Chapitre 43 - Retour à Columbia

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Cela ne faisait pas tout à fait un an que Shany n’avait plus mis les pieds à l’université de Columbia mais c’était suffisant pour qu’elle ait l’impression que cela faisait une éternité. Il fallait dire qu’en l’espace de dix mois, tout avait changé dans sa vie et plutôt deux fois qu’une. Elle ressentit une légère nostalgie : même si elle appréciait son appartement à Paris et sa nouvelle université, elle regrettait souvent la distance entre les deux. Et puis, il y avait aussi une question d’Histoire et de prestige. Avec un taux d’à peine plus de cinq pourcents, Shany ne pouvait qu’être fière d’en avoir intégré les rangs. C’était sûrement une des raisons qui avaient fait que la plupart des gens n’avaient absolument pas compris qu’elle veuille poursuivre ses études en France, pour sa dernière année qui plus est. Pour couronner le tout, elle avait bénéficié d’une bourse pour payer ses études et si celle-ci ne couvrait pas la totalité des frais, il était clair que son cas était exceptionnel. L’impulsion de la présidence de Barack Obama n’y était pas pour rien certes, mais Shany en avait été la première surprise puisqu’elle ne faisait pas vraiment partie de la population cible. Cela dit, les critères étant les critères, elle l’avait obtenue et ne s’en était pas plaint.

L’université était à deux pas de l’hôpital de Clara. Le style classique et l’envergure de l’établissement donnaient une impression institutionnelle. Sans trop exagérer, on avait la même sensation lorsqu’on se baladait dans l’enceinte, d’être comme au Capitole ou à la Maison Blanche : la même solennité emplissait les lieux. On y sentait le passage de l’histoire avec un grand H, l’origine de sa fondation en 1754 par le roi George II de Grande-Bretagne. Se dire que Franklin et Theodore Roosevelt, Alexander Hamilton avaient foulé ces mêmes lieux ne pouvaient que faire ressentir une certaine fierté. Columbia ne comptait pas loin de cent prix Nobel. C’est tout dire de son prestige, de ses capacités à engendrer du savoir. Les recherches qui étaient conduites, servaient les grandes causes du monde sur des sujets aussi variés que : philosophie, économie, etc.

Shany avait contacté son ancien directeur de thèse et celui-ci lui avait donné rendez-vous au Hammer Health Sciences Center. Elle n’avait pas réalisé que ce n’était pas sur le campus principal mais au niveau du Centre médical de l'université Columbia, à une vingtaine de minutes de là en transports. Fort heureusement, elle était largement en avance et elle n’eut donc pas à s’excuser d’un quelconque retard.

*

Arrivée sur place, elle lui envoya un message pour savoir où il était installé. Il avait réservé une salle d’étude avec quelques étudiants pour effectuer un travail documentaire préparatoire à son nouveau sujet de recherche. Elle connaissait bien les lieux car les années précédentes, elle s’était souvent retrouvée dans la même position que les étudiants actuels. Lorsqu’elle entra dans la salle, tous les yeux se tournèrent vers elle et une voix plutôt forte résonna venu du fond de la pièce.

« Regardez-moi qui voilà. Shany. Comment vas-tu ? Content de te voir. Alors la France ? Ça donne quoi ? Et ton année ? »

Son ancien directeur l’avait interpellée devant tous les autres étudiants et Shany n’aimait pas l’idée de répondre à ses questions de la même manière. Elle se pressa donc pour se rapprocher et lui répondit sur un ton plus discret.

« Je vais bien. Moi aussi, cela me fait plaisir de vous voir… Et ça me fait bizarre de me retrouver ici aussi.

— Cela te manque ?

— Oui et non mais je ressens tout de même une espèce de nostalgie. »

Son ancien directeur releva la tête à ses mots et esquissa un sourire.

« Tu veux dire que, Shany, l’élève qui était sûrement la plus douée depuis une bonne dizaine d’années, qui n’a pas hésité à chambouler son doctorat en dernière année alors qu’elle était dans la meilleure université qui soit, a fait le déplacement ici, uniquement pour dire bonjour et me souhaiter la bonne année ? Ne le prends pas mal mais je n’en crois pas un mot. Non pas que je dise que tu es mal élevée, loin de là. Cela dit, mon petit doigt me dit que tu es venue avec un but bien précis. Je me trompe ? »

Décidément, Jeremy Monroe était non seulement un scientifique hors pair, doué d’une intelligence hors normes mais c’était aussi quelqu’un d’assez fin relationnellement parlant. On ne pouvait pas le berner très longtemps, même si, dans le cas d’espèce, Shany n’avait aucunement d’intention cachée.

« Vous êtes toujours aussi perspicace. Mais je vais quand même en profiter pour vous souhaiter une bonne et heureuse année. »

Jeremy Monroe eut un mouvement d’épaules qui traduisit sans ambiguïté qu’il était satisfait de lui-même pour avoir mis dans le mille.

« Alors. De quoi s’agit-il ? Ce doit être important.

