Ma carrière pourrait bien être compromise
Ce n'est pas seulement le pendentif qui me rend belle, c'est l'amour de Valentin qui brille à travers moi. Aujourd'hui, je suis une femme comblée, et ma beauté n'est que le reflet du bonheur qui m'illumine. Mes cheveux, relevés en un chignon sophistiqué, dégagent ma nuque et soulignent la finesse de mon cou. Un chignon qui met en valeur le pendentif qui orne ma poitrine, attirant le regard vers mon décolleté savamment dévoilé par mon beau chemisier. Le tissu, soyeux et fluide, épouse mes formes avec une sensualité discrète. Mes courbes sont soulignées par les jeux d'ombres et de lumière crée par le rayon de soleil qui traverse la fenêtre. Mes mains sont posées sur ma jupe plissée, elles attirent les regards sur mes jambes croisées, geste de féminité qui révèle une certaine pudeur et dégage une sensualité subtile. Elles accentuent la courbe de mes hanches et soulignent la finesse de mes cheville. Je me plais à imaginer que cette position soit à la fois sous la retenue mais également très invitante. Les hommes ne peuvent que rêver à la douceur de ma peau sous le tissu de la jupe, à caresser mes jambes avec délicatesse. Mes mains posées sur celle-ci sont comme un appel à la découverte, tentatrice jusqu'au bout.
J'aime être mise en valeur lors des séminaires prestigieux et de lire la fierté lorsque le regard de Valentin croise le mien. J'aime briller et me sentir admirée par tous. Le regard de mon amoureux me confirme ma beauté, mon intelligence et mon talent prometteur pour atteindre les objectifs de l'entreprise. J'aime être remarquée de tous et être une source d'inspiration pour tous.
Je manque de m'étouffer avec mon champagne lorsqu'Estelle apporte avec grâce les petits feuilletés et les différents mets d'apéritif. Le champagne chatouille ma gorge, une gorgée trop généreuse, cela attire l'attention d'Estelle qui se dirige alors dans ma direction avec un sourire amusé, un verre d'eau à la main. Que fait cette petite peste ici ? On dirait bien qu'elle a repris ses services auprès de Valentin ! J'ai bien peur qu'elle fasse obstacle à ma relation avec lui et à ma carrière de tentatrice.
- Un peu trop pétillant pour vous ? s'enquiert-elle avec amusement.
Je rougis, embarrassée par ma maladresse mais aussi sa présence.
- Je suis désolée, c'est tellement beau que j'ai eu envie de tout goûter d'un coup, répondis-je faisant allusion aux petits feuilletés.
- Je comprends tout à fait, dit-elle avec un large sourire. C'est l'œuvre de notre chef, il est très fier de ses créations.
Estelle se retourne, sa silhouette frêle s'éloignant de notre table. Elle porte plusieurs plateaux, chargés de mets délicats et de boissons pétillantes. Ses mains habiles et agiles manipulent les plateaux avec une certaine aisance. Elle circule parmi les invités, un sourire chaleureux sur les lèvres. Son regard croise régulièrement le mien, je suis destabilisée mais il est hors de question de lui montrer alors je lui fais un sourire carnassier.
Rébecca se tient immobile, une observatrice silencieuse de la scène qui se déroule devant elle. Ses yeux pétillent. Son visage est impassible, mais ses lèvres sont légèrement pincées. Elle analyse la situation, réfléchit. Anton se penche contre mon oreille, ses lèvres sont désagréables.
- Je ne suis pas le seul à avoir des soupçons sur toi, chuchote t-il en serrant les dents. Estelle la petite serveuse m'a fait part de tes intentions malsaines, je ne sais pas ce que tu caches mais tu es dans mon piège !
Un silence pesant suit ses paroles, mon coeur s'accélère, mes mains se crispent sur le bord de la table. La sueur perle à l'intérieur de ma poitrine.
Estelle ? La petite serveuse ? Qu'est-ce qu'elle a pu lui dire ?
Intérieurement je m'emporte, sentant le feu brûler en moi. Mon métier de tentatrice m'a enseigné le self control, je lui adresse un sourire machiavélique. Je lui réponds, il est cloué sur place.
Sa voix est à présent glaciale.
- Si tu continues à me harceler, je ne te promets pas de rester calme, dit-il yeux dans les yeux, je déglutis.
Le mot "harceler" me fait sursauter. C'est lui qui me harcèle, pas l'inverse ! Je suis prise au piège. Je me ressaisis pour trouver mes mots.
- Je ne te harcèle pas, répondis-je d'une voix affirmée. Je veux juste savoir ce que tu me veux !
Anton affiche un sourire cruel lorsqu'il se lève de table pour aller chercher une seconde coupe de champagne. Il se penche au dessus de la table, tout proche de mon visage, je ressens une violente envie de le mordre.
