Avant l'ouverture du rideau
Alteri attendait Flavia sur la Via dei Coronari, mais il n’était pas appuyé nonchalamment sur le véhicule comme à son habitude, il était solidement campé sur ses pieds, les bras croisés et la mine agacée. Il n’en était pas moins d’une élégance folle, avec un de ses costumes sombres habilement taillés dans l’étoffe la plus coûteuse.
— J’aimerais bien me passer de ce rôle détestable, mais d’un autre côté, je ne veux pas le laisser à quelqu’un d’autre, la salua-t-il assez sèchement, sans autre forme de préliminaires.
Puis il lui ouvrit la portière et s’assit à sa suite sur la confortable banquette de cuir beige de la classe S.
Contrairement à ses précédentes missions d’escorte, il demeura à distance, évitant soigneusement le regard de la jeune fille, qui était de son côté très étonnée de le voir si fuyant.
— Je préfère te prévenir quant au genre d’individus auquel tu vas avoir affaire ce soir. Sous leurs manières correctes, je sais qu’ils sont redoutables. Avec nous, ils se montrent respectueux parce que nous sommes beaucoup plus structurés et armés qu’eux, mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Mine de rien, ils sont en train de grappiller du terrain, même à notre détriment, et je ne sais pas si le Boss s’en rend vraiment compte, fit-il remarquer, comme se parlant à lui-même. Sous couvert d’entente cordiale — car notre coopération est très fructueuse — je pressens qu’ils sont tapis comme des serpents prêts à mordre s’il le faut pour gagner en puissance. Et c’est le genre de personnes à ne rien laisser passer. J’ai entendu parler d’histoires où ils ont puni des fautes mineures par les pires atrocités. Une fois par exemple, l’un des leurs a été malmené par un clan, ils l’ont entièrement décimé, les découpant à vif avant de laisser les morceaux dans des sacs devant les maisons de leurs familles.
Ce soir, nous célébrons notre collaboration avec des filles qui font partie de leur réseau. Elles vont s’occuper de nous, de la même manière qu’elles s’occuperont d’eux. Ce sont des professionnelles de la chose et je sais qu’elles auront à cœur de nous satisfaire quoi qu’on leur demande. C’est un cadeau qu’ils nous font pour les autoriser à commercialiser leurs putes sur notre territoire, contre le paiement du pizzo, tu imagines bien. Peut-être que nous contracterons de nouveaux engagements ce soir, mais avec eux rien se passe comme d’habitude, ils vont d’abord s’enivrer et ensuite nous pourrons discuter, ils fonctionnent comme ça. Je suppose que s’ils passent une bonne soirée, les tractations seront plus avantageuses et le Boss aura à cœur de favoriser ce climat propice aux affaires.
Ah, il faut que tu saches encore une chose à propos d’eux.
Ces vantards se glorifient de leurs exactions à travers leurs tatouages. Je te donne rapidement le code qu’ils utilisent pour mesurer leur dangerosité.
À les voir, on dirait que ce sont l’expression de leur piété, mais ces mécréants s’en servent en réalité pour faire connaître à tous la nature et la fréquence de leurs forfaits.
Par exemple, s’ils ont un crucifix tatoué, que ce soit sur la poitrine — ce qui est le plus courant — ou ailleurs, cela signifie qu’ils ont commis un vol. Ces maledetti osent même utiliser la figure de la Vierge pour signaler que ce sont des voleurs de naissance.
Les têtes de mort sont arborées, tu t’en doutes, par les meurtriers, ils sont à éviter, si tu le peux, bien sûr. Les toxicomanes, eux, portent une araignée. Ce ne sont pas les moins redoutables car ils peuvent être rendus incontrôlables par la drogue qui coulera à flot ce soir.
Tous ces cazzi sont fiers de revendiquer le nombre de fois où ils ont été incarcérés, en l’indiquant par des croix, ou des coupoles sur une église. Ça te donnera une idée de l’échelle sur laquelle ils se placent dans le crime.
