Premier jour d'embauche
Athénaïs s'ajoute à notre duo, sans même demander la permission. Je suis agacée de sa façon culottée de venir combler la troisième place. Elle vapote sur sa cigarette électronique sans prendre soin de s'éloigner, son nuage parfumé aux fruits rouges me revient dans le nez. On dirait que cette fille tape constamment la pose, dans son petit combishort en jean qui lui fait de jolies jambes.
- Servane nous a pas dit qui était victorieuse pour cet entraînement, s'exprime Athénaïs. J'ai l'impression d'avoir fait tout ça pour rien.
- Je pense que personne n'a démérité, c'est pour ça, enchaîne Nyx. Nous avons toutes été époustouflantes, sans exception.
- Tu n'es pas objective, il y en a forcément une qui s'est démarquée, continue Athénaïs d'un air taquin.
- Je pars du principe que tant qu'on éprouve du plaisir à nous perfectionner et à exercer notre emploi, c'est l'essentiel. Le reste c'est secondaire, déclare Nyx. En tout cas tu as fait une belle prestation, tu étais sublime.
Athénaïs est flattée, elle la remercie tout en ajoutant son sourire mielleux, elle m'énerve au plus haut point. Avec cette fille, ça ne passe pas vraiment. Trop de compétition et de prétention entre nous. Je lance un regard agacée à Nyx, comment peut-elle lui faire des éloges ?
- Vous n'êtes pas trop émoustillées toutes les deux ? nous questionne Athénaïs.
- C'est bien redescendu, s'exclame Nyx. Servane, a mal jaugé mon plaisir, j'ai pu aller jusqu'à l'orgasme mais vous, vous devez ne plus en pouvoir.
- Je suis en feu, répondis-je. Sauf que je ne souhaite pas devenir la distraction de Servane, je ne veux pas lui donner ce loisir, du moins pas dans l'immédiat ! Et toi ?
- Vous avez vu ce qu'elle m'a fait, aussi, renchérit Athénaïs en tirant sur sa cigarette électronique. C'est une des positions qui me chauffe le plus en même temps, je pense qu'elle a mis le nez dans mon dossier. Vous vous rappellez, il fallait que l'on note nos préférences et ce que l'on ne supporte pas. Bref, je suis trempée malgré la douche que j'ai pu prendre.
La jeune femme continuer de tirer, avec sensualité elle dessine des cercles dans l'air.
- Là où je tombe d'accord avec toi, Greta, c'est qu'elle cherche à nous dominer et à avoir l'ascendant sur nous. Comme toi, j'ai plus de caractère que ça, je me refuse de tomber dans ses pièges étranges, continue la blonde insolente. Puis merde, on ne me domine pas, moi !
- Une idée me vient, les girls, raisonne Nyx. Et si on montait un club secret entre filles. Genre on pourrait résister aux séductions de Servane, s'aménager un coin secret où l'on pourrait venir se recueillir ou bien s'adonner aux plaisirs solitaires lorsque cela devient trop dur de tenir, on pourrait peut-être partager ces moments sensuels.
- Mais c'est une excellente idée, renchéris je. Un cocon où personne ne pourra nous déranger, où on pourra se réfugier quand bon nous semble. Oui ça éviterait de craquer sur ce que nous fait subir Servane, bien que ce soit agréable. Oh mais oui ! C'est sympa, de se masturber à côté des copines.
- Mais vous allez réussir à vous supporter ? nous taquine Nyx.
Nous lui tirons la langue, elle se met à rire. Nous sommes interrompues par l'arrivée de Cassis, au loin dans la cour. Visage reposé, pommettes colorées, son attitude est détendue. Elle s'accoude au muret, rêveuse encore plongée dans le moment qu'elle vient de passer.
- Cette nana, c'est une bombe, dit-elle éreintée. Elle a exercé sur moi une certaine attraction. Elle te libère et te fait ressortir les choses comme personne. Je suis vidée, mais bien.
- Tu vas nous en dire un peu plus, répondis-je sur le ton de la confidence. On veut savoir les petits détails, nous.
Athénaïs range sa cigarette dans la petite poche de son sac bandoulière, puis ses yeux verts se lèvent vers la fenêtre qui nous surplombe. Servane est immobile, semblable à une statue de déesse grecque. Son visage est figé mais son sourire la fait rayonner, lorsqu'elle capte toute notre attention, elle nous fait un petit signe de la main avant de disparaitre derrière les rideaux.
- J'ai passé un moment magique, affirme Cassis. De volupté, pas comme ce que l'on peut imaginer au sujet de Servane. Elle a pianoté longuement du bout de ses doigts, sa langue s'est attardée sur mon corps, les orgasmes se sont enchaînés puis je suis redescendue petit à petit, l'excitation s'est longtemps prolongée. C'était sensuel, parfait.
Les filles ont l'eau à la bouche, je me sens comme elles encore bien émoustillée de tout ce qui s'est passé.
- Mais tu es chanceuse ! s'exclame Nyx. Vu comme tu en parles, ça devait être sensationnel !
- Ça l'était, confirme Cassis. Servane m'a informée, elle annule les entraînements pour toute la semaine car elle a jugé que cela sera trop intense pour nous. Elle va donc les reporter pour que l'on puisse souffler un peu !
- Oh je suis déçue, rigole Athénaïs. J'avais hâte d'être demain, effectivement je viens de recevoir la notif sur le groupe. Et tu lui as fait des choses à Servane la coquine ?
