Il est cinq heures cinquante du matin. Depuis mon poste, j'aperçois qu'une fine pellicule de glace recouvre le bitume. Le départ est imminent. Plus que dix petites minutes et je serai libérée.

 Cette nuit, j'en ai bavé. Une intervention par-ci, une autre par-là. Dans ces moments, je n'ai pas un instant pour moi. Pas le temps de réfléchir, il faut agir. Je vérifie mon matériel, tout est sous contrôle. C'est parti.  

  Le tableau de bord m'indique une température extérieur de moins quatre degrés. Le ciel est dégagé, pas un nuage à l'horizon. Je roule prudemment, à cette heure-ci il n'y a personne sur la chaussée. Je ne pense qu'à deux choses: rejoindre mon stationnement et m'y reposer. Néanmoins, avant cela, il me faut accomplir mon ultime mission.

 Plus que quelques kilomètres et j'aurai enfin atteint mon but. J'accelère timidement, puis m'engage sur la départementale. J'ai l'habitude de prendre cette direction. Confiante, je prends un peu plus d'élan.

 C'est à ce même instant qu'il surgit de nulle part. Impossible pour moi de l'éviter. Dévier brusquement risquerai de m'endommager. Je n'ai plus le choix. Je fonce dangereusement sur lui. L'inévitable se produit. Mon pneu avant droit l'applati, désolé mon ami.

 "Paix à l'âme de ce petit lapin, qui ce matin, a fait la brève rencontre de mon pneu."