Attention surtout à ceux qui ont un poignard tatoué, car c’est le signe des agresseurs sexuels, et si un serpent y est enroulé, ils ont également infligé des actes de torture.
Enfin, il y a une dernière catégorie dont il faut se méfier, ce sont les seconds des vory, ceux qu’on appelle les Premiers Fidèles. Ils ont des caractères cyrilliques tatoués autour du cou. Quant à savoir ce qu’ils veulent dire, je n’en sais rien… Mais comme ils sont astreints à une fidélité absolue, ils sont souvent mariés avec une femme de la famille du vor. En conséquence, ils ne doivent pas se mêler aux autres femmes, en encore moins les toucher. Entrer en contact avec l’un d’eux, c’est la mort assurée, pour lui comme pour toi. Normalement, ils ne feront rien, mais on ne sait jamais…
Voilà, je te dis tout cela car je ne pense pas que ce soir, tu pourras garder le bandeau sur les yeux.
Flavia suivait ce long monologue d’une oreille distraite, car elle se tirait peu à peu de ses pensées sur Marco, qui l’avaient accompagnée jusque-là. Elle savait qu’en ce moment ses hommes suivaient son véhicule, et cela lui donnait l’agréable impression qu’il veillait sur elle de loin, tel un ange gardien.
De toute manière, elle savait qu’elle userait encore une fois de son échappatoire habituelle en s’abîmant dans les visions de ses amants, ou peut-être du caporegime, cette fois-ci. Elle ne tenterait aucune approche en direction des mafieux russes, elle se contenterait de les laisser user d’elle, s’ils le souhaitaient, en soustrayant son esprit à la possession.
— Flavia ? Flavia, est-ce que tu m’écoutes ? insista Alteri, exaspéré par l’apathie de la jeune fille. Toutes ces informations sont importantes pour toi, tu ferais bien de t’en souvenir.
— Oui, oui, je vous promets de faire attention, concéda-t-elle finalement. Elle avait conscience que son attitude frisait l’insolence alors qu’Alteri se souciait réellement de sa sécurité pour l’accabler de tant de recommandations.
L’homme la fixait, consterné de tant de légèreté, se demandant ce qu’elle avait en tête pour se préoccuper si peu de ce qui l’attendait. Il avait envie de la secouer, de l’adjurer de prendre garde, non, mieux, de rentrer chez elle et d’oublier sa vengeance…mais c’était peine perdue, sa détermination était sans faille…
La portière s’ouvrit enfin, et la lumière crue des néons du sous-sol réveilla enfin tout à fait Flavia, qui tenta à ce moment de se remémorer les préconisations du Consigliare, mais elles étaient trop nombreuses et se mêlaient dans son esprit troublé. Il était maintenant trop tard pour lui demander de répéter ses consignes et donc, la seule solution était de se méfier de tout et de tout le monde.
Elle remarqua que le chemin qu’il lui faisait emprunter différait du trajet habituel. En effet, l’ascenseur s’arrêta au rez-de-chaussée, et elle suivit un unique couloir, très large, au luxueux sol de marbre cristallisé qui formait un chemin de lumière en reflétant les longues rangées de spots du plafond, cerné par les marqueteries compliquées dont les murs étaient ornés. L’ensemble portait le cachet d’une luxueuse authenticité, comme la villa vésuvienne du capo napolitain et son propre manoir familial, dans une moindre mesure. Elle se promit d’informer Marco qu’il fallait probablement orienter leurs recherches vers une grande bâtisse ancienne, même si Rome devait vraisemblablement regorger de telles propriétés.
Le couloir déboucha sur un gigantesque lobby, orné d’un lustre aux bras dorés supportant une myriade de pampilles et de bobèches de cristal accueillant elles-mêmes une nuée de bougies. L’imposant luminaire jetait un vif éclat sur de riches tapis de soie brodée sur lesquels étaient espacées quelques banquettes rondes de velours pourpre capitonné. À droite, une grande porte close de chêne sculpté étalait ses vantaux décorés de frises de feuilles d'eau et de rinceaux acanthés.
