Chapitre 22
Ghost
— Bon sang, je t'ai enfin retrouvée, dis-je les larmes pleins les yeux.
Je suis bouleversé et en même temps, je suis l'homme le plus heureux du monde. Je suis comblé et complet, les deux femmes de ma vie réunies. Ma femme et ma sœur !
— Ghost ! m'interpelle Falco d'une voix sèche qui m'oblige à me détourner de ma sœur, que je tiens toujours dans les bras.
Elle ne m'a pas encore parlé mais on n'aura tout le temps après.
— Qu'est ce... mince Sandie ! Nini, dis-je doucement, Falco va prendre soin de toi le temps que je m'occupe de Sandie d'accord ?
Elle hoche la tête, donc je la dépose dans les bras de mon frère de cœur, pour me précipiter vers Sandie.
— Je te la confie mon pote, prends soin d'elle.
— Tu peux compter sur moi, répond t'il. Bon retour parmi nous ma puce, lui glisse t'il doucement dans l'oreille.
Je vois qu'il a les larmes aux yeux et que ma sœur laisse échapper les siennes, secouée à présent de sanglots. Je soulève Sandie dans mes bras. Elle est en mauvaise état, son épaule saigne, elle a la pommette enflée, les poignets et les chevilles abîmés par les fers. Nous remontons à la surface, sortons du club de ce psychopathe, pour monter dans les vans stationnés devant. Il fait nuit noire et on commence à entendre des sirènes au loin, il est temps de plier bagages. Lorsqu'ils vont débarquer, ils ne vont pas être déçus, on a fait un massacre, on a crevé tous ses enfoirés. Quinze mecs sont tombés sous nos feux, aucun n'en est ressorti vivant. Pour ceux qui restent, car je suppose que son gang n'était pas composé de quinze mecs, on les attend s'ils veulent venir se battre au Texas, mais j'ai mes contacts qui vont garder un œil sur eux et me prévenir en cas de mouvements.
Nous débarquons six heures plus tard sur le sol de Waco et nous nous dirigeons vers les vans où mes hommes nous attendent. J'ai Sandie dans mes bras, elle était exténuée et souffrait. Le doc lui a fait une piqûre d'anti douleurs, elle est tombée comme une masse et ne s’est toujours pas réveillée. Ma sœur quant à elle, était complètement déshydratée. Il a fallu qu'il la perfuse et l'endorme également, car elle faisait une crise de panique, en se balançant d'avant en arrière, assise sur le siège de l'avion, ses bras encerclant ses genoux, le menton posé dessus. Sa gorge laissant échapper comme une complainte sans en prononcer les mots. Un air que nous chantait ma mère quand on était petit et qui s'appelait « une chanson douce ». Tous les mots réconfortant que j'ai pu lui dire, tous les baisers que je lui ai déposé sur les yeux, le nez, les joues ne l'ont pas sortie de sa transe. Seul le sédatif l'a calmée et endormie.
Falco s'est occupé d'elle, je sais que sa disparition l'a énormément ébranlé tout comme moi, c'était comme sa petite sœur pour lui aussi, elle avait quinze ans lorsqu'il est arrivé au club, un an après avoir guéri de ses blessures.
Nous étions restés en contact et très proches. Je ne pouvais que lui proposer de nous rejoindre mon père et moi, si cela lui convenait. Ce qu'il a fait un an plus tard à l'âge de vingt-deux ans. Malgré le peu d'écart d'âge, entre Falco et ma sœur, sept ans pour être exact, il l'a prise sous son aile et une belle complicité est née entre eux. Il n'avait plus de famille et se retrouvait soudainement avec un « frère, une sœur et des parents » car oui, mes parents l'ont accueilli comme leur fils, dès le départ. A leur décès, nous étions tous les deux anéantis, nous avions déjà perdu notre sœur deux ans plus tôt et deux ans après, ils ont un accident à New York et ils brûlent dans leur voiture.
Nous arrivons au club avec tous deux les bras chargés. Lui de Nikita, moi de Sandie qui commence à se réveiller.
— Bonjour bébé, dis-je, comment te sens-tu ?
— Endormie, me dit-elle. Où sommes-nous ?
— Je t'ai ramenée au QG de notre club, dans ma chambre et dans mon lit, fais je avec un clin d'œil. Je vais te laisser dormir encore un peu, il n'est que sept heures du mat. Et si cela ne te dérange pas, je vais aller rejoindre ma sœur, elle est dans la chambre en face de la nôtre, au cas où tu aurais besoin de moi.
— Vas-y chico guapo, je t'en prie, cela fait six ans que tu attends, je peux te partager avec ta sœur le temps de vos retrouvailles.
Je me penche et viens lui déposer un baiser sur ses lèvres.
— Dors ma Tigresa, je reviendrai plus tard te réveiller et te faire couler un bon bain.
Ses paupières papillonnent, j'attends que sa respiration ralentisse m'indiquant qu'elle s'est assoupie. Je l'embrasse une dernière fois sur le front, à la racine de ses cheveux et quitte la chambre. Je traverse le couloir pour entrer doucement dans la chambre de ma sœur, la perfusion lui a été retirée juste avant que l’on atterrisse. Je vois que la lampe de chevet est allumée et que Falco est assis à ses côtés, lui tenant la main. Elle ne dort plus et regarde fixement le plafond. Il tourne la tête vers moi quand je pénètre dans la chambre, son regard me percute, je peux y lire tout le désespoir qui habite ses yeux. Toute la douleur que l'état de ma Nini lui provoque. Il a dû pleurer car ses yeux sont rougis. Je lui fais un signe de tête en me rapprochant, lui indiquant que je prends la suite. Il libère la main de ma sœur et la repose délicatement sur le matelas à côté de son corps frêle. Il se lève, me pose la main sur l'épaule puis sort de la pièce.
Je m'approche du lit.
— Nini, c'est moi mon ange, comment te sens -tu ?
