Chapitre 15
Sandie
Nos regards ne se lâchent plus, comme figés dans le temps. Nos respirations se calent l'une avec l'autre. Les bruits de la tempête extérieure ne nous atteignent plus. Nous sommes comme dans une bulle. Je sens mon cœur battre entre mes cuisses et de l'humidité s'y accumuler. Je ne sais pas avec quoi je pense mais certainement pas avec mon cerveau, sinon j'aurai pris la pleine mesure du risque que je prends, lorsque mes paroles vont plus vite que mes pensées.
— Vous voulez monter boire un verre, il me reste une bouteille de Texas tempranillo en rouge.
— Tu es une amatrice de vin rouge ?
— Euh... oui... entre autres, c'est un peu mon pécher mignon, lui réponds-je dans un petit sourire discret, avec le mojito.
— Ce sera avec plaisir alors.
Ok, les dés sont jetés, ma cocotte ! tu as lancé l’appât ne viens pas pleurer lorsqu'il mordra. Humm... mordre en voilà une riche idée... c'est existant de l'imaginer croquer ma chair, à l'intérieur de mes cuisses et en remontant... oh punaise... faut que j'arrête de suite. Mon bouton de plaisir me fait un mal de chien tellement il est tendu. Au moindre effleurement, j'explose, on dirait une ado avec les hormones en furie !
Arrivée devant ma porte, je glisse mon pass et la déverrouille.
— Entrez, dis-je, ben voici ma chambre de luxe !
— Ouais, je ne sais pas comment tu as fait pour dégoter un truc pareil, mais t'as tiré le gros lot.
— En fait, je ne connaissais pas la région et le prix était très attractif. C'est en arrivant que j'ai compris pourquoi.
— Hum...
— Mais allez-y, finissez de rentrer. Vous pouvez déposer votre blouson sur la chaise à votre droite. Je reviens de suite, je vais enfiler quelque chose de sec.
Il ferme la porte derrière lui et j'entends le verrou tourner. Aïe, il ne compte pas partir de suite ou a peur d'un voleur, mais cette deuxième solution est complètement grotesque. Donc, c'est un signe qu'il va s'attarder, bon ou mauvais, on verra.
Je rentre dans la salle de bains, me sèche vite fait les cheveux en prenant soin de ne pas virer ma perruque, enfile mon pyjama pilou pilou. Je n'ai rien d'autre de plus sexy et en même temps, il ne faut pas qu'il croit, que je l'ai fait monter pour lui sauter dessus... quoi que...
Je finis par ressortir. A son regard, je vois que mon pyjama le fait marrer. Il a déposé son cuir sur la chaise comme je lui ai indiqué. Au dos de ce dernier se trouve leur emblème, magnifique. Par contre, je vois qu'il porte un holster avec une arme contre son flanc gauche. J'en déglutis.
— Intéressant, dit-il.
— Euh... désolée, j'ai pris le premier truc que j'avais sous la main dans cet espace.
— Eres una mujer muy misteriosa. Dices que eres de mexico pero no sabes el idioma*, me dit-il en s'avançant vers moi, tel un prédateur et moi reculant bien entendu me sentant la proie.
Ça commence à sentir très très mauvais pour toi ma fille. Il continue son bavardage dans une langue qui m'est complètement inconnue.
— Quien eres, Tigresa ? Por qué estás aquí ? poursuit-il, Usted no me contesta Tigresa* ?