- Tu le sauras bientôt, lâche t-il en s'éclipsant.
Je me sens seule, le coeur prêt à sortir de la poitrine. Je suis en détresse ne sachant plus ce que je vais faire mais une chose est sûre, je dois me sortir de cette situation avant qu'il ne soit trop tard. Valentin perçoit la menace, il me lance un regard inquiet en fronçant les sourcils. Fébrile je ferme les yeux plusieurs minutes pour mettre fin aux tremblements de mes mains.
- Greta, que se passe-t-il ? murmure Rébecca, le regard inquiet.
Je reste silencieuse luttant contre mes angoisses grandissantes.
- Greta ? Tu me fais peur, dis-moi quelque chose !
- Je... je ne sais pas. J'ai l'impression que quelque chose ne va pas.
- Mais quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé avec Anton et cette serveuse ? Ils ont un comportement vraiment bizarre et toi aussi.
- Je ne peux pas l'expliquer. C'est juste... une sensation. Un sentiment de malaise.
- Calme-toi, respire.
- Je n'arrive pas à respirer. J'ai le cœur qui bat trop fort, répondis-je recroquevillée sur moi même.
- Tout va bien se passer. On va trouver ce qui ne va pas.
- J'espère, dis-je en hochant la tête les yeux fermés.
La secrétaire me prend le bras, m'incite à me lever pour que l'on s'éloigne de la table. Son étreinte est ferme, presque insistante. Le silence est assourdissant amplifié par le battement sourd de mon coeur logé dans ma poitrine. Elle m'accompagne aux toilettes des dames, vérifie que toutes les cabines soient bien vides avant de plonger son regard dans le mien. C'est un lieu étrange pour une conversation privée. Le silence est désagréable, il amplifie mon sentiment que quelque chose d'imminent est sur le point d'arriver. L'eau sur mon visage ne soulage pas ce sentiment d'étouffement et la nausée qui me prend les tripes. Je m'adosse contre le lavabo, le regard vide, les lèvres frissonnantes.
Ma gorge se serre, devient sèche, les mots peinent à sortir. Je baisse la voix, c'est ma confidente ici, elle a le droit de savoir.
- Je dois t'avouer quelque chose... Promets-moi que cela restera entre toi et moi.
- Bien sûr, je te promets, affirme t-elle en regardant autour d'elle.
- Je ne suis pas celle que tu crois. Mon vrai métier, c'est... tentatrice.
- Tentatrice ? Qu'est-ce que tu veux dire ? s'exclame t-elle les yeux écarquillés, la bouche entrouverte.
- J'ai été engagée par la femme de Valentin, victime de ses tromperies, pour le faire tomber amoureux de moi et lui briser le cœur, répondis-je les larmes aux yeux.
- C'est impossible ! Tu ne peux pas être sérieuse ! crie Rébecca se reculant, le visage pâle.
- Je suis désolée, je ne voulais pas te mentir. Mais c'est la vérité.
- Mais... pourquoi ? Pourquoi ferais-tu une chose pareille ? continue t-elle se tenant la tête entre les mains.
- Je suis payée pour ça. Et j'ai besoin d'argent.
Le regard amer de Rébecca me transperce, je ressens sa déception peser sur mon être. Je comprends qu'elle puisse être déçue et confuse, j'aimerai qu'elle comprenne. La jeune femme est perdue, ne sachant plus où se mettre, ni à qui faire confiance. Ses yeux sont implorants, je me sens impuissante, les dégâts sont faits, je ne peux plus faire marche arrière. Je m'approche d'elle, pose ma main sur son épaule, je sens Rébecca se crisper avant de relâcher la tension dans ses épaules.
- Comme toi, Rébecca, je ne supporte pas la trahison, l'infidélité c'est pour ça que je défends cette cause dans mon travail de tentatrice ! Dis-je. Je désire rendre justice à toutes ces femmes cocues et tristes ! Ce n'est que le dur retour du bâton ! Je ne suis pas qu'une garce, j'ai des valeurs et je travaille dessus !
- Je ne sais plus quoi penser, renchérit la jolie blonde. Je dois digérer l'information !
- Je sais que ce n'est pas facile à entendre mais si je te le dis Becca c'est que j'ai confiance en toi ! C'est un métier très prenant, très dur où l'on a pas le droit à l'échec ! La pression est affreuse ! Et au fil des confessions de Valentin, je suis tombée amoureuse de lui ! Notre déclaration s'est faite hier ! Je me suis fais prendre à mon propre jeu ! Valentin est beaucoup plus sincère qu'on le pense. Je suis dans une impasse, Rébecca et Anton et Estelle me veulent du mal !
- Tu es en train de briser le cœur de sa femme, et maintenant tu prétends aimer Valentin ?
