Chapitre 10

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Sandie

J'arrive à l'endroit du rendez-vous pour visiter mon appart, je suis excitée comme une puce mais aussi trempée. La pluie a commencé à tomber lorsque je suis sortie de l'hôtel et ne s'est pas encore arrêtée. Au vu de l'état du ciel, c'est loin d'être fini. Il est un peu moins de dix-huit heures quand j'arrive. Madame Hernandez est déjà là, à m'attendre. C'est une petite femme d'un mètre cinquante-cinq, rondelette, brune aux cheveux mi-longs et gris, coiffée dans un carré parfait. Des yeux globuleux marrons presque noirs. Elle a une bouche aux lèvres épaisses et une peau claire. Un grand sourire illumine son visage lorsqu'elle me voit approcher.

— Bonjour. Lucía, je suppose ? me salue t'elle.

— Vous supposez bien, dis-je avec un sourire, et vous, vous êtes Madame Hernandez ! réponds-je avec un clin d'œil.

— Oui oui, me dit-elle en riant, heureuse de faire votre connaissance. Alors vous êtes serveuse comme cela? C'est un métier qui n'est pas de tout repos, je vous admire. Moi, je n'aurais pas pu courir entre les tables, retenir tout un tas de commandes et supporter des indélicats, merci très peu pour moi !

— Moi, cela ne me gêne pas, j'aime bien discuter avec les gens et leur faire plaisir en leur offrant un petit moment de détente, en sirotant leur boisson ou en mangeant leur repas. J'adore mon métier et ne le changerais pour rien au monde.

— Vous avez l'air d'une grande gentillesse à première vue, c'est vrai. Bon allez, assez papoté, je suppose que vous êtes pressée de découvrir votre futur appartement... je l'espère.

— Je n'en doute pas une seconde, rien que les photos que j'ai pu voir sur internet m'ont mises l'eau à la bouche.

Nous entrons dans le hall d'entrée après avoir tapé le code sur un pavé numérique, situé sur la gauche de la porte vitrée.

— Vous aurez une carte d'accès, pas besoin que vous tapiez le code à chaque fois, me précise-t-elle.

Nous prenons l'ascenseur jusqu’au sixième étage. Arrivée à destination, nous sortons sur le palier et nous nous dirigeons vers, ce qui pourrait être, mon futur appartement. Lorsqu'elle déverrouille la porte et me laisse entrer en premier, je sais que c'est le mien. J'arrive directement dans une grande salle. Sur la droite un peu plus loin, se trouve la cuisine avec ses placards bas et haut noirs ; une gazinière, un four et un frigo, gris inox la compose. Son plan de travail est en granit moucheté de gris et de noir. Un îlot central vient compléter l'ensemble, lui aussi recouvert d'un plateau en granit dans les mêmes tons avec ses placards bas, donnant seulement vers le côté gazinière. Le plateau déborde de cinquante centimètres environ côté salon, trois tabourets de bar se logent dessous, créant ainsi une table. Une série de trois luminaires pendent au-dessus. En tournant un peu plus la tête sur la droite, je me rends compte qu'il y a un dégagement, offrant une pièce non fermée qui abrite un salon. Celui-ci se compose d'un canapé trois places dans les tons bleu roi, avec des accoudoirs en arrondis ; un tapis de sol dans les tons gris-blanc sépare le canapé du meuble TV, qui est noir avec des tiroirs. Une télévision est déposée dessus, d'une grandeur plus que correcte. Les murs de la cuisine et du salon sont blancs ; le sol est en parquet chêne clair. L'ensemble est vraiment très joli. Un éclairage comprenant un ventilateur se trouve au centre du salon. Une porte fenêtre avec ses stores de couleur gris clair la complète. En ouvrant cette dernière, un petit balcon donnant sur la rue principale s'y trouve.

Nous continuons vers une porte située au fond de la pièce, à droite. Elle ouvre sur une chambre dont les murs sont peints en gris clair. Il y a également un éclairage central composé d'un ventilateur, juste au-dessus du lit. La tête de lit est en bois bleu roi avec deux petites tables de chevet de chaque côté. Le lit est King size. Je vais m'y perdre.

Au bout du lit, en face, il y a une commode de deux fois trois tiroirs avec sur le dessus un miroir. Le tout dans les tons gris bleu. Un miroir sur pied se trouve également à gauche, dans le coin du mur près de la fenêtre. Celle-ci possède un store en lamelles blanches. Le sol est recouvert d'une moquette gris clair. A gauche, en ressortant de la chambre, donc pratiquement en face de la porte d'entrée, il y a une salle d'eau. Un petit placard se trouve de suite sur la gauche en ouvrant la porte et en face sur le mur opposé, une douche à l'italienne. En continuant, juste après le placard, il y a un WC en émail blanc et à côté, séparé par une petite cloison en pavé de verre, un meuble vasque noire avec deux portes sous vasque et deux tiroirs dans sa continuité. Le dessus est comme dans la cuisine, gris chiné. Un grand miroir avec l'entourage en bois est, je vous le donne en mille, noir. Il est éclairé de trois spots se trouvant au-dessus de ce dernier. Le sol est couvert de carrelage blanc. Je me retourne vers Madame Hernandez, la bouche légèrement ouverte pour marquer mon étonnement. Elle me sourit.