Ses yeux sont devenus orage, le désir que j'y lisais quelques minutes plus tôt dans la voiture a disparu. Que dois-je faire ? Le laisser encore s'approcher pour savoir ce qu'il va me faire ou me défendre comme je l'ai appris et le mettre au tapis car je suis sûre d'une chose, il ne se doute pas que je connais diverses techniques d'arts martiaux. Instinctivement, je me mets en position avant qu'il ne soit trop près, jambe arrière fléchie, le poids du corps appuyé à soixante-dix pour cent dessus, genou écarté à quatre-vingt-dix degrés vers l'extérieur, le pied dans la même direction. Ma jambe avant, pointe vers l'avant et est légèrement pliée, en appuie sur l'avant du pied, talon effleurant le sol. Mes hanches et mes épaules sont de trois quart face, le dos droit, le bassin plat ni vers l'avant ni vers l'arrière. Le bras gauche tendu vers l'avant, le coude légèrement plié, le bras droit en arrière, contre mon flan prend la même position. Je suis prête à toutes attaques. Ce que je vois par contre, me percute, mon cœur s'affole, Ghost vient de prendre la même position que moi. Mince, j'aurai dû me douter qu'il savait également se battre.
— Veux-tu vraiment me mettre au défi ? me dit-il en relevant légèrement le sourcil droit. J'ai dix ans de combat derrière moi et toi ?
— Quatre mais les années ne comptent pas, c’est la détermination que l’on met dans chaque coups.
Ok, là c'est chaud pour moi, je sens de la sueur froide me descendre le long de la colonne, j'ai l'impression d'avoir une boule énorme au fond de la gorge. Il se rapproche de moi, en prenant cette fois-ci une position d'attaque. Bon sang, j’ai beau faire la bravache, je suis sûre qu’il peut me mettre au tapis, malgré ce que je viens de lui dire ! J'ai peur bordel, comme je n'ai plus eu peur depuis des années. Ma respiration se fait courte.
— Alors Tigresa, que décides-tu ? Je sais que tu sais te défendre, je l'ai entre aperçu au club. Je ne veux pas te faire de mal, enfin, sauf si tu m'y obliges, je veux simplement comprendre qui tu es et pourquoi une mexicaine ne connaît pas sa langue natale ? me dit-il avec un léger rictus.
Ok, j'abdique, je sais qu'il ne me fera aucun mal, je l'ai vu dans son regard, ma position l'a d'abord amusé et s'il avait voulu, il pouvait simplement me pointer son pétard sous le nez.
— Ok ! dis-je, je reconnais que je ne parle pas du tout espagnol. Vraiment désolée d'avoir menti mais ce n'est pas ce que vous croyez.
— Et que crois-tu que je pense, Tigresa ?
— Je ne sais pas moi, que je suis une infiltrée pour découvrir tous vos petits secrets ? réponds-je
— Et c'est le cas ?
— Non non ! bien sûr que Non ! je… je me planque ok ! crié-je, ça te va ?
Je suis passée au tutoiement au vu de la situation actuelle, le vouvoiement me paraît ridicule.
— Je ne suis pas recherchée par les flics, je ne me suis pas, non plus, échappée de prison si ça peut te rassurer... euh... ou pas..., dis-je plus bas, mais je ne suis pas une criminelle non plus.
Les larmes commencent à envahir mes yeux mais il est hors de question qu'elles débordent. Il est maintenant proche de moi, je dirais même très proche puisque son torse est presque collé au mien. Il avance sa main vers moi et je baisse les yeux. Mon dieu, j'suis morte ! Mais un de ses doigts soulève mon menton, pour que nos yeux se trouvent et s'accrochent.
— Ok, sourit-il, donc pas de passé criminel, pas recherchée par les flics, énumère t'il, pas évadée non plus, que des bons points alors ? Mais que fuis-tu ?
— Je ne peux pas t'en parler… maintenant... je suis désolée. Ce n'est pas que je ne veux pas mais je ne peux tout simplement pas... je...
