décidément, je sens que ça va être très fun ici. Bon aller, c'est pas tout ça, mais moi, j'y vais. À tout à l'heure ou à demain, je ne sais pas encore mon programme de la soirée, ajoute Maxime, avant de disparaître.
Tony décroche aussitôt le téléphone pour appeler son éditrice. Il tombe de nouveau sur son répondeur. Il tient à lui laisser un message. Allô, c'est Tony. Si tu peux me rappeler, s’il te plaît. Tu ne m’avais jamais dit que tu avais un fils ! Figure-toi qu’il vient de débarquer. Il a bien l'intention de rester. Dans ces conditions, je ne pense devoir partir.
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