— A voir votre tête, me dit-elle, je peux dire qu'il est loué à partir de la semaine prochaine.

— Ah oui alors ! il est tout simplement magnifique, les couleurs, le mobilier... tout me plaît.

— Alors c'est parfait, allons signer les papiers de location dans ce cas-là.

— Avec plaisir.

Après avoir rempli tous les documents, papoté pendant encore une bonne heure, nous nous quittons. Il est vingt heures, le temps ne s'est pas amélioré, toujours de la flotte et du vent, génial ! La météo ne s'est pas trompée pour une fois. Des éclairs commencent à illuminer le ciel. J'ai vu un fast-food juste en arrivant, cela fera l'affaire pour ce soir, un peu de gras ne me nuira pas.

J'entre dans le restaurant, commande un burger frites puis je vais m'installer sur une table au fond, face à la porte, toujours garder un œil sur l'extérieur. Mon burger est un pur délice de corps gras, les steaks sont baignés de mayonnaise. Seule une tranche de tomate et une feuille de salade m'apporteront un peu de crudité. Ajoutez à cela, un coca pas light du tout et vous avez six cent kilos calories dans le buffet… Calories que je vais perdre sans problème pendant mon service. D'ailleurs en parlant de service, j'habiterai à cinq minutes de mon travail, lorsque j'aurai emménagé, et avec ce qui tombe dehors, ce sera très pratique d'être à côté plutôt qu'à deux heures trente. Surtout lorsque le temps sera aussi pourri que ce soir. La nuit est déjà tombée et l'éclairage public a pris le relais. Au mois de septembre, les jours raccourcissent très vite. Rentrer en pleine nuit à l'hôtel ne va pas être une partie de plaisir, mais appeler un Uber est hors de question. J'ai bientôt un appartement à payer. De toute façon, il va bien falloir que je serre les dents pendant une semaine, le temps d’avoir les clefs de mon logement. Comme je prends mon travail mercredi et que mon service ne se termine qu’à cinq heures, rentrer avant que le jour ne se lève, va faire partie de mon quotidien pendant quatre jours. Le lever du soleil ne se faisant pas avant six heures trente en cette période.

J’arrive trempée comme une soupe à l’hôtel mais cela n’a pas gâché ma bonne humeur. Je vais avoir un appartement. J’en ai fini avec ce motel qui tombe en lambeau, je vais enfin retrouver un peu de confort et surtout d’eau chaude !

Je saute dans mon pyjama puis m’engouffre au fond de mon lit, allumant la télévision pour occuper ma soirée qui est déjà bien entamée, au vu des deux heures trente que j’ai mis pour revenir ici.

Le son de la télévision finit par m’endormir et c’est sans surprise que mes cauchemars refont leur apparition.

« Sale petite ingrate, tu vas voir si tu vas continuer à me désobéir ! me crie Caleb.

Le fouet s’abat sur mon dos déjà marqué, je hurle de douleur mais cela ne l’arrête en rien. J’ai l’impression bien au contraire, qu’il éprouve un certain plaisir sadique à m’entendre hurler. J’ai les cordes vocales en feu comme le dos d’ailleurs. Je sens de petites rivières de sang me couler le long des jambes. Je pleure, le supplie mais face à un homme sans cœur, rien n’y fait. Je finis par perdre connaissance. Quand je rouvre les yeux, je suis sur mon lit, couchée sur le ventre, j’entends maman me chantonnait la berceuse de mon enfance, Rock-a-by, baby, en me passant de la pommade dans le dos.

« ... Elle veut juste une vie pour son bébé

Toute seule, personne ne viendra

Elle doit le préserver.

Elle lui dit "Oh amour, personne ne te fera jamais de mal, amour

Je vais te donner tout mon amour

Personne ne compte comme toi »

Reste là, reste là

Elle lui dit "Ta vie n'a rien à voir avec la mienne

Tu vas grandir et avoir une belle vie

Je vais faire ce que j'ai à faire"

Reste là, reste là

Alors balance-toi bébé, balance-toi.

Je vais te bercer

Balance-toi bébé, ne pleure pas

Quelqu'un est là pour toi

Balance-toi bébé, balance-toi

Je vais te bercer

Balance-toi bébé, ne pleure pas. »

Je me retourne lentement, sentant des gouttes me tomber sur le dos. Serait-ce des larmes de tristesse, mais je vois ma mère la gorge ouverte, les mots sortent de cette plaie béante, provoquant un flot de sang continue. Je hurle devant cette vision d’horreur !

Je me réveille en sursaut et en nage, mes cicatrises me font mal. Maman, oh maman, comme tu me manque. Je n’arrive plus à voir ton visage sans cette vision d’horreur. Mon dieu, vais-je un jour pouvoir seulement oublier ce jour maudit.

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