Mes derniers mots sont happés par ses lèvres qui viennent s'écraser contre les miennes. Il profite de ma surprise, pour glisser sa langue entre mes dents, venant à la rencontre de la mienne. Il la titille, mordille ensuite ma lèvre inférieure en poussant quelques grognements rauques, ce qui me provoque une douleur sourde entre les jambes, que je resserre instinctivement. Au bout de quelques secondes, je réponds à son baiser, mon visage se penche, permettant ainsi une meilleure pénétration de sa langue, un baiser plus profond. Elles se cherchent, se trouvent, se mélangent dans une danse endiablée. Ses mains agrippent mes hanches et descendent vers mes fesses. Cette fois-ci, c'est moi qui pousse des gémissements. Je passe mes bras derrière son cou et agrippe ses cheveux. Il me soulève, mes jambes viennent s'enrouler naturellement autour de sa taille. Je sens son érection contre la fermeture éclair de son jeans. Fermeture éclair qui frotte sur le fin tissu de mon pyjama et se répercute sur mon intimité déjà en fusion. Rien que le frottement de nos deux corps pourrait me faire jouir ! J'suis vraiment en manque.
Des gémissements s'échappent de ma bouche comparable au grognement de la sienne, ils sont de plus en plus forts. Nous sommes aimantés, soudés, rien ne semble nous séparer. Il me porte jusqu'au bord du lit où il me dépose, ses lèvres toujours collées aux miennes. Nos mains se palpent, se découvrent… J'attrape le haut de son tee-shirt pour le lui retirer, mais son holster, bloque ma progression. Il se charge de le détacher et le fait tomber dans un bruit sourd sur le sol. Je reprends donc mon effeuillage, il est maintenant torse-nu devant moi et j'en salive. De vraies plaquettes de chocolat, nom d’un petit bonhomme en mousse. Son torse est recouvert d'une toison sombre. Mes mains glissent sur son torse et descendent vers le V que dessine son jeans, que je commence à déboutonner pour pouvoir avoir accès à l'objet de ma convoitise.
— Pas si vite Tigresa ! Je vais me retrouver à poils avant que je n'ai eu le temps de te retirer un seul morceau de tissu. Tu es encore beaucoup trop couverte, dit-il, ses lèvres abandonnant une nouvelle fois les miennes.
Il joint le geste à la parole, soulève mon haut de pyjama tout en parcourant de ses baisers mon corps, en partant de mon nombril et en remontant vers mes seins. Je prends soin de laisser mon dos, contre le matelas. Une fois mon haut lancé au sol, il suspend son geste. Mince... il veut me tuer ou quoi ? Il faut qu'il continue ! Je relève mes yeux vers lui, les ayant descendus vers l'ouverture de son jeans et rencontre son regard. Ses yeux me fixent exprimant comme de la … surprise ? J'ai un bouton sur le front ou quoi ?
— As-tu d'autres secrets comme celui-ci à me dévoiler ?
L'incompréhension doit se lire sur mon visage car il reprend.
— Je savais que le roux ne pouvait pas aller avec une si belle peau mate.
Oh purée de moine ! ma perruque a dû se faire la malle. Je porte immédiatement ma main à mes cheveux. Grotte, zut, flute ! la séance de baise va t'elle s'interrompre là ?
— Brune, reprend t'il, cela te va mieux. Dommage de les cacher mais je suppose que ça fait partie de la panoplie de cette mystérieuse histoire ?
Je ne dis mot. Préférant le silence, que pourrais je dire de toute façon.
— Tes mots sont sans nul doute sans équivoque. Que me cache encore ce corps ?
Je pâlis, je sais moi ce qu'il cache encore et qu'il ne voit pas. Me fuira t'il lorsqu'il l'aura découvert ? Fera t'il comme les autres ? Aura t'il cet air dégoutté en me regardant ? Je ne vais pas tarder à le savoir s’il me retourne sur le ventre. L’avenir nous le dira.
Lexique :
* Eres una mujer muy misteriosa. Dices que eres de mexico pero no sabes el idioma : tu es une femme très mystérieuse. Tu dis que tu viens du Mexique mais tu ne connais pas la langue
* Quien eres, Tigresa ? Por qué estás aquí ? Usted no me contesta Tigresa ? : qui es-tu Tigresse? Pourquoi es-tu ici ? Tu ne me réponds pas Tigresse ?
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