Voilà donc à quoi servait l’argent de la drogue, de la prostitution, du racket, des trafics divers que chapeautait la Fiammata, pensa Flavia, écœurée à cette idée. À payer le luxe tapageur d’une vitrine rutilante pour l’industrie du crime, afin d’imposer une image de puissance aux concurrentes et aux partenaires qui la visitaient et faire pencher insensiblement la balance en leur faveur.
Mais Alteri ne la dirigea pas de ce côté mais vers une petite porte dérobée masquée par la volée de l’escalier monumental qui menait aux étages supérieurs.
Celle-ci découvrit une sorte de vestiaire, où fourmillait une armée de sublimes slaves, nues comme au premier jour, mais parées de magnifiques bijoux de corps de strass et de brillants. Ces femmes, toutes plus belles les unes que les autres, offraient des hanches et des poitrines voluptueuses, sur lesquelles se déployaient leurs splendides chevelures, blondes pour la plupart, mais toutes les nuances étaient représentées dans cette palette de la grâce féminine la plus exquise. Elles se miraient dans les miroirs qui recouvraient les murs et les placards ou s’alanguissaient sur les quelques sofas qui meublaient la pièce.
Presque simultanément, elles se tournèrent vers le Consigliare, seul homme au milieu de ce harem, et quelques-unes se mordirent les lèvres de convoitise devant un si bel échantillon du genre masculin. Mais celui-ci ne sembla pas s’en émouvoir et livra le passage à Flavia, mortifiée de toute l’attention qui se reporta immédiatement sur elle.
Plusieurs reprirent néanmoins le délicat exercice de l’ajustement de leur coiffure et de leur maquillage, au grand soulagement de Flavia, alors que d’autres lui jetèrent un regard méprisant.
Celle-ci détourna les yeux, mais le sang qui lui était monté aux joues trahissait son trouble. Elle se blottit derrière le large dos de l’homme pour échapper à cet examen gênant.
— Déshabille-toi ici, lui intima Alteri en lui montrant une penderie ouverte, et suis-moi.
Flavia fit rapidement glisser sa robe et ses sous-vêtements à terre avant de les plier et de les ranger sur la tablette. Elle y joignit ses escarpins et referma le battant, avant d’emboiter le pas à l’homme qui s’éloignait déjà vers la porte titanesque dont il ouvrit un battant.
Tout en marchant, Flavia se morigénait de son mouvement de timidité. Sa nudité ne devait plus l’affecter, sa pudeur aurait dû s’évanouir dans les méandres de la passion, et elle suivit le Consigliare, tâchant d’oublier qu’elle était dans le plus simple appareil.
Celui-ci la guida vers une vaste salle de réception, décorée selon un goût tout différent du hall, mais tout aussi fastueux. L’ample volume était éclairé par la teinte ivoire des murs dont les moulures à la ligne épurée couraient jusqu’aux courbures des voutes qui soutenaient un plafond aux solives et poutrelles dans le style de la Renaissance, mais allégées par la laque claire dont on les avait enduits. La lumière tamisée par les larges abat-jours des lampes à pied de verre soufflé se reflétait sur un parquet de teck sombre parfaitement lustré, mais adouci par d’immenses tapis aux pâles arabesques.
Dans ce cadre raffiné, étaient disposés de larges canapés en U en cuir brun et piètement en bronze, signature du grand designer Bellini, ainsi que de petites tables basses en céramique façonnées dans le style des années 30.
Au sein de ce décor somptueux, des serveuses en strict tailleur noir s’affairaient autour du long comptoir en marbre blanc, et du buffet qui y était dressé. À leurs gestes assurés, Flavia supposa qu’elles avaient été formées dans les plus grandes écoles hôtelières. À l’époque où elle exerçait le même métier qu’elles, elle en avait beaucoup observé de semblables pour tenter d’imiter leurs manières distinguées.
Toujours tapie derrière Alteri, la jeune fille remarqua qu’elles évitaient soigneusement de la regarder, reportant toute leur attention sur les préparatifs de la soirée.