Elle tourne le regard vers moi, ses yeux sont vides d'émotion et éteints. Je comprends Falco, c'est un coup de poignard en plein cœur que je prends, le néant l’habite, son corps est là mais où est son esprit ? Pour elle, je dois tenir, ne pas lui montrer ce que son état me fait.
— Ma princesse, je vais te faire couler un bain chaud, pour retirer toute cette odeur qui t'imprègne. Je vais essayer d'effacer ce cauchemar, même si je sais que cela prendra du temps. Tu veux bien ma princesse ?
Elle hoche doucement la tête. Je me dirige donc vers la salle de bains, ouvre les robinets pour commencer à remplir la baignoire. Je trouve dans son armoire de toilettes, des sels de bain, senteur orange pamplemousse, ses préférés. Personne n'a eu le droit de pénétrer dans sa chambre, à part pour y faire le ménage. Personne n'a eu le droit de toucher ne serait-ce qu'un de ses vêtements. J'ai créé cet espace pour elle, car je n'ai jamais perdu espoir de la retrouver. J'ai fait ramener toutes ses affaires ici et j'ai fait décorer sa chambre à l'identique de l'autre, pour qu'à son retour, elle ait ses repères afin de s'y sentir bien.
Une fois le bain prêt, je me dirige vers le lit, elle n'a pas bougé, regarde toujours le plafond, je me penche sur elle, lui indiquant doucement ce que je m'apprête à faire, pour qu'elle n'ait pas peur.
— Je vais te retirer ton jeans, sœurette puis te retirer ton sweat.
Je joins mes gestes à la parole. Je fais glisser son pantalon entraînant son string. Mon dieu on ne voit que les os de ses hanches, elle est rachitique. Je continue à la déshabiller.
— Je vais retirer maintenant ton sweat-shirt.
Au fur et à mesure que je soulève le tissu, pour le passer par-dessus sa tête, ce n'est qu'une vision d'horreur qui me prend aux tripes. J'ai un haut le cœur que je réfrène tellement en me mordant la lèvre inférieure, qu'un goût de sang envahit ma bouche. Ses côtes sont saillantes, on peut les compter. Je sens les larmes envahir mes yeux mais les refoulent du mieux que je peux, car elle ne me quitte pas des yeux et les siens sont vides. Son regard me fixe sans être vraiment là. Un abîme l'a engloutie. Je ne sais pas dans quelle sphère elle navigue, mais elle n'est pas dans cette chambre, sur ce lit à cet instant précis. Lorsque son sweat est à terre, je m'aperçois que ses bras ne sont pas plus épais que de gros bambous, je pourrais faire deux fois le tour avec ma main, j'en suis sûr. Je pourrais les briser si j'appuyais un peu trop fort, c'est l'effet que cela me fait. Elle ne porte pas de soutien-gorge. Je la soulève dans mes bras, elle est plus légère qu'une plume, je n'y avais pas fait attention lorsque je l'ai portée dans sa cellule, sa cellule pourrie ! Sa pourriture de cellule ! Je vais le faire souffrir. Le colis qu'on a ramené de Las Vegas c'est lui, Caleb Noslocin et sa mort va être longue et douloureuse. Pour l'instant, il est dans le hangar ficelé comme un saucisson.
Je plonge Nikita doucement dans l'eau chaude, son corps a un léger sursaut. L'odeur des sels de bain a envahi la salle de bains et lui tire un sourire discret et une larme dévale ses joues. Ma Nini est de nouveau parmi nous.
— Ça va aller mon ange, ça va aller, dis-je.
Je m’agenouille sur le tapis de bain puis m'empare de l'éponge de mer sur le coin de la baignoire, je verse une noisette de gel douche en son centre, il est dans la même flagrance que les sels de bain, orange et pamplemousse. Je commence à la passer sur son visage, en douceur, en lui disant de fermer les yeux. J’aperçois enfin sa véritable couleur de peau, son visage poussiéreux revient à la vie. Je lui demande ensuite de pencher la tête en arrière, puis lui nettoie ses longs cheveux, je dois faire plusieurs lavages car ils sont emmêlés et terreux. Je ne plains pas, non plus l’après shampoing, voulant délier tout cet entrelacs de mèches. Je continue de passer l'éponge sur tout le reste de son corps décharné. Je la relève délicatement, en me positionnant vers l’arrière de son dos et la maintiens penchée en avant, pour lui nettoyer ce dernier. Le choc me fait lâcher l'éponge au fond de la baignoire, un sifflement s'échappe de mes lèvres serrées, je découvre les mêmes striures que dans le dos de Sandie, des anciennes et des plus récentes, pas tout à fait cicatrisées, puisque des croûtes les recouvrent encore partiellement. Je comprends le soubresaut qu'elle a eu, lorsque son dos est entré en contact avec l'eau chaude. Je peux compter également ses vertèbres dans cette position-là, elles ressortent encore plus. Je récupère l'éponge échappée quelques secondes plus tôt, verse de nouveau du gel dessus et la frotte soigneusement, je sens sous mes doigts les bosses que ses os dessinent n'étant plus recouverts que de peau. Je vide ensuite l'eau du bain, récupère la pomme de douche, règle la température de l'eau un peu moins chaude, pour ne pas lui faire de nouveau mal et la rince. Je la soulève ensuite en la prenant sous les bras et les jambes qui sont elles aussi deux bâtons. On croirait qu'elle revient du tiers monde sauf que son ventre n'est pas gonflé comme les enfants d'Afrique mais tellement creux ! Son équilibre est précaire, lorsque je la pose sur ses pieds pour pouvoir l'essuyer, je l’assieds donc sur le rebord de la baignoire, l’enroule dans une grande serviette moelleuse pour la sécher puis attrape le tee-shirt de nuit que j'ai trouvé un peu plus tôt dans son armoire et lui enfile. On dirait une robe à présent, il doit faire deux fois sa taille. Je la reprends de nouveau dans les bras et la dépose au centre du lit.
