CHAPITRE 5 : ESPERANZA
On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas
On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Être inconnu dans l'histoire
Et s'en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n'en n'est pas question
Non, non, non, non
Il n'en n'est pas question
Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment
Le travail est nécessaire
Mais s'il faut rester
Des semaines sans rien faire
Et bien …. On s'y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps nous paraît long
Long, long, long, long
Le temps nous paraît long
Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l'amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L'amour ne serait rien
Non, non, non, non
L'amour ne serait rien
Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n'est plus qu'un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D'un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n'irait pas plus loin
Un enfant vous embrasse
Parce qu'on le rend heureux
Tous nos chagrins s'effacent
On a les larmes aux yeux
Mon dieu mon dieu mon dieu
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos cœur
Des torrents de tendresse
Pour que règne l'amour
Règne l'amour
Jusqu'à la fin des jours
Je suis tombé sur cette chanson de Bourvil, et j’en ai fait mon credo. Je la note ici pour y revenir dès que je doute ou que je me sens mal. Je l'avais entendue déjà bien sûr, mais lorsqu'elle est venue à mes oreilles récemment, j'ai fondu en larmes… Le clown maladroit avait bien raison : que vaudrait la vie sans un peu de tendresse ? Voilà ce que mon Esperanza m'apporte au quotidien, et cela suffit depuis quelques mois à donner du sens à ma vie. J'ai définitivement quitté l’horizontalité qui avait fait de moi un sous-homme. Jamais il ne faudrait que je retourne à cet avachissement avilissant…
J'ai décidé de remuscler mon corps, autant que possible. Il est vrai qu'après ces mois en état végétatif, mes muscles ont fondu, et j'ai du mal à marcher. Des douleurs au dos se font rapidement sentir. Je remettais donc en place un emploi du temps, non pas pour civiliser ce dernier, mais afin de me remettre en forme et profiter pleinement des ronronnements d'Esperanza.
C'est comme si elle le sentait : dès que j'ai un coup au moral, elle s'approche de moi, se frotte contre mes jambes, puis vient rapidement me lécher le visage. Comme ce ronronnement est doux à mon cœur ! Le temps me paraît moins long, et je savoure un peu plus la vie. Effectivement cette chatte m'a sauvé !
***
Cela fait plusieurs mois que je fais quelques abdos, et que je me force à marcher. D’abord très peu, puis un peu plus chaque jour, avec la volonté de battre le record de la veille.
Aujourd'hui je peux le dire je suis un homme neuf. J'ai presque recouvré mon corps, et mon esprit semble s'être apaisé.
J'ai repris certaines de mes activités, mais seulement celles dont j'ai envie. Je me rends compte que ce sont les activités créatrices qui me font vibrer. Alors je dessine un peu, j'écris quelques poèmes et réflexions sur mon agenda, et je note ma vie dans ce carnet. Il est tellement agréable de pouvoir s'exprimer, d'extérioriser tout ce qu'on a sur le cœur, voire de forger une œuvre…
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