Chapitre 12

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Ghost

C'est l'effervescence au club depuis le début de la soirée. Je suis assis derrière mon bureau, mon verre de Rumble à la main. Je mate les images de vidéo-surveillance, surtout une petite rousse qui se faufile entre les tables avec fluidité et dextérité. J'ai appelé Anton pour lui signifier de ne pas venir ce soir, que je m'occupais de proposer la chambre à notre nouvelle employée. Ça fait une heure que je plante sur elle et ses courbes, je peux dire que je suis serré dans mon froc. Cette fille a quelque chose qui me retourne, je ne sais pas quoi encore, mais dès que je la vois, mon cœur a un raté. Son sourire peut être ou la malice dans ses yeux quand elle discute avec certains clients. Le premier qui pose, ne serait-ce qu'un doigt sur elle, est mort, je lui fais avaler son bulletin de naissance. Foi de Ghost, il ne le verra pas venir. Ce n’est pas pour rien qu'on m'appelle, le fantôme.

Bon sang ! je débloque là, d'où je deviens possessif avec une meuf moi ! Ce n’est pas ma meuf ! J'ai aucun droit. Si elle veut se taper un de ses branleurs, que grand bien lui fasse ! mais... il est mort après !

Mon téléphone vibre à ce moment-là, c'est Falco, mon vice-président.

— Ouais Falc ! Des news ?

— Yep ! Tu vas être content. On a réussi à connaître sur le bout des doigts leurs habitudes, et figures toi, que ce soir, ils ont une réunion dans leur hangar, suite à la découverte du corps de leur cher compatriote. C'est la grosse panique, j'l'ai su par un consommateur un peu bavard, qui était venu récupérer sa dose, au même endroit où on avait chopé le dealer. Je pense qu'il me prenait au départ pour un nouveau trafiquant. Bref, j'l'ai un peu bousculé mais t'inquiète, il n'ira pas pleurer ni chez les flics, ni chez le fournisseur, j'lui ai bien fait comprendre que c'était pas dans son intérêt et vu l'humidité qui s'est soudainement échappée de son falzar, j'peux dire que le mec est rentré direct chez sa mère. Donc, leur réunion est à minuit, on a trois heures pour se préparer et les coincer.

— T'as assuré comme un chef ! Réunion dans une demi-heure au QG. Préviens tout le monde

Je quitte à regret la rousse des yeux pour partir. Je coupe mes écrans et sors par la porte arrière.

J'arrive à vingt-deux heures trente et file direct à la salle de réunion. La pluie ne s'est pas arrêtée et en plus, le vent se lève.

— Salut Préz ! me disent les mecs quand j'ouvre la porte.

Ils sont tous déjà installés. Je prends ma place en bout de table. A ma droite, se trouve Falco, mon V.P ; à ma gauche Tomy, mon sergent d'armes. Ensuite en continuant, il y a Allan mon trésorier ; Léo un de nos plus fidèles membres ; Jim, notre hacker et Anton qui est venu nous rejoindre. Camila, une des brebis, nous apporte nos boissons. Un Balcones Rumble pour moi et mon V.P, les autres préférant de la bière. Des bouteilles de Shody Oak sont donc déposées au centre.

— Combien d'hommes avez-vous pu rassembler pour ce soir ? dis-je en me retournant vers Falco.

— Cinquante hommes exactement, me répond t'il. Avec nous sept, on est une équipe de cinquante-sept. Au vu du délai, les autres ne pouvaient pas être là avant demain matin. Je pense qu'on est assez pour les coincer. A savoir que depuis la découverte de leur pote et l'inscription dans son dos, le bruit court que les rats quittent le navire. Une bonne soixantaine de gars se sont déjà fait la malle. Donc si ce p'tit dealer de merde, nous a dit la vérité avant de passer l'arme à gauche, il resterait une quarantaine de mecs.