Je vois que Falco a dû demander à Rosa de venir changer les draps, le temps que je nettoie ma sœur car le lit a été refait. Il est ouvert sur un côté, pour que je puisse la glisser sous la couette. Je la recouvre et l'embrasse sur le front. Je m'allonge à ses côtés, la prend dans mes bras pour la coller contre mon torse, son visage posé sur mon épaule et tout en lui caressant les cheveux, je me mets à chantonner la chanson qu’elle fredonnait dans l’avion, la chanson de notre mère, c’est une chanson française. Une larme perle au coin de ses yeux.
« *Une chanson douce
Que me chantait ma maman,
En suçant mon pouce
J'écoutais en m'endormant.
Cette chanson douce,
Je veux la chanter pour toi.
Car ta peau est douce,
Comme la mousse des bois.
La petite biche est aux abois,
Dans le bois se cache le loup,
Hou hou hou hou.
Mais le brave chevalier passa,
Il prit la biche dans ses bras,
La la la la.
La petite biche,
Ce sera toi si tu veux,
Le loup on s'en fiche,
Contre lui nous serons deux.
Une chanson douce,
Que me chantait ma maman.
Une chanson douce,
Pour tous les petits enfants.
Oh le joli conte que voilà,
La biche en femme se changea,
La la la la,
Et dans les bras du beau chevalier
Belle princesse elle est restée,
À tout jamais.
La belle princesse,
Avait tes jolis cheveux,
La même caresse,
Se lit au fond de tes yeux.
Cette chanson douce,
Je veux la chanter aussi,
Pour toi, ô ma douce,
Jusqu'à la fin de ma vie
Jusqu'à la fin de ma vie...
Son souffle s'est fait léger et ses paupières ont fini par se fermer. J'attends encore un peu et me retire doucement. Lorsque j'ouvre la porte, Falco est appuyé sur le mur d'en face et me regarde. Je me dirige vers lui, pose mon front contre son épaule puis craque complètement et en silence. Mon corps est parcouru de secousses dues aux larmes que je ne peux plus retenir. Je tremble de tous mes membres. Mon ami, mon frère de cœur, m'emprisonne de ses bras et je sens que ses larmes viennent tremper également mon épaule. Nous sommes tous deux dévastés par le chagrin. Je me recule et lui dis dans un murmure entre mes dents serrées, le nez coulant et les larmes continuant à s'échapper.
— Elle n'a que la peau sur les os putain ! Que la peau sur les os !
Mes jambes vacillent et il me soutient.
— On va lui faire payer mon frère, on va lui faire payer ! me dit Falco
— Est-ce que tu voudrais bien veiller sur son sommeil, pour que je puisse m'occuper de Sandie maintenant, elle aussi, a besoin d'un bon bain pour effacer cette odeur de mort.
— Oui bien sûr, tu sais que je l'aime, je ne la quitterai pas des yeux jusqu'à ce qu'elle se sente en sécurité. Tu as ma parole.
— Je n'ai pas besoin de ta parole, je sais que je peux compter sur toi.
On se prend une nouvelle fois dans les bras mais dans une étreinte plus virile cette fois-ci, en se frappant chacun le dos.
— Tu peux demander à Rosa de faire la même chose pour mon lit, je vais aider Sandie à se laver.
— Je l'appelle tout de suite.
Je rentre doucement dans la chambre au cas où Sandie dormirait encore. Elle dort, en effet, mais elle s'agite dans son sommeil et commence à parler. Je m'approche doucement d'elle et lui caresse les cheveux.
— Sandie... chut… c'est un cauchemar, reviens moi Sandie, c'est Chris mon amour... reviens.
Elle papillonne des yeux et nos regards s'accrochent. Elle se jette à mon cou en pleurant.
— Chut... là... doucement... je suis là, il ne t'arrivera plus rien maintenant, je te le promets, c'est fini.
— Comment va ta sœur, dit-elle en reniflant.
— Elle s'est endormie et Falco veille sur elle.
— Ah ok, la pauvre. Tu sais, je l'ai vue il y a six ans, j'ai essayé de prévenir les flics mais je suis tombée sur celui à la solde de Caleb, il m'a menacée. J'ai eu peur mais si j'avais su ce qu'elle vivait, dit-elle les sanglots recommençant à la secouer. Si seulement je l'avais su plus tôt, j'aurais peut-être pu faire plus... J'aurais...
— ... tu ne savais pas et tu étais seule, mais tout est terminé maintenant, elle est rentrée et toi aussi
— Oui mais... si je m'étais intéressée à la personne que tu avais l'air d'avoir perdue... si je t'avais interrogé... si...
— ... si rien du tout, Tigresa, je t'aurais peut-être envoyé bouler car c'était un sujet qui m'arrachait le cœur. J'avais échoué à la retrouver et grâce à toi, oui tu entends bien, grâce à toi, je l'ai enfin retrouvée et pour ça, je t'en serais éternellement reconnaissant. Cela va prendre du temps mais elle va se relever. Ma sœur est une battante, elle a toujours été une battante. Maintenant, viens avec moi, fais je lorsque j'entends frapper doucement à la porte, Rosa va changer les draps le temps que tu prennes ton bain. Rentre Rosa !
— Je soulève Sandie dans mes bras et la porte à la salle de bain.
— Tu sais que je peux marcher ? dit-elle
— Maintenant que je te tiens, je n'ai plus envie de te lâcher.
Au moment où je la pose sur ses pieds pour pouvoir la déshabiller, elle est prise d'un haut le cœur et se précipite vers les toilettes.
— Pardon, dit-elle.
— Eh ! Ce n'est rien, tu as vécu des choses pas faciles ces dernières quarante-huit heures, c'est normal, le stress et le reste, ton corps évacue.
Je lui maintiens les cheveux pour qu'elle puisse soulager son estomac sans se soucier de les salir.
— Ça va mieux ?
— Oui merci.
— Allez viens, on va te laver.
