Chapitre 5

7 minutes de lecture

Ghost

J'arrive à treize heures sur le parking du club, je gare ma Harley à l'arrière, et passe par l'entrée de service pour arriver directement dans la salle compta, qui est aussi celle des vidéos. Le club est équipé de plusieurs caméras, nous permettant de toujours garder un œil sur les entrées et les clients indélicats. J'y retrouve Allan, notre trésorier. Il est Blond, cheveux rasés, yeux bleus, un mètre quatre-vingt-cinq pour quatre-vingt-quinze kilos de muscles. Tatoué de la tête au pied, je me demande s'il lui reste une parcelle de peau sans encre mis à part son visage, même s'il a commencé à tatouer ses tempes.

— Yo Al, tout est ok ici ? dis-je.

— Salut Préz ! Ouais c'est calme pour l'instant, R.A.S, reprend t'il.

— Tu peux m'apporter les derniers livres des OB*, j'aimerai y jeter un œil.

— Ouaip ! J't'emmène ça de suite.

Je me dirige ensuite vers mon bureau, ouvre mes derniers courriels, réponds vite fait à certains, avant qu'Allan n'arrive dans mon bureau avec les livres des dernières opérations bancaires. Il me les dépose sur le coin du bureau en m'indiquant que pour toutes les questions, il est là encore un petit moment. Avant de les consulter, j'ouvre mon PC et clique sur une application située sur l’écran. Cela me permet d'avoir accès aux caméras dissimulées dans la salle, pour voir si tout va bien. A première vue, tout à l'air calme comme me l'a dit Al. Je regarde ensuite les livres de compte, ceux qui n'apparaissent pas dans la comptabilité du club, enfin pas tant que je n'ai pas procédé à quelques tours de passe-passe pour blanchir un max de blé. La dernière vente d'armes, nous a rapporté pas loin de cinq millions de dollars et je dois l'éparpiller entre nos clubs, nos garages et nos chapitres. Autant dire que nous avons du pain sur la planche. Je suis plongé dans les chiffres depuis deux bonnes heures, lorsqu'on frappe à la porte.

— Ouais, dis-je.

— Salut Préz, dit Anton.

— Salut Anton, comment tu vas mon pote ? Désolé, j'suis pas encore passé au bar saluer tout le monde, je voulais me plonger dans les chiffres avant de ne plus en avoir le courage. Quoi de neuf ?

— Justement, je voulais te voir, j'viens de prendre à l'essai une serveuse jusqu'à dix-huit heures, une certaine Lucía.

— Ouais et alors, elle est nulle ? Tu ne m'avais pas dit que tu recherchais une danseuse plutôt ?

— Pour répondre à tes questions, non elle n'est pas nulle bien au contraire, et oui j'avais besoin d'une autre danseuse mais celle-ci m'a intrigué et je pense que tu seras du même avis quand tu l'auras vu. Elle cache quelque chose, je ne sais pas quoi exactement, mais son histoire ne tient pas debout.

— Dis m'en plus.

— En fait, elle se dit venir de Santa Ana mais n'a pas l'air de piper un mot d'espagnol ; le parle avec un accent qui ferait fuir un troupeau de vaches, et n'a pas le type latinos pour un sous.

— C'est vrai que tu m'intrigues mec, elle est peut-être originaire des Etats-Unis, réponds-je.

— Ce n’est pas ce qu'elle laisse entendre. Pourquoi le cacher, j'le sens pas, y'a un truc pas net chez cette fille. Même sa couleur de cheveux ne correspond pas avec sa peau qui est mate. T'as déjà vue une rousse mate toi ?

— Elle a peut-être mauvais goût et s'est teint les cheveux en roux ? dis-je.

— Je sais pas, j'ai besoin de ton avis sur ce coup-là, j'ai déjà mis Jim sur le coup pour qu'il me dégote tout ce qu'il a sur une Lucía Andréa, me répond t’il. J'ai dit à la fille que si elle passait la journée sans me bénir un seul client, elle pouvait revenir pour le service de mercredi soir et pour l'instant on va dire qu'elle est très pro.

— Ok, donc tu me demandes mon intervention divine pour la virer, tout en lui faisant croire que c'est elle qui a fait une erreur, et cela pour pouvoir la suivre et découvrir ce qu'elle cache ? Si je résume.

— On peut dire ça comme ça. La virer ? c'est à toi de voir. Une fois que tu l'auras rencontrée, tu te feras ta propre idée. Je préférerais qu'elle ne soit pas un danger, parce qu'elle assure au niveau service. Elle est rapide, discrète et à une mémoire aussi bien photographique, qu'auditive, continue t'il.

— Ben... purée ! tu l'as bien examinée à ce que je vois.

— Ouais, j'te dis, cette nana elle a un truc, j'peux pas l'expliquer.

— Ok, commence par me la montrer sur la vidéo cette Lucía, que je la repère avant qu'elle ne me repère, lui dis-je.