- Je sais que c'est mal, mais je ne peux rien y faire. Je suis amoureuse de lui ! affirmai-je les yeux luisants. Je suis perdue et j'ai besoin d'aide.
Rébecca remonte son pantalon qui moule ses hanches généreuses, elle croise ses bras contre son buste, un geste qui souligne la beauté de sa poitrine volumineuse. Ses seins se soulèvent légèrement à chaque respiration.
- Et Anton et Estelle dans tout ça ? Me questionne t-elle.
- J'ai tapé dans l'oeil d'Estelle lors du premier soir de gala qu'a organisé Valentin depuis mon arrivée. Elle est folle, elle a des mystères que j'aimerai découvrir ! Et le pire dans tout ça c'est qu'elle sait tout ! Puisqu'elle s'est empressée de postuler à l'agence pour pouvoir êre avec moi très souvent !
- Une agence ? me demande Rébecca.
- Oui, c'est là où j'exerce mes fonctions de tentatrice adjointe, répondis-je.
- Pourras tu m'en parler davantage à l'occasion ? j'aimerai que tu me dises quelles sont tes missions, qu'est-ce que tu fais là bas ?
- Oui, tout, je te promets de tout te dire, plus de secret, je tiens trop à toi Rébecca ! En revanche ne dis jamais rien à personne !
- Bien sûr tu as ma parole, confirme Rébecca. Et Anton ?
- Anton a découvert que j'étais entrée dans sa chambre à Paris, répondis-je la voix tremblante.
- Oh mon Dieu ! Tu t'es mise dans un bourbier !
- Il était furieux. Il m'a accusée de fouiller dans ses affaires, m'exclamai-je les yeux fuyants. J'étais à la recherche d'un indice, une preuve, j'avais envie de connaitre son passé, ses secrets ! Et c'est là que j'ai su qu'il était amoureux de Valentin !
- Tu es en danger. Il risque de compromettre toute ta carrière ! déclare la secrétaire en me prenant dans les bras. Il est dangereux, il te fera du mal ! Il m'a toujours rendue mal à l'aise !
- Non, je ne lâcherai pas ma mission Bécca ! Je dois aller jusqu'au bout !
- Mais, en es-tu capable d'accomplir cette mission ? s'exclame Rébecca. Pourras tu achever Valentin vu comment tu en es amoureuse !
- Je ne suis pas sûre en effet de réussir, un échec me ferait perdre beaucoup de points mais en revanche j'ai besoin de ma carrière !
- Tu devrais en parler à notre boss, renchérit Rébecca. Toi aussi tu peux jouer cartes sur table, lui dire toute la vérité. Il n'est pas encore trop tard pour ça.
- Je ne sais plus... J'ai tellement peur !
- Peur de quoi ? De la réaction de Valentin ?
- Oui. Et de la réaction d'Anton. Il est capable de tout.
Rébecca m'enlace amicalement, sa main posée contre ma nuque. Sa grosse poitrine est calée contre la mienne. Nos respirations se coordonnent. À ce moment là, Valentin entre brutalemment dans les toilettes des dames. Rébecca pousse un cri de surprise suivi d'exclamations qui fusent.
Valentin est confus d'être entré sans y être invité, il s'excuse poliment. Valentin, prend un air penaud et inquiet.
- Pardonnez-moi, Mesdames, je ne voulais vraiment pas vous offenser. Je vous ai vues partir il y a quelques minutes avec l'air préoccupé, et cela m'a vraiment inquiété. Je ne vous avais pas vues depuis un moment et... je me suis laissé emporter par mon instinct.
Rébecca, lui répond avec un ton ferme mais empreint d'une certaine compassion.
- Monsieur Giordano, je comprends votre inquiétude, mais vous vous rendez bien compte que vous venez de pénétrer dans les toilettes des dames ? C'est un endroit privé, je ressens une grande gêne !
- Je suis vraiment désolé, je n'ai pas réfléchi.Dites-moi, je vous prie, s'est-il passé quelque chose ? Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ?
- Je... je ne sais pas trop. C'est juste que... j'ai reçu une mauvaise nouvelle aujourd'hui, et je me sentais un peu perdue. Mais merci de vous inquiéter, cela me touche beaucoup, déclare Rébecca.
- N'hésitez pas à me parler si vous avez besoin de quoi que ce soit. Je suis là pour vous écouter et vous soutenir, répond t-il chaleureusement sur le point de s'en aller.
- Monsieur, je vous remercie de votre gentillesse et de votre compréhension, renchérit-elle.
Valentin disparait aussitôt refermant la porte derrière lui. Je m'adosse contre celle-ci en fermant les yeux, s'ensuit un long soupir puis un merci à peine audible à Rébecca qui vient de fournir une bonne explication afin qu'il ne pose pas plus de questions.
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