Je la déshabille puis je fais tomber également mes fringues sur le sol. Nous entrons dans la douche où je règle la température pour que le jet soit chaud avant de passer dessous. Je fais attention de ne pas mouiller son nouveau bandage sinon le doc va me tuer. La buée commence à envahir la pièce. Doucement, je saisis l'éponge de mer, ajoute une noisette de gel douche à la lavande et commence à lui frotter le dos en descendant jusqu'à ses chevilles, puis je la retourne et reprends mon nettoyage. Elle ferme les yeux, je lui applique l'éponge sur le visage et la fait glisser, en continuant ma descente pour enlever cette terre battue qui lui colle à la peau. Je suis les lignes de son cou, arrive sur sa poitrine. Ses tétons pointent et un gémissement s'échappe de ses lèvres. Je continue vers son nombril, évite son mont de vénus, ce qui me vaut un petit son de mécontentement et me tire un sourire. Je descends sur ses jambes, ses chevilles puis remonte en prenant le même chemin et viens frotter son sexe avec l'éponge.
— Oh oui, dit-elle, continue.
— Ne serais-tu pas fatiguée, mon amour ?
— Non, continue s'il te plaît.
— Je ne sais pas si c'est très raisonnable.
— Allez ! continue, couine t'elle en frottant son sexe contre l'éponge, je m’en fous du raisonnable ! J'en ai besoin, s'il te plaît, fais-moi oublier.
— Dit comme ça, je ne peux que me plier aux exigences de ma Tigresa, dis-je avec un sourire.
Je retire l'éponge, l'eau chaude continue à se déverser sur nos corps et évacuer toutes les petites bulles de gel douche encore présentes. Je m'agenouille et pose mes lèvres sur son paradis, tout en lui posant sa jambe droite sur mon épaule. Elle se maintient comme elle peut, aux parois de la douche.
— Oh oui ! dit-elle
Je la titille avec ma langue, la suçote, l'aspire et finis par glisser un doigt en elle puis un deuxième. Ma queue est dure et commence à me faire mal, tant le désir est présent. Je n'ai qu'une envie, la prendre contre ce mur de faïence. Je sens son vagin se serrer sur mes doigts, comme pris dans un étau.
— Continue, oui... j'y suis presque...
Je continue mes allers-retours dans son antre, puis ajoute mon pouce sur son bourgeon gorgé de désir, je le frotte.
— Oui... oui ! crie t'elle lorsque l'orgasme la submerge. Je lèche et aspire son nectar puis me relève en déposant sa jambe pour venir m'emparer de ses lèvres. Sa main se saisit de ma verge puis commence à faire doucement, des allées et venues sur sa longueur.
— Oh non ma jolie... j'ai d'autres projets pour nous deux.
J'attrape de nouveau sa jambe que je pose cette fois-ci sur ma hanche et me dirige vers son intimité. Mon gland à l'orée de son paradis, je la pénètre en douceur m'imprégnant de toutes les sensations que ses parois exercent sur mon braquemard.
— Oh bon sang Tigresa, c'est si bon ma belle… non ne vas pas trop vite, la supplié je quand son bassin se met en mouvement venant à la rencontre du mien. Attends ! Attends ! sinon je ne vais pas tenir longtemps si tu continues comme ça.
— J'en peux plus d'attendre, viens avec moi chico guapo.
Et là je craque, l'entendre prononcer ce petit mot doux qui avait commencé comme une plaisanterie et qui tout compte fait est resté, me fait vriller.Je lui donne coup de butoirs sur coup de butoirs, m'enfonçant jusqu'à la garde et l'orgasme nous saisit tous les deux au même moment. Je reste logé en elle encore quelques instants, dégustant ce moment le plus longtemps possible, jusqu'à ce que l'eau devienne froide, nous sortant de notre bulle.
— Punaise, le préservatif ! t'as pas mis de préservatif !
— Oh bon sang ! réponds-je, ça fait deux fois voire trois que ça m'arrive avec toi, d'habitude jamais...
— ...quoi ? me coupe t'elle, qu'est-ce que tu viens de dire ? Ça fait deux fois ou trois fois ? Comment ça deux ou trois fois ?
— Euh... ben, la toute première fois qu'on a fait l'amour à l'hôtel, enfin plutôt la deuxième fois, non la troisième. La deuxième le préservatif a pété. Tu venais de te livrer à moi sur ton passé et on s'est laissé un peu emporter, dis-je la bouche légèrement courbée dans une grimace de désolation.
Elle me fixe toujours la bouche ouverte en un grand O.
— Oh nom d’un petit bonhomme en mousse... Oh nom d’un canard vibrant ! dit-elle
Elle chope la serviette de bain, s'enroule dedans si vite que je n'ai pas le temps de réagir, puis sort comme une furie, se dirigeant vers la commode pour me piquer un tee-shirt, vu que ses vêtements ne sont pas encore arrivés jusqu'ici. Je le lui prends des mains pour la calmer.
— Eh Tigresa, ce n’est pas grave, on va aller chercher la pilule du lendemain, t'inquiète.
— T'inquiète ?... t'inquiète ! Mais ce n’est pas la pilule du lendemain qu'on va aller récupérer, répète t'elle en commençant à monter dans les aigus, s’affolant et élevant encore plus la voix, c'est un TEST DE GROSSESSE BON SANG !
— Hein ? Quoi ? Quand même Tigresa, je sais que tu as eu des évènements traumatisants mais on ne peut pas faire un test de grossesse une heure après un rapport non protégé. Je n'y connais pas grand-chose mais je pense qu'il est trop tôt, ris-je.
— Trop tôt ? Trop tôt ! TROP TARD OUI !
— Eh ! Calme-toi, tu es en train de paniquer pour...
—... un mois, tu réalises, tu viens de m'annoncer qu'on ne s'était pas protégé il y a un mois. Y'a rien qui te choque, dit-elle plus calmement, trop calmement d'ailleurs.
Ses yeux font des allers-retours dans ses orbites, comme si elle essayait de se rappeler quelque chose.