Il passe derrière mon bureau et vient se placer à côté de moi. Avec la souris de l'ordinateur, il dirige la caméra vers le fond du club. Je vois une rousse de dos, discuter avec un client, elle semble prendre sa commande.

— Bien roulée, la meuf... ok, je l'ai identifiée et je m'en occupe. Je te dis ensuite si tu peux compter sur elle mercredi soir ou s'il faut que tu trouves quelqu'un d'autre. On a assez d’ennuis en ce moment avec la dope sans rajouter un souci de plus. Dès que Jim a les infos, tu me fais signe. Normalement il ne devrait pas mettre longtemps à nous dégoter quelque chose au prix où je le paie, ajouté-je.

— Eh... Ghost, me rattrape Anton alors que je file dans le couloir, tu sais, j'peux m'tromper, elle fuit peut-être quelqu'un ou quelque chose.

— Je m'en charge Ant et je te dirai ce que j'en pense ensuite, ok ?

— D'accord, merci.

J'arrive à l'entrée du couloir et j'essaie de la repérer avant qu'elle ne me voie. Elle est en train de prendre ses boissons au bar et s'apprête à aller servir son client. Je dois dire, que de dos elle est sacrément bien roulée dans son mini short rouge, et les talons lui font des jambes sublimes tout en finesse. Elle ne doit pas mesurer plus d'un mètre soixante-dix, peut-être même moins. Reste à la voir de face. Je suis assez bon observateur, ce qui m'a valu de me sortir de situations, qui auraient pu mal tourner, si je n'avais pas écouté mon instinct. Si elle me l'a fait à l'envers, je le saurai et elle risque de passer un sale quart d'heure, si elle essaie de me doubler, femme ou pas, elle n'aura aucunement ma pitié.

Bon, ça y est, elle se dirige vers son client et me tourne le dos, à moi de jouer. Je mets la capuche de mon sweat sur ma tête, sweat noir que j'ai passé sous mon cuir avant de partir en bécane. Je la suis de près. Au moment où elle va retirer une de ses mains du plateau pour attraper le verre de son client et lui poser sur la table, je la bouscule violemment et le reste du plateau bascule sur le mec, qui se relève dans un sursaut, pour éviter la cascade d'alcool sur ses fringues. Il se met à hurler comme un âne après la serveuse qui s'excuse une bonne dizaine de fois avant de me faire face. Je ris intérieurement…un à zéro, ma belle.

— Bon sang, vous ne pouvez pas faire gaffe ! dit-elle.

Elle fait volte-face pour enguirlander l'abruti qui vient de bénir son premier client de la journée. Et là, je ne m'attendais pas à ça ! Rien que son regard d'un vert orageux me fait bander. Elle est magnifique. Elle a des beaux yeux en amande, d'un vert qui doit changer de teinte suivant son humeur, du plus clair au plus foncé, un petit nez rond et fin, des lèvres fines et un corps... waouh... elle n'a pas une grosse poitrine, je dirais un quatre-vingt-dix B, doit peser cinquante-cinq kilos, tout au plus, elle est un peu trop mince. Elle n'a pas dû avoir un bon repas depuis un moment. Elle m'arrive au menton avec ses talons donc je dirais moins d'un mètre soixante-dix. Elle ouvre la bouche pour continuer à m'invectiver mais la referme puis la rouvre mais toujours aucun son ne sort. Intérieurement je suis mort de rire devant sa mine surprise. C'est toujours cet effet là que je fais aux femmes, quand elles me rencontrent.

— Vous comptez faire le poisson encore longtemps ou réparer vos âneries ? lui dis-je.

Là, je crois que son cerveau vient de faire tilt et débloquer le niveau supérieur de sa colère pour le plus grand plaisir de mon manche qui frétille dans mon boxer.

— Imbécile ! me crie t'elle. Mes âneries ? Vos âneries bon sang ! Vous n’avez pas appris à marcher droit, sac à bière !

Ouch... c'est qu'elle mordrait la tigresse.

— Votre mère ne vous a pas appris la politesse, reprend t'elle rouge de colère. Quand on bouscule quelqu'un on s'excuse, on ne lui met pas les torts sur le dos, s'il en découle une catastrophe ! Punaise ce n’est pas vrai quel crétin, votre mère doit vraiment avoir honte !

— J'en ai pas.

— De quoi ? me dit-elle encore énervée.

— De mère, je viens de l'assistance public.

Gros mensonge, mais je n’ai pas pu m'en empêcher. Elle ouvre de nouveau la bouche pour continuer, mais encore une fois, rien ne sort.

— Tu recommences, dis-je.

— Euh... à quoi ?

— A faire le poisson... continué- je avec un sourire.

— Si je peux me permettre... dit le client

— Ferme là ! répondons-nous en chœur. Ce qui me déclenche un sourire en coin et qui fait passer les yeux de Lucía à un vert légèrement pétillant.

Lexique :

*OB : Opérations bancaires

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Charlotte LYNSEE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0