Chapitre 8

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Sandie

Quelques heures plus tôt...

En montant dans le bus, j'ai eu cette sensation que j'étais suivie, un drôle de frisson sur la nuque, ce à chaque descente et montée, mais rien. Même à l'hôtel, j'avais l'impression qu'on me suivait. Je deviens parano, y'a pas à dire. Je rentre dans ma chambre, tire les rideaux pour ne pas être vue, me désape et file me faire couler un bain en espérant qu'il soit un minimum chaud.

La robinetterie grince sous mes doigts lorsque j'ouvre l'eau chaude, car je ne pense pas avoir besoin de rajouter de l'eau froide et mes pensées sont bonnes, elle est déjà à la bonne température rien qu'avec un robinet d'ouvert. J'ai acheté quelques sels de bain, une éponge de douche, du gel à la lavande, j'adore cette odeur. Et tout un tas de produits d'hygiène. Crème hydratante, dentifrice à la menthe, brosse à dents, à cheveux etc... Ça, plus de quoi me nourrir. Le repas de ce midi était divin, petites pommes de terre sautées à l'ail et au persil et sa côte de porc, suivi par un fondant au chocolat. Je n’avais pas mangé aussi bien depuis longtemps, mis à part des barres protéinées. J'ai perdu quelques kilos dans l'histoire. De cinquante-neuf kilos, j'suis descendue à cinquante-quatre kilos et on commence à compter mes côtes, mais si les repas sont toujours aussi bons et copieux au club, je vais vite être en surpoids ! Le chef cuistot voulait même me faire une gamelle pour emmener chez moi. Il a dû trouver, lui aussi, que j'avais que la peau sur les os. J'ai refusé, prétextant que, pour ce soir, j'avais tout ce qu'il me fallait. Je ne suis pas sûre qu'il m'ait cru mais je ne pouvais décemment pas, accepter le premier jour de travail, ça aurait fait profiteuse et ce n’est pas mon genre.

Je me glisse dans mon bain « tiède » mais néanmoins agréable. La mousse me recouvre tout le corps, je repose ma tête sur le rebord de la baignoire. Chope Monsieur Canard et le pose sur mon bouton gorgé de désir, depuis que Monsieur beau gosse m'a percutée. La vibration ne tarde pas à me déclencher des frissons, je sens le plaisir monter, des yeux bleu lagon s'infiltrent sous mes paupières closes et des lèvres fines viennent se poser sur mon mont de vénus, le titillant, le suçotant. Je finis par exploser. Je retiens mon cri de jouissance ne voulant pas en faire profiter mes voisins de chambrée, puis repose mon meilleur ami sur le rebord de la baignoire et ferme les yeux pour profiter des restes de mon orgasme.

« — Sandie ! Fais ce que je te dis pour une fois dans ta vie, je t’en supplie, grimpe là-dedans !

— Maman…

— ... pitié Sandie, écoute-moi mon petit cœur, fais cela pour moi.

— Je t’aime maman.

— Plus que toi, ma puce.

— Aussi grand que le ciel et les étoiles réunis ?

— Aussi grand que l’univers

Je vois sa main pleine de sang se tendre vers moi, la mienne essaie de la saisir mais sa gorge s’ouvre de plus en plus, puis sa tête se sépare de son corps. »

Je me réveille en sursaut, j'ai dû m'assoupir. L’eau de mon bain est à présent glacée. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je commence à ressentir la faim. Je sors de l'eau, m'enroule dans ma serviette et sors de la salle de bain. J'enfile mon pilou pilou, ouvre un de mes sacs de provisions et sors deux sandwichs jambon, salade, emmental, un paquet de chips et une bouteille d'eau plate. Je m'installe sur la petite table sous la fenêtre, déballe mes victuailles et allume ensuite la télévision, pour faire un peu de bruit pendant que je mange. Ils annoncent un temps pourri pour demain, avec des vents jusqu'à cinquante kilomètres heure et des averses continues, jusque tard dans la nuit. Je n’ai même pas un parapluie, juste mon bomber si je dois sortir.