— Les nausées, reprend t'elle, ça te parle ?
— Oh nom d’un chien, c'est pas vrai ?
— Ben... si, je crois que c'est vrai, me dit -elle les larmes aux yeux. Je suis tellement désolée... j'aurais dû prendre un moyen de contraception, je n’aurais pas dû faire confiance à du plastique... c'est de ma faute… mais tu n'es pas obligé de le reconnaître... tu sais... je vais le garder… je crois… oui, je vais le garder… mais je ne veux pas te l'imposer... je ...
Je me jette sur sa bouche pour arrêter ce flot incessant de paroles puis me recule, mes mains posées sur ses épaules.
— Je... vais… être... papa ? C'est ça hein ? Je vais être papa ! dis-je un grand sourire aux lèvres.
Et alors que toutes les expressions passent sur son visage de la peine à la surprise, moi je suis complètement euphorique.
— Je vais être papa bon sang ! Je viens de retrouver ma sœur et ma femme... ma femme, ça sonne plutôt bien, tu ne trouves pas ? Je vais avoir une famille, ma famille ! J'suis le plus heureux des hommes. Épouse-moi !
— Quoi ?... quoi ?… euh... tu n'es pas sérieux ?
— Oh que si, je suis plus que sérieux ! Tu es la femme de ma vie, la peur de t'avoir perdue a bien failli me briser le cœur, j'ai cru que le monde s'écroulait autour de moi, je ne savais pas si j'allais m'en relever. Alors oui, je suis sérieux. Je t'aime bon sang ! Je t'aime à en crever ! Je ne peux plus me passer de toi ! Comme un poisson aime l'eau ! Sans toi, je suis comme un oiseau sans aile ! Alors non, tu ne m'imposeras pas notre enfant car je le veux plus que tout. Un morceau de toi et de moi. Et oui, c'est vrai qu'on ne se connaît que depuis quoi ? Deux mois ? Mais je m'en bats les burnes, car je sais que c'est toi et personne d'autres, tu comprends ?
Je vois les larmes envahirent ses yeux, elle me regarde la bouche ouverte.
— Euh... tu comptes me refaire le coup du poisson ou tu vas me répondre ? Veux-tu devenir Madame Sandie Nicolson ?
— Oui ! crie t'elle en se jetant dans mes bras, oui je le veux !
Elle m'embrasse le visage, en le parsemant de multiples petits baisers sur mes yeux, mes joues, mon nez, ma bouche. Aucune partie n'est épargnée et moi je ris, je ris. On finit par tomber à la renverse sur le lit, elle sur moi, nous sommes nus comme des vers et mon pénis se réveille de nouveau.
— Ça te dirait de fêter ça ? dis-je en haussant mes sourcils plusieurs fois et en lui désignant ma queue au garde à vous.
— Je n'en attendais pas moins.
Deux heures plus tard, repus et heureux, nous finissons après un deuxième passage sous la douche, par sortir de notre chambre et descendre à la cuisine pour déjeuner. Nos estomacs ayant crié famine après nos galipettes répétées. Arrivés à destination, je vois Falco avec un plateau sur lequel est disposé une tasse de thé, un verre de jus d'orange et deux pancakes avec du sirop d'érable. Je comprends que c'est pour ma sœur.
— Comment va t'elle ? dis-je, le visage fermé.
— Elle a fait plusieurs cauchemars mais j'ai réussi à l'apaiser et maintenant qu'elle est réveillée, je compte bien l'engraisser, me dit-il avec un clin d'œil.
— Merci mon pote mais tu crois qu'avec deux pancakes, tu vas la rassasier.
— Le doc a précisé qu'il fallait lui donner de petites quantités au départ, au vu du manque qu'elle a eu. Il faut que son organisme reprenne doucement les bonnes habitudes.
— Ok, fais comme tu penses mais… il faut qu'on s'occupe du colis ce matin. Plus vite il sera expédié, plus vite tout cela sera oublié.
— T'as raison mon frère, j'enverrai Rosa lui tenir compagnie le temps de régler notre problème.
Rosa c'est un peu notre maman à tous. Je la connais depuis…toujours en fait, elle était aux services de mes parents et est tout naturellement restée au mien, à leur décès. Elle doit faire un mètre cinquante, peser cent dix kilos. Une boule de tendresse sur pattes. Elle est mate de peau, les cheveux noirs tirés dans un chignon serré, les yeux marron foncé, des lèvres pleines et un nez écrasé. Je l'adore. Toujours là dans les bons et les mauvais moments. Elle a soixante ans et est rentrée aux services de mes parents à l'âge de vingt ans. Immigrée, arrivant sans bagage du Mexique, elle a atterri devant le portail de notre QG, pour demander un peu de pain. Mes parents l'on fait entrer pour lui offrir un bon repas mais elle n'est jamais repartie. Elle m'a appris l'espagnol, c'est pour cela que je le parle si bien.
Sandie et moi, nous installons autour de l'îlot central. Rosa revient du cellier et nous sourit.
— Hola Señora, como està ? Y tú señor Chri-Chri ?
C'est la seule à m'appeler comme ça. Sandie ne peut retenir un sourire. Personne ne s’amuse à se moquer de moi ou de la parodier, sinon ils savent ce qui leur en coûteraient.
— Muy bien Rosa, muy bien ! Mais tu sais Sandie ne comprend pas l'espagnol.
— Oh, excusez-moi. Je vous demandais comment vous alliez. Vous voulez du café, nous propose t'elle, j'en ai du tout frais. Tenez !
Elle joint le geste à la parole et nous sert deux grandes tasses.
— Je vais vous faire des pancakes et vous avez aussi des croissants et des pains au chocolat. Mangez ! Vous en avez besoin señora, vous êtes toute maigre.
— Merci Madame, dit Sandie.
— holà señora, mi primer nombre es Rosa.
— Son prénom est Rosa, corrigé-je.