— Ok, on est donc en surnombre. Parfait, Allan, déplie-nous le plan qu'on puisse se mettre d'accord sur la prise de poste de chacun. Pas de mort ce soir, du moins pas chez nous ! J'suis assez clair ? Le seul sang qui doit couler, c'est le leur et vous me laissez le privilège de me charger personnellement de ce petit enfoiré de chef de gang de mes deux. Ce Perez à la mords moi le nœud, je vais lui faire bouffer ses castagnettes ! Et leur gang de « Tango dinamita », c'est moi qui vais le dynamiter.

Une fois les postes distribués, on quitte la base avec nos glocks et nos bécanes. Bellmead se situe à vingt minutes de notre QG au Nord-Est de Waco. On arrive proche des lieux à minuit dix pour être précis. On se gare à l'écart pour ne pas révéler notre présence. On est à l'extérieur de la ville et le hangar est en retrait de la route. La pluie et le vent vont être nos alliés. Ça fera assez de bruit sur la tôle du bâtiment ainsi qu’à l'intérieur, pour qu'ils ne nous entendent pas débarquer. On a cinquante mètres à parcourir jusqu'à la porte. La nuit est noire ce soir, on va pouvoir se faufiler sans être vu. On dirait des débutants, ils n'ont même pas mis une surveillance extérieur.... ou alors, ils sont sûrs de leur planque et se croient à l'abri... ou mieux encore, ils sont tout simplement, abrutis. Notre guetteur posté là depuis quelques heures, nous a averti que tout le monde était arrivé, il y a environ une demi-heure. Il nous confirme également qu'il y a trente-neuf personnes exactement, dont le fameux Perez. On se met en place en marchant le dos courbé vers l'entrée. Chacun prend sa place aux différentes sorties. Nous avons tous notre cuir sur le dos représentant notre club et sa devise. Notre emblème, c'est une tête de mort avec deux poignards traversant le crâne de chaque côté, une lettre majuscule dans chaque orbite SD pour « Sudden Death » et notre maxime « Your war is my war, for traitor it's Sudden Death » soit "ta guerre est ma guerre, pour les traîtres c'est la mort subite". Les oreillettes en place, Jim nous indique que tout est ok. Il a mis son drone en renfort pour surveiller toutes les sorties. Si quelqu'un tente de s'échapper, trois gars sont restés sur les extérieurs pour les cueillir. Personne ne sort vivant de là. Pas de témoin, pas de problème ! L’assaut est donné à minuit trente. Tout se passe relativement vite. La salle de réunion étant en plein centre du hangar. Les novices ! Des grandes tables alignées et des chaises autour.

A notre entrée, les flingues se déchaînent, ça tire dans tous les coins. Mes gars ont fait irruption par les autres portes, après en avoir percé les barillet, les prenant en sandwichs. Ils se planquent derrière les tables après les avoir renversées, faible consolation pour eux, elles ne sont pas blindées et nos balles finissent par traverser le bois. Je vois Perez essayant de ramper vers une pièce à l'arrière, en se protégeant d'une chaise en métal. Mais une chaise ne protège pas les jambes donc je lui tire une balle dans le genou. Il pousse un hurlement, punaise quel gang de pacotilles. Ça veut s'appeler « Tango Dinamita » et il fuit dès que ça chauffe. Sans blague, il les a où ses coucougnettes cet abruti. J'crois que je n’aurais pas grand-chose à lui faire bouffer. Il s'écroule au sol en geignant comme une truie.

— Attends mec, me dit-il en tendant le bras vers moi protégeant ainsi son visage, j'savais pas que tu détenais la ville de Waco ! On allait se barrer ! On faisait cette réunion pour prévoir notre départ !

— Ah ouais ? T'allais te barrer ? c'est pas vraiment ce qu'on a entendu pourtant. Tu voulais « nous fumer tous un par un, en commençant par les femmes et les gosses » ! Ce sont bien tes propres mots Ducon.

— Hein ? Quoi ? beugle t'il maintenant, transpirant et rampant sur les fesses pensant se carapater.

Il rêve.