Que venait-elle faire au milieu de tout cela, se demanda-t-elle ? Le Boss n’avait nul besoin de ses services, les plus jolies femmes s’assureraient que les hôtes ne manquent de rien, et elle faisait piètre figure à côté d’elles, jugea-t-elle sans amertume.
Par réflexe, ses doigts frôlèrent le collier qui lui enserrait la gorge.
Flavia devina alors que son rôle dans cette soirée serait très inférieur au plus infime de ces participants, et que le Boss chercherait probablement à lui infliger une cinglante humiliation.
L’un des canapés était déjà occupé par un homme tout de rouge vêtu, assis dos à eux. Il se leva bientôt et rejoignit Alteri en toisant Flavia d’un air mauvais. C’était Giorgio, dont le visage content de lui-même, arrogant, et biaiseux, ne laissait rien présager de bon. Après avoir incliné la tête en signe de respect devant le Consigliare, il lui glissa quelques mots à l’oreille en faisant des gestes dans plusieurs directions, et quitta la pièce d’un pas chaloupé.
Alteri se retourna alors vers elle, les sourcils froncés, et les lèvres grimaçant de mécontentement.
— Le Boss t’a réservé une bien étrange fonction ce soir, déclara-t-il, la mine sombre.
Il t’ordonne de te positionner près du plus grand canapé, là, déclara-t-il en montrant l’immense divan à sa gauche. Tu vas servir de table basse, et supporter ce cendrier, là, toute la soirée. Tu ne dois pas bouger, quoi qu’il se passe, sans quoi il t’en cuira.
Voilà donc la dernière invention du Boss, ajouta-t-il, contenant sa colère.
À cette annonce, Flavia ne fut pas même mortifiée, et alla se placer à genoux à l’endroit indiqué. Avec un peu de chance, on la laisserait en paix, car l’offre en matière de charme suffirait selon toute apparence à couvrir la demande, pensait-elle.
Elle n’avait plus de fierté, sans en avoir jamais particulièrement eu, en dehors du cercle des études. Le traitement avilissant que lui avait destiné le Boss ne la touchait donc pas, peu lui importait d’être rabaissée au rang d’objet.
— Quand je te ferai signe, tu te mettras à quatre pattes, et tu poseras le cendrier sur ton dos. Veille bien à garder la posture, répéta-t-il, maussade. D’ici là, reste ici.
Et sur ces paroles, il la quitta pour donner des instructions à un groupe d’hommes à l’allure patibulaire qui s’avançait vers lui.
Flavia, agenouillée à l’endroit où il l’avait laissée, observa pendant un long moment les préparatifs de la soirée, le ballet du personnel qui arrangeait sur le buffet d’un côté des plateaux de petits fours et de verrines colorées, et de l’autre des coupes et des verres de formes diverses, chacun correspondant à un alcool particulier.
La scène qui se déroulait sous ses yeux avait tout l’air de l’organisation d’une grande réception qui aurait pu avoir lieu dans n’importe lequel des milieux fortunés de la ville. Au milieu de tout ça, personne ne prenait garde à elle, mais par moment, elle surprenait le regard furtif d’un commis ou d’un chef de rang qui reprenait sa tâche en sursaut, comme s’il se rappelait du contexte périlleux dans lequel ils évoluaient.
Quelques bouquets de fleurs auraient été les bienvenus, songea-t-elle, pour égayer ce sévère ordonnancement, tout de noir et de blanc, mais ils n’auraient pas été de circonstance.
Alteri revint vers elle un instant pour lui proposer de se servir quelque nourriture parmi les mets proposés, et devant son hésitation, la mena en la tirant impérieusement vers le buffet.
Devant elle, était exposé ce qui se faisait de plus typique dans la gastronomie italienne, le Boss ayant apparemment à cœur de promouvoir toutes les nuances de la cuisine de son pays. Un choix qu’elle approuva secrètement, étonnée de s’accorder en cela avec lui. Mais peut-être était-ce trop bon pour ces contingents de russes avinés, abreuvés aux alcools frelatés, qui seraient bientôt là, et dont le palais grossier ne savait certainement pas faire la différence avec les saveurs rustiques de betterave , de chou et Dieu sait quoi d’autre qui étaient certainement leur quotidien.