— ah... oh... d'accord Rosa mais dans ce cas-là, mi… primer... nombre es Sandie, répond t'elle.
Elle n’est pas très sûre d'avoir utilisé les bons mots, mais je lui fais signe avec mon pouce que c'est ok.
— Oui señora Sandie, lui fait-elle avec un clin d'œil.
Sandie se retourne vers moi, l'air dépité. Je hausse les épaules en écartant les bras, coudes pliés pour lui dire « j'y suis pour rien » puis m'avance vers elle et lui dépose un baiser sur le bout du nez.
— Mange mon amour, tu en as besoin, fais je en reprenant les paroles de Rosa.
Je me penche vers son oreille et lui dis au creux de celle-ci.
— Vous êtes deux maintenant ou... trois ?
Elle s'écarte et me tape sur l'avant-bras avec ses petits doigts.
— Non mais t'es pas bien ! me répond t'elle en chuchotant.
— Oh si je vais très très bien, souris-je.
Je me relève au moment où Falco pénètre de nouveau dans la cuisine, le plateau vide de toute nourriture. Il me fait un signe de tête.
— Je te laisse Tigresa, une affaire urgente à régler.
Je lui vole un baiser et sors… direction le hangar. Assez joué, il est temps de passer aux choses sérieuses.
Je retrouve Léo, Tomy et Allan avec notre colis, Caleb. Les bras attachés au-dessus de la tête par une chaîne suspendue à l'IPN du bâtiment. Il a été déshabillé, mis à poils et quelque peu maltraité par mes hommes, qui avaient ordre de s'amuser mais surtout de le laisser conscient et en vie. Il a les yeux gonflés, dont un fermé avec l'arcade sourcilière ouverte. Les joues tuméfiées et une lèvre fendue. Des marques rouges parsèment son corps, des coups qui lui ont été donnés mais qui n’auront pas le temps de devenir bleus. Ses jambes et ses bras présentent également des entailles, mais le meilleur, c’est son dos, il est dégoulinant de sang, des multiples striures le décorent, boursouflées.
— C’est bien les gars, je vois que vous avez bien travaillé.
— On t’a gardé le meilleur pour la fin, me fait Léo.
Il me désigne l’âtre où un feu brule. Je vois dans les flammes, le fer dont je vais avoir besoin. Je m’en approche, saisis le gant accroché au mur, l’enfile puis me saisis de sa tige. Le bout est incandescent. Je ne peux empêcher mon visage d’exprimer une certaine satisfaction à la vue de la marque située à sa base, l'emblème des Sudden Death.
— Alors sale chien galeux ! dis-je, ça fait quoi de se retrouver de l'autre côté ? T'as pris ton pied j'espère.
— Va te faire foutre, bave t'il.
— Oh non, c'est toi qui vas aller te faire foutre par le diable !
—Tu peux me faire ce que tu veux, je n'en ai rien à faire. J’ai eu ce que je voulais, ma vengeance a eu enfin lieu et ta petite sœur, mon V.P l'a baisée. Je lui ai offerte en signe de reconnaissance pour toutes ces années à mon service. C'est devenu son jouet, sa catin, je peux dire qu'elle était bonne la garce ! vocifère t'il.
Falco sort son glock et le pointe sur sa tempe.
— Répète ça espèce d’enfoiré ! hurle t'il.
— Non Falco, ne te laisses pas avoir, c'est ce qu'il attend et il n’est pas question qu'il s'en tire si facilement.
— Vas-y fumier, tire ! T'as pas les couilles ou quoi ?
— Falco ! ne déconne pas hein ? Tu sais ce qu'on a dit ?
— Alors tire, enfoiré ! T'attends quoi ? C'est lui qui te commande c'est ça, et toi tu obéis comme un bon petit toutou, tu remues la queue ! crache t'il essayant de précipiter sa mort.
—Je sais ce que tu essaies de faire espèce de psychopathe, lui répond Falco calmement, sa voix profonde et posée. Tu aimerais que je te bute pour arrêter de souffrir mais non, tu n'en as pas encore le droit. Tu vas pleurer ta grand-mère la salope. Je te promets qu’avant que la mort te prenne, tu vas hurler de douleur mais ce ne sera pas moi directement qui vais te la donner, d’autres projets beaucoup plus appétant t’attendent.
Je reprends la parole après Falco.
— Mais pour l’instant, laisse moi te marquer de notre emblème comme tu as su le faire sur Sandie.
J’approche le fer rouge de son ventre, il essaie de le rentrer au maximum, reculant de quelques pas mais les chaines empêchent toutes marches arrière.
— Tu as eu ma sœur pendant six ans, six putains d'années, et Sandie ? Combien de temps hein ? Tu vas crever mon pote c'est une certitude, mais lentement, très très lentement.
J’applique le fer sur sa peau mais même s’il ne veut pas hurler, la brulure à cet endroit-là, est bien trop douloureuse pour avoir autant de sang-froid. C’est un cri de bête qui sort du fond de sa gorge et j’imagine avec souffrance, ce qu’a subi Sandie lorsqu’il l’a marquée de la même sorte. Lorsque je retire le fer, sa peau fume encore, mes hommes et moi-même sourions devant ce spectacle.
— De la part des deux femmes qui partagent à jamais ma vie !
— Tu oublies quelqu'un espèce d’abruti, crache Caleb en serrant les dents.
— Non, je ne pense pas. Je n'oublie jamais rien.
Il se met à rire, tout en bavant.
— P'tit con ! Tu te crois tellement supérieur à moi, tellement plus malin, mais c'est là où tu as fait une erreur, une énorme erreur.
— N'essaie pas de gagner du temps, tu n'en as plus. Détachez-le et emmenez-le dans la pièce blanche, dis-je à mes hommes.
— C'est quoi encore ces conneries ! crie t'il, hein Ghost c'est quoi !
Ah, on dirait que Caleb perd de sa superbe, il commence à paniquer. Mes hommes le détachent, il s'écroule au sol, ses jambes ne le tenant plus. Tomy et Léo le prennent sous les bras et le traînent jusqu'à la porte de la mort.