Après manger, je vais me laver les dents et plonge dans mon lit avec mon portable, pour surfer sur le net et trouver une piaule plus près du travail. Je réussis à dégotter un petit appartement sur la route Orchard, un petit deux pièces avec une chambre et une kitchenette, douche, WC. Parfait ! cinq cent dollars par mois, un quart de ma paie, je n'aurai plus de frais de bus donc c'est gagnant gagnant. Il me restera, sans compter les pourboires, mille dollars pour les charges et la bouffe. C'est jouable.

Je regarde l'heure, il est à peine vingt heures, punaise, je mange comme les poules. Je compose le numéro de l'annonce pour la location de l'appartement, et tombe sur une charmante dame avec un accent anglais très prononcé. Je lui explique brièvement ma situation, en gros, ma récente arrivée dans la région, le travail de serveuse que j'ai trouvé, sans indiquer le nom du bar, on ne sait jamais cela pourrait faire fuir. Donc, je m'invente un travail de serveuse dans une brasserie. Elle me propose de le visiter le lendemain en fin d'après-midi. Parfait, cela me laisse assez de temps pour me reposer demain matin.

Elle me précise qu'il sera libre dans une semaine, soit samedi prochain. Flûte, j'aurai aimé emménager plus tôt. Une semaine de plus dans ce taudis, à entendre les bruits des ronflements de mes voisins de palier ou pire, des cris de jouissance. Non pas que je sois prude mais quand on a juste coin-coin pour se soulager, ça peut rendre vénère. Heureusement la plupart du temps, je serai au taf, mes jours de repos étant les lundis et mardis. Je remets mon portable à charger et zappe sur les chaînes jusqu'à minuit, lorsque mes yeux commencent à papillonner. Je coupe la télévision et me laisse emporter par le sommeil, espérant que celui-ci ne soit pas envahi de cauchemars mais je sais que cette nuit sera comme les autres.

« Je suis toujours planquée dans le conduit d’aération, les femmes de ménage décrochent son nom de scène « Cindie » de la porte pour en afficher un autre, une certaine Daisy. Je l’ai aperçue en passant devant le bureau de Caleb, il y a deux jours. Ses mains étaient attachées dans le dos, son corps était couvert de bleus, on peut dire qu’elle n’était pas là de son plein grès comme certaines des filles. Je ne l’ai pas revue après, juste entendu ses pleurs, deux chambres plus loin que la mienne. J’ai voulu aller la voir mais la porte était verrouillée de l’extérieur par un cadenas. Nous avons pu parler quelques heures et ce, pendant deux jours.

— Bonjour, je m'appelle Sandie, je voulais savoir comment tu allais ? Je t'ai entendue crier.

— Qui êtes-vous ?

— Une prisonnière comme toi... je... ma mère s'est fait embobiner par Caleb, il y a dix ans de cela... elle... elle ... est devenue sa chose... son esclave sexuelle, sa prostituée...

— mais... toi ? me dit-elle.

— Moi ? Je suis un dommage collatéral ou le plus dans l'équation, au choix. Je pencherais pour le deuxième. Il a vendu ma virginité à un magnat de New York car j'ai maintenant dix-huit ans... enfin presque. Je dois partir mais je suis coincée... je ne sais pas si je vais pouvoir m'enfuir... Il ne me reste qu'une journée pour lui échapper, j'aurai dix-huit ans demain. Ma mère veut négocier sa liberté et la mienne car elle est très malade. Elle veut mettre dans la balance toutes les années qu'elle lui a données mais il ne la laissera jamais partir... douce illusion. Mais toi, quel âge as-tu ?

— J'ai eu dix-huit ans hier, je pense car je ne sais plus quel jour nous sommes... me dit elle des sanglots dans la voix.

— Nous sommes le treize septembre.

— Oh ! Donc j'ai eu dix-huit ans il y a trois jours.

— Je suis donc plus jeune que toi, dis-je un sourire sur les lèvres.

— Oui, on dirait bien que je suis une vieille.

— Comment te sens-tu ? Et comment es-tu arrivée là ?

— J'ai été kidnappée en sortant de boite, ils ont... tué mon ami. Je n'ai rien pu faire... oh... mon... dieu... qu'est-ce que je vais devenir ?

— Je suis tellement désolée pour toi et ton ami. Ce sont des fous, ils sont dépourvus de sentiments, ce sont des chacals... Mince ... j'entends du bruit... je te laisse, j'essaierais de revenir te parler demain matin... lui dis je en chuchotant. »

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