- Oh non, tu sais elle m'a bien dit que c'était un moment uniquement pour moi, que je ne lui dois rien, dit Cassis. Moi au moins, je n'ai plus de picotement entre les cuisses.
- Bon les filles, il va falloir que l'on se quitte, répondis-je. Je dois me rendre à mon autre travail, Giordano m'attend. Si je veux rester dans la course, je dois faire mes preuves. Je vous embrasse, bon courage dans vos tâches respectives !
Tournée de bises avant de quitter les lieux. Mes petits talons claquent au sol lorsque je traverse la rue en pavés. Mes longs cheveux bruns vacillent dans les airs au rythme de mes foulées. Plusieurs têtes se tournent sur mon passage, le visage des femmes est la plupart du temps jaloux, d'autres fois plus rares, admiratif. J'atteins l'immeuble luxueux dans lequel siège l'entreprise de Giordano. Mon doigt pointé sur le bouton, les portes de l'ascenseur se referment pour me faire atteindre l'étage souhaité. Perdue dans mes pensées, je divague et demande ce qui pourrait bien se passer si je me retrouvais coincée dans cet ascenseur avec Valentin.
Ma rêverie pleine de fantasmes est interrompue avec brutalité par l'ouverture des grandes portes vitrées, je longe le couloir et cherche le nom de Valentin Giordano sur les plaques en or. J'inspire en toquant contre la porte, celle-ci s'ouvre sur Valentin.
- Bonjour mademoiselle Gordon, s'exclame t-il d'un ton jovial. Comment allez-vous depuis votre entretien d'embauche ?
Surprise d'être de nouveau vouvoyée comme si nous avions refait un bond en arrière, je mets plusieurs secondes à me reprendre. J'accepte sa poignée de main, avant d'user de ma voix sensuelle pour continuer de le charmer là où je m'étais arrêtée ce matin.
- Bonjour Monsieur Giordano, je vais bien, je vous remercie. J'ai hâte de travailler pour vous.
Son sourire est satisfait, il me propose d'entrer et entame une visite des lieux tout en faisant les présentations dans chaque pièce où se trouve le personnel. Les regards sont flatteurs à l'égard de ma silhouette, je rougis toute radieuse.
Cette fois, je découvre enfin mon bureau dans lequel je vais devoir jouer un jeu. Une pièce spacieuse, lumineuse et peu remplie.
- Je vous présente Anton Parron, responsable compte clé, affirme Valentin. Monsieur Parron, votre nouvelle collègue chargée d'affaires, Greta Gordon. Elle occupera le bureau juste en face du vôtre.
Au moment où je lui tends la main pour me présenter à lui, Anton s'empare de son combiné pour joindre un correspondant. Ma main reste suspendue dans le vide, je me sens bête au plus haut point.
- J'ai pas que ça à foutre ! Je dois joindre quelqu'un d'important donc merci de ne pas venir m'emmerder ! rétorque t-il.
Je lève la tête pour croiser le regard de Valentin qui se retient de rire, je vois bien qu'il est amusé par la situation. Mon air est dédaignant envers cet homme aussi chaleureux qu'un glaçon. Je suis mon boss dans son bureau pour récupérer mon pc portable et signer comme quoi il m'a bien été remis.
- C'est moi ou il donne l'impression de le faire chier plus qu'autre chose ? dis-je un peu piquée d'autant d'ignorance.
Valentin pouffe en mordillant son stylo quatre couleurs. Il me tend la feuille sur laquelle je dois aposer ma signature.
- Comme quoi, tous les hommes ne sont pas à tes pieds, Greta, fanfaronne t-il bien amusé. Tu t'attendais à quoi ?!
Je récupère mon ordinateur sous le bras en lui lançant un regard qui foudroie et s'ensuit un '' merci '' plutôt sec. Bien loin du rapprochement torride de la dernière fois. Agacée, je tourne les talons, martèle le sol pour faire part de ce sentiment. Si c'est ça, travailler pour Giordano, merci ! Je m'en rappellerai ! Insolent, Valentin ne peut retenir un ricanement.
Je claque même la porte du bureau, les regards sont braqués sur moi, je suis sous les projecteurs. Pour les rassurer et surtout détourner leur attention, c'est un sourire pincé que je leur renvoie. Ils se remettent à leurs tâches alors que je reviens dans mon bureau.
J'ouvre la sacoche pour sortir l'ordinateur, Anton frémit le poing serré tout comme ses lèvres lorsqu'il articule entre ses dents.
- Si tu peux te montrer plus discrète quand tu ouvres ton bordel ! Y en a qui bossent ! me gronde Anton d'un regard noir. J'avais la paix quand l'autre s'est fait virée ! S'il avait pu ne pas trouver quelqu'un tout de suite ça m'aurait arrangé ! Encore une femme en plus !
- Je sens que ça va être un plaisir de travailler ensemble ! dis-je ironique.
Je m'installe sur ma chaise de bureau, commence à plancher et à pianoter sur les touches de mon clavier. Régulièrement je porte mes lèvres au goulot de ma bouteille d'eau, il fait chaud c'est important de s'hydrater. Aucun de mes gestes ne capte l'attention de mon collègue, je me mets à rire peu discrètement en imaginant qu'une pipe ne lui ferait pas de mal.
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