Chapitre 11 : Pulsions
Tony passe son après-midi avec un sentiment partagé : il est finalement arrivé à ses fins, mais il s’en veut de devoir assister au départ précipité de Maxime dans de telles conditions. Il lui est soudain apparu fragile, comme s’il avait eu en face de lui, non pas un jeune homme, mais un petit garçon, réclamant en vain l’attention et l’amour de sa mère. À moins que ce soit de la comédie, se dit-il, comme pour dédramatiser la situation et alléger sa conscience.
Il n’a pas réussi à avoir son éditrice au téléphone de toute la journée. Il trouve cela étrange, elle qui d’habitude est joignable à toute heure. Après le dîner, il se réfugie dans sa chambre pour lire un autre roman policier de Morgane Brooks, la nouvelle reine du suspens. Dans la soirée, il est soudain déconcentré par des rires provenant de l’extérieur. Maxime serait-il revenu chercher ses affaires ? Pour en avoir le cœur net, il ouvre la baie vitrée. Sur la pointe des pieds, il jette un coup d'œil à la piscine depuis la terrasse de l’étage. Il a juste le temps de voir deux silhouettes disparaître à l'intérieur de la maison. Il est encore venu avec cette Valérie, et lui qui culpabilisait ! Il repense aussitôt à la scène entraperçue de la veille sur le canapé. Cela l'amuse et en même temps lui renvoie un sentiment de solitude extrême. Il se trouve pathétique. Il reste dehors. La clarté de la lune l’apaise. Elle est si belle ce soir, et la température si agréable. Il ferme les yeux et profite de l'instant. Mais ce n’est que de courte durée. Une musique se fait entendre ainsi que des rires bruyants.
Il reste quelques minutes à tergiverser pour savoir s'il doit descendre tout de suite ou attendre un peu que cela se calme. À moins que Maxime ait prévu de se venger bêtement, avant de partir le lendemain matin. En attendant, cette musique commence sérieusement à l’insupporter. Aussi ne peut-il s'empêcher de descendre. À peine a-t-il franchi les marches que la musique s’arrête brusquement. Il hésite à faire demi-tour, mais la tentation est trop forte. Il avance à pas de loup et se positionne derrière la porte de nouveau entrouverte. Il entend une voix masculine qui n’est visiblement pas celle de Maxime.
— Putain, mais qu’est-ce que tu fais !
— Ne me dis pas que tu n’en a pas envie !
— Bien sûr que si ! Mais si ton vieux débarque ?
— Ah, ah, très drôle. C’est pas mon vieux. C’est le nouveau Jules de ma mère. Vu comment il me regarde, je le soupçonne de kiffer aussi les mecs.
— Sérieux ? Trop chelou ! Attends, laisse ma ceinture tranquille ! On peut pas faire ça ici ! Attends deux secondes au moins que j’aille fermer la porte !
Tony perçoit un petit rire étouffé.
— On s’en fou. Laisse-toi faire, Mickael. On a du temps à rattraper toi et moi.
— T’es pas croyable, Max. Toi au moins, tu sais ce que tu veux !
— Yes, ta bite, mon pote. Et vu la taille qu’elle fait déjà, j’ai comme l’impression qu’on va bien s’amuser ensemble.
Tony s’aperçoit qu’il n’a même pas songé à faire demi-tour tellement la situation le déconcerte. Mais qu’est-ce qui lui prend ? Serait-il excité par la situation ? Son entrejambe lui répond par l’affirmative. Il entend déjà des soupirs de plaisir.
— Oh, putain… Vas-y doucement, Max… Sinon, je vais juter direct.
— T’as pas intérêt !
Tony glisse la main dans son caleçon. Il était déjà bien dur.
— Pourquoi tu t’arrêtes ?
— J’ai cru avoir entendu un bruit…
Tony retient sa respiration.
— T’as qu’à venir nous rejoindre, Tony ! s’écrit Maxime, hilare.
Par réflexe, Tony recule. Il remonte rapidement une à une les marches, en espérant les faire grincer le moins possible. Raté. Arrivé dans la chambre, il se sent vraiment honteux de ce qu’il vient de faire. Décidément, il est en dessous de tout avec ce jeune homme. Il va perdre toute crédibilité et passer pour un vieux pervers en manque. Il se maudit et se recouche. Pour réussir à s’endormir, il me masturbe rapidement pour se soulager.
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