—Tu ne veux pas savoir comment sont morts tes parents, crie t'il.
Tout s'arrête, mes hommes se stoppent et me regardent. Je suis devenu blanc. Comment se fait-il qu'il sache que mes parents sont décédés ? Comment ? Ils sont morts à New York dans un accident de voiture en tentant de retrouver ma sœur, pensant être sur une piste. Mais mon père n'a jamais voulu me dire ce qu'il avait découvert et je n'ai jamais rien trouvé après cela. New York ! Las Vegas ! Non ! Ça ne peut pas être possible, je n’avais pas fait le rapprochement mais maintenant qu’il nomme mes parents...
— Tournez-le ! dis-je.
Tomy et Léo le retournent vers moi.
— Comment sais-tu pour mes parents ? Parle !
Il rit du sang plein la bouche.
—Je vais peut-être souffrir mais ce ne sera rien en comparaison de ton inaptitude à résoudre une énigme, car si tu avais creusé l'accident de tes parents, plutôt que de te satisfaire d'une autopsie, tu aurais peut-être retrouvé ta sœur il y a quatre ans, ou alors, tu aurais suivi le même chemin qu'eux.
— Crache ! hurlé-je, lui plantant une balle dans le genou.
— Argh ! crie t’il avant de se mettre à rire comme un démon.
— Ghost non ! hurle Falcon. Tu l'as dit toi-même, il le fait exprès pour abréger ses souffrances !
Je me retourne vers mon frère puis grogne de rage.
— Enlève-moi le pétard des mains car je crois que ce qui va suivre ne va pas me plaire. Tu as raison, sa mort doit être plus longue, lui murmuré-je.
Je me replace devant Caleb.
— Vas-y, je t'écoute sac à merde, en supposant que tu es encore quelque chose d'intéressant à dire.
— Tes parents… reprend t'il en serrant les dents sous la douleur, ou tout du moins, ton père était... SURPRISE ! mon grand frère, petit imbécile ! Et oui je suis ton oncle ! Caleb Noslocin, tu percutes petit ? Noslocin... Nicolson !
— Non, tu mens !
— Je vois qu’ils ne t’avaient pas parlé de moi ! C'est normal ton père était un traitre !
— Qu'est-ce que tu racontes espèce de sale rat ! T'es un enfoiré de mytho !
Mais il continue avec un sourire figé sur le visage, ses dents sont recouvertes de sang. Ce dernier s’écoule le long de son coup en partant du coin de ses lèvres.
— Ton père et moi, on a monté le club lorsqu'on avait respectivement vingt-deux ans et vingt-quatre ans. On gagnait bien notre vie mais moi je voyais plus grand ! Lui n'avait aucune ambition, il se contentait que de petits business de vente d'armes. On ne pouvait pas progresser ! On ne pouvait pas devenir puissant ! Je lui ai dit qu'il fallait se diversifier, vendre de la came, des femmes ! Tout ce qui rapportait du fric ! Mais il avait rencontré ta garce de mère ! C’était devenu un toutou ! Un lâche ! Il m'a désavoué bon sang ! Moi son propre frère ! Il a préféré sa femme à son frère ! j'aurais dû le tuer bien avant, mais il fallait d'abord que je me reconstruise, que je crée un autre club qui anéantirait le sien. Ça m'a pris des années pour trouver le moyen de lui faire payer ! Puis enfin j’ai eu en main ce qu’ils avaient de plus cher, leur enfant, leur petite fille chérie, alors quoi de mieux que de leur prendre la chair de leur chair !
Il rit comme possédé par le diable.
— Hé oui mon neveu ! J'ai enlevé ma nièce pour lui faire payer toutes les erreurs de son père !
— Tu mens espèce de timbré !
Il continue de parler, ne prenant pas le temps de me contredire.
— ... mais il avait réussi à remonter jusqu'à moi, je ne pouvais pas les laisser récupérer leur enfant. Il pensait me surprendre mais le Préz d'un gang de Waco qui débarque chez nous ça a fait du bruit. Mes contacts m’ont de suite alerté, dont celui que j’avais chez les keufs. C'était alors facile de les arrêter.
— Comment ? dis-je les poings serrés.
— Un contrôle de police tout bêtement, le Grand Lewis Nicolson et sa femme la belle Alexandra ne pouvaient pas se douter qu'ils tombaient dans une embuscade. Quand ils m'ont vu, ils ont compris. Je me suis un peu amusé avec ta mère, ton père était fou de rage. Regarder sa femme se faire violer sans pouvoir agir, c'est dur. Puis quand j'en ai eu marre, je les ai enfermés dans leur voiture avant d’y mettre le feu ! Tu aurais entendu leurs cris, c’était tellement jouissif !
Soudain, il se met à crier.
— Il croyait quoi ! Que les liens du sang seraient plus fort ! foutaise ! Il aurait dû emmener une armée mais comme toujours, il n'a pu vu plus loin que le bout de son nez ! Il croyait me raisonner, moi ! Alors qu'il m'avait foutu dehors ! Il s'attendait à quoi ? Que son petit frère allait passer l'éponge, lui rendre gentiment sa petite poupée chérie ! Certainement pas avant de l'avoir détruite complètement.
Puis il reprend un ton en dessous, d’un air machiavélique.
— Mais c'est qu'elle est dure la petite. Russell avait presque réussi mais il a fallu que tu mettes tes pieds dans le plat, que tu viennes bousiller mes plans, encore une génération de Nicolson qui vient me casser les burnes !
Je suis fou de rage, j'ai la tête comme un compteur à gaz. Je me la prends entre les mains, m'arrache les cheveux. Je vais vriller je le sens.
— Tu mens ! L'autopsie a confirmé l'accident ! crié-je.
— Tu sais très bien ce que l'on peut acheter, lorsqu'on a du fric non ! Le silence Ducon !