— Et ouais mon pote, tu devrais faire attention quand t'embauches du personnel, ils sont un peu trop bavards avec leurs consommateurs, et les consommateurs sont des fiottes en général, ils ne veulent pas d’ennuis, juste leur dose. Tu comprends sombre idiot que tu es !

— Non Non Non ! Je n’ai jamais voulu faire ça, c'est des conneries putain ! C'est des putains de conneries ! Pitié mec.

— Ah non ! Tu ne vas pas me dire que c'est tout ce que tu as dans le froc ?, je m'étais fait une fête d'une bonne baston et c'est tout ? C'est tout ce que tu m'offres ? Tu geins comme une gonzesse, tu pleures comme une truie et tu meugles comme une vache...Tous les animaux de la ferme presque ! Sauf que j'aurai préféré avoir un coq en face, fier de son gang, un taureau prêt à se battre... Pff... Décevant... vraiment décevant... Dommage.

Je recharge mon glock et engage une balle dans la chambre.

— Attends mec... on peut peut-être trouver un terrain d'ent...

Boum, il est mort, une balle entre les deux yeux, ma signature. Inutile qu'il use plus sa salive et qu'il me brise les tympans. C'était vraiment un petit joueur, j'suis pas étonné qu'il soit parti si vite du Mexique. Une vraie fiotte ce mec. Je pose mon doigt sur mon oreillette, rapprochant aussi le micro de mes lèvres.

— Bon les gars, pour moi tout est ok et vous ?

— Terrain complètement dégagé, plus rien ne bouge, ni ne respire, m'indiquent les gars chacun leur tour.

— Parfait, brûlez-moi tout ça, qu'il ne reste plus rien de récupérable ! Falco on décale. Les autres on se revoit dimanche, j'vous laisse le reste de la semaine pour glander.

Anton me rattrape.

— Eh Préz, Lucía a accepté la chambre de Cathy ?

— No stress mon pote, je ne l’ai pas encore vue mais je vais lui proposer dès que j'arrive au club. Rentre chez toi et repose-toi. Tu bosses demain et il est déjà trois heures du mat. Il fait un temps de chien en plus, on est tous trempés comme des soupes. J'espère que notre brasier ne va pas s'éteindre de sitôt.

— T'inquiète avec les litres d'essence déversés, il faudrait un miracle pour que ça s'arrête de suite même avec l'intervention des pompiers. Et d'ici là, à l'intérieur, il ne restera plus que des cendres. Allez à demain Préz. Bonne nuit mon lapin !

— Imbécile ! lui dis-je.

Y'en a que deux qui peuvent me chambrer comme ça. Avec Anton, on se connaît depuis qu'on a treize ans. On a fait les quatre cents coups ensemble. Je l’ai sauvé d’un lynchage qu’une bande d’homophobe avait prévu. On ne s’est plus jamais quitté, il a ma confiance absolue. Le fait qu’il soit gay n'est pas un problème pour moi. Tout le monde a le droit de vivre. De plus, soyons clair, non seulement on ne choisit pas de devenir gay, on l'est ou pas. Par contre, l'avantage pour moi, c'est qu'il ne risquait pas de me piquer mes conquêtes !

Je remonte sur ma bécane et file au club pendant que Falco rejoint notre QG. Quinze minutes plus tard, je gare ma Harley derrière mais cette fois-ci à l'abri de la pluie, dans un des garages que possède mon club. Je rentre et retourne direct dans mon bureau. J'ai des fringues propres et sèches ici, c'est ma deuxième maison. Si je me mets la tête à l'envers, au moins j'ai une piaule qui m'attend à l'étage. Parfois, les cauchemars refont surface et un verre de Rumble après l'autre, je finis carpette. Je n’ai toujours pas retrouvé le membre de ma famille ! Mais je n’arrêterais jamais de chercher ! Je vais retourner chaque mètre carré de chaque région mais j'y arriverai, je m'en suis fait la promesse ! Quand les souvenirs ne veulent pas se faire la malle, c'est la bouteille qui y passe. Dans ces moments-là, il vaut mieux que personne ne me cherche des noises. Personne.

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