Elle reconnut les recettes typiques d’Italie : gressini, crostini, pizzette, frittata, focaccia, arancini di riso, taralli, agrémentés des produits phares tels que la bresaola de Lombardie, le provolone piquant de Vénétie, et le mascarpone du Piémont, ou la coppa de Piacenza, le tout artistement présenté sous la forme d’élégants antipasti.
Cédant encore une fois à la nostalgie, elle opta pour des friarelli à la scamorza fumée, sorte de brocoli-rave au fromage, ainsi que des casatielli, petits pains pétris avec du pecorino et du salami napolitain, ravie de retrouver ces parfums familiers. Marco aurait certainement fait le même choix qu’elle, pensa-t-elle.
Puis, se refusant à absorber un quelconque liquide, car elle redoutait qu’on ne la laisse se soulager, elle retourna à la place qu’on lui avait attribuée, repue et revigorée.
Peu à peu, alors que les touches finales étaient apportées çà et là, les serveurs s’agitèrent davantage, faisant pressentir que l’heure d’arrivée des invités approchait. Enfin, quelqu’un programma un fond sonore pour meubler le silence, du smooth jazz aux notes rondes, lisses et soutenues, qui caressa doucement les oreilles de Flavia.
Alteri revint pour s’assurer que tout était en place, et fit du regard le tour de la salle, avant de donner les dernières consignes à un majordome en uniforme. Il acheva ce dernier tour de piste en faisant un signe à Flavia qui étendit au sol ses paumes, cambrant ses reins pour accueillir le froid cendrier de laiton.
Elle frissonna sous le contact glacé du métal mais cette désagréable impression fut encore accentuée par l’air frais qui s’engouffrait entre ses jambes légèrement écartées, offrant son intimité offerte à la vue de tous. Elle prit une profonde inspiration pour la chasser, se demandant comment elle parviendrait à garder toute la soirée une pose aussi inconfortable.
Heureusement, un fin tapis de laine et de coton mêlés amortissait tout relativement ses appuis, sur le parquet rigide. Telle serait sa gageure, supporter l’engourdissement de ses membres et la douleur croissante que subiraient ses mains et genoux, si d’autres ne s’y ajoutaient pas. Mais cela ne lui sembla pas bien difficile en comparaison de toutes les épreuves qu’elle avait traversées.
Les serveurs s’avancèrent près des canapés, des plateaux de coupes emplies de divers apéritifs sur le bras, et Alteri fit jouer la poignée de bronze patiné pour accueillir les premiers venus, les saluant d’un hochement de tête.
Des groupes d’hommes vêtus de costumes sombres dans toutes les nuances de gris, de bordeaux et de noir, négligemment portés sur des chemises laissant largement entrevoir des torses tatoués, se répandirent aussitôt. Ils prirent place sur les confortables assises des fauteuils alors qu’on s’empressait autour d’eux pour leur servir des alcools locaux, Amaro Montenegro, Grappa, Cynar, et Sambuca, ainsi que du Prosecco pour ceux qui n’apprécieraient pas les saveurs particulières de ces breuvages issus de fruits et de légumes divers.
Contrairement à ce qu’elle faisait en cet instant précis, Flavia se rappela qu’elle ne devait pas s’aventurer à dévisager ainsi les mafiosi. Mais au moment où elle s’apprêtait à river ses yeux au sol, elle vit le Boss, entouré de Maddalena, splendide en fourreau de velours vert émeraude noué à la poitrine, moulant sa sculpturale silhouette jusqu’au genou, et d’autres hommes tatoués aux complets moirés.
Bien qu’il portât son masque, à son habitude, elle aurait juré qu’il la fixait et elle baissa immédiatement les yeux, cédant à un instinct animal, comme si sa survie était en jeu.
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