Je me sens anéanti, j'ai des sueurs froides qui coulent le long de ma colonne, un hurlement rauque sort de ma gorge, la tête me tourne, je tombe à genoux, je pose mes mains sur mes oreilles en me balançant d'avant en arrière. Falco crie des ordres car je suis en transe, incapable de faire un geste de plus. J’ai l’impression de vivre la scène d’horreur qu’il a fait vivre à mes parents.
— Emmenez-le dans la chambre froide et préparez-le ! Ghost ! Ghost ! je sais ce que tu ressens ! Mais on ne pouvait pas savoir. Ton père ne nous avait pas mis dans la confidence ! Il voulait certainement nous faire la surprise en ramenant Nikita. Ils étaient tellement confiants lorsqu'ils sont partis. Ghost, mon frère, nous devons finir le travail et après nous pourrons nous occuper de l’autre enfoiré, qui a aidé ce psychopathe à tuer tes parents, on va retrouver ce Russell. Maintenant que l’on sait, on ne va rien lâcher ! Ok mon pote ! Reste avec moi jusqu'au bout, s'il te plaît, tu en as besoin autant que moi, finit il dans un souffle.
Je le regarde, les yeux secs d'avoir trop pleuré ces dernières quarante-huit heures, je me relève doucement, aidé de mon ami et me dirige tel un robot vers la chambre froide. Mes hommes ont déposé Caleb sur une chaise en métal dont l'assise est en bois, ils lui attachent les poignets aux accoudoirs et les chevilles, aux pieds de la chaise avec des colliers rilsan. Cette dernière est fixée au sol, elle est impossible à décrocher pour servir d'arme ou de bélier contre la porte. Celui qui entre ici, ressort les pieds devant, il n'y a pas d'alternative.
— Est ce que tu connais la plante appelé Gympie Gympie ? dis-je entre mes dents, le regard sombre.
— Non j'sais pas et je m’en fou ! crache t'il en bavant de haine, j'suis pas botaniste espèce d’abruti !
— Alors, je vais t'expliquer. Le Gympie Gympie est une plante d'Australie, d'où elle porte le nom. C'est la plante la plus dangereuse au monde. Elle est urticante et provoque des douleurs insoutenables, qui durent des heures, voir des jours ou des mois. A son contact, c'est comme être brûlé à l'acide et électrocuté en même temps, enfin c'est ce qu'en disent les spécialistes. Ses feuilles, tiges ou fruits délivrent une puissante toxine qui s'avère mortelle dans certains cas, comme le tien. Le pic de douleur intervient en général vingt à trente minutes après avoir été à son contact. Mais le pire dans tout ça et c'est pourquoi je l'adore, c'est qu'en plus de son toucher, il y a son odeur. L'odeur qu'elle dégage provoque des saignements de nez, des éternuements intenses puis enfin la mort, si on en respire trop et trop longtemps. Tu vas voir, l'intérieur de ton corps comme l'extérieur, ne va être que souffrance, tu vas regretter d'avoir croisé ma route un jour et d'avoir, ne serait-ce que touché un cheveu de mes femmes et tué MES PARENTS ! TON FRÈRE ! terminé-je en hurlant. Je vais retrouver l’enfoiré qui t'a aidé, rien que pour ça, je dois te dire merci de la piste que tu m'as donnée.
— T’es qu’un enfant de salop ! Tu ne peux pas faire ça, mes hommes te retrouveront et te le feront payer ! Tu crèveras aussi !
— Alors on se retrouvera en enfer ! Tu n'as pas oublié, nous sommes les SUDDEN DEATH !
Je lui tourne le dos pour regagner la sortie, entraînant mes hommes à ma suite puis en refermant hermétiquement la porte derrière nous.
— Allan ! Que la fête commence !
Allan rentre alors dans la pièce par la porte latérale, il est recouvert d'une combinaison englobant tout son corps, pieds et tête inclus. Une visière en PVC laisse apparaître son visage. Il tient dans sa main recouverte de plusieurs couches de gants, la fameuse plante et se rapproche de Caleb. Ce dernier hurle comme un porc se débattant comme un pauvre diable sur sa chaise, essayant de se libérer. Peine perdue, Allan lui fouette le corps avec la plante. Des hurlements de douleur remplissent la pièce, étouffés quelque peu, par l'épaisseur de l'isolation de cette dernière.
Il dépose ensuite une coupelle remplie de poussières séchées de Gympie Gympie puis met un minuteur sur le petit ventilateur. Ce dernier se chargera d'éparpiller la poudre dans la chambre froide juste après la sortie d’Allan, tout est calculé. Une fois, sa porte fermée, le ventilo se met en fonction cinquante-neuf secondes plus tard. Je vois que Caleb gesticule sur sa geste, criant, vociférant, nous insultant.
Une demi-heure passe et on l'entend à présent hurler, tousser et éternuer. Son nez n'est plus qu'une rivière de sang, sa bouche en crache aussi. Ses yeux sont exorbités, les vaisseaux éclatent dans ses orbes et des larmes rouges s'en échappent. Il souffle comme un bœuf, le spectacle pourrait être digne d'un film d'horreur, mais pour Falco et moi, il est jouissif. Il nous rappelle pourquoi nous faisons cela, sa souffrance n'est rien en comparaison de ce qu'il a dû infliger à mes parents, à ma sœur et à Sandie. Son calvaire a lui va bientôt prendre fin, ma sœur elle, a dû attendre six ans.
Une heure plus tard, son cœur a lâché, dommage, j'aurai aimé que cela dure plus longtemps. Je fais signe à Allan de lancer l'extracteur d'air vicié et pars retrouver ma dulcinée...
— Falco, allons-y, allons retrouver Sandie et Nikita puis nous mettrons en place une stratégie sans faille, pour retrouver l’enfoiré, qui nous a enlevé nos parents et fait souffrir ma sœur. La vengeance est un plat qui se mange froid.
— Your war is my war for traitor it's SUDDEN DEATH, mon frère.
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