— Effectivement. Cela a à voir à la fois avec ma thèse mais aussi avec ma nièce, Clara.

— Celle qui a une maladie orpheline, c’est cela ?

— Oui. » confirma Shany dont le regard se troubla un peu face à la question de son ancien directeur.

Elle n’avait pas le moindre souvenir de lui avoir parlé de Clara. Comment pouvait-il le savoir ? Et puis, étant donné le nombre d’étudiants qu’il croisait, comment pouvait-il s’en souvenir ? Elle prit donc une inspiration, approcha une chaise pour s’asseoir à côté de Monroe. Elle fouilla au fond de son sac pour en sortir une pochette obèse, pleine de papiers et poursuivit :

« Voilà, je travaille actuellement sur une méthode qui permet de compiler toutes les données que l’on a sur un patient. Le but est d’en tirer des graphiques que l’on puisse rapprocher. On peut également prévoir une chronologie factuelle d’événements qui peuvent sembler anodins qui, mis en corrélation avec le reste, permettent de dégager des schémas sur les symptômes d’une maladie. En fait, cette méthode permet de combler avec fiabilité, les erreurs, les décalages, en clair tout ce qui est lacunaire sur le suivi d’un patient.

— Présenté comme cela, cela ressemble à la divination, votre méthode, fit Jeremy Monroe qui ne cacha pas son scepticisme.

— Vous pourriez le croire. En réalité, c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. La partie divination comme vous dites, provient de modèles d’intelligence artificielle.

— Ah. »

Encore une fois, l’ancien directeur de thèse ne masqua pas une certaine défiance.

« Ce genre de modèles est bien pour faire de la théorie, Shany mais je doute qu’ils soient pertinents. Je crains même qu’ils soient dangereux si on les utilise dans des cas pratiques. Ce que je veux dire, c’est qu’entre le travail de chercheur au sens théorique et le travail de médecin en pratique, il y a un monde et parfois des frontières qu’il ne faut pas franchir. Ce n’est pas pour être rétrograde. Juste prudent car on parle de la santé, de soigner des êtres humains. Même si en pratique, on reste toujours sur un rapport de bénéfices-risques, ce rapport doit être issu de données véritables et non corrélées ou extrapolées. N’entendez pas cela comme une critique sur votre travail, juste un conseil. Peut-être que je me trompe, mais il ne m’étonnerait pas que dans les années à venir, cette approche finisse par faire oublier toutes ses lacunes et qu’on en arrive à des catastrophes sanitaires d’envergure. Et quand elles interviendront, nous aurons un très gros problème à résoudre. La capacité critique des gens à se remettre en cause sur des éléments qu’ils ont admis, non pas parce qu’ils sont vrais par nature mais par habitude est pratiquement nulle. On ne remet pas en cause quelque chose que notre cerveau considère comme acquis quand bien même la réalité n’était pas fiable à cent pourcents.

— Vous parlez des modèles épidémiologiques ?

— Entre autres, mais ce ne sont pas ceux-là qui me font le plus peur. Quoique, en y pensant, si ceux-là sortent un jour de la sphère de la théorie et qu’on se met à admettre qu’ils disent la vérité, ce sera la porte ouverte à toutes les dérives dans l’industrie pharmaceutique.

— En tout cas, je ne peux pas vous donner tort sur vos réserves. Moi-même, dans le développement de ma méthode, j’essaie de prendre des gants pour éviter de trop m'emballer. En même temps, je ne veux pas non plus passer à côté de certains résultats à cause d’un scepticisme un peu trop exacerbé. Mais bon… Vous allez voir. J’ai rédigé une synthèse. Si vous voulez, j’ai toutes les données brutes. Vous pourrez vérifier. Vous allez voir qu’avec la démarche que j’ai adoptée, ce n’est pas le modèle qui me donne le résultat. En revanche, il permet de mettre en lumière des choses invisibles. Mises en perspective avec les données du patient, une voie s’ouvre à une hypothèse qu’on n’aurait sûrement jamais explorée autrement.

— D’accord, montrez-moi cela. »

Le regard de son ancien directeur de thèse s’était éclairé. En quelques mots bien choisis, elle avait balayé sa réticence première. Elle commença donc à présenter la synthèse sur ses travaux de recherche. Travail assez monstrueux de captage de données diverses et variées ainsi qu’un autre travail non moins laborieux d’analyse basé sur des techniques et sur du réseau de neurones et d’autres techniques dérivées. Shany ne s’était pas bornée à ne faire travailler qu’un seul modèle et vérifier qu’il convergeait avec les données de chaque patient. Non, elle avait réellement fait ce même travail avec des techniques et approches parfois même théoriquement opposées. Mais le tour de force n’était pas là. Ce qui était impressionnant, c’était que malgré la multiplicité des méthodes et la contradiction qu’elles pouvaient avoir entre elles, une fois mises en perspective et rapportées au cas du patient, si cela ne donnait pas de réponse factuelle sur le traitement, cela donnait une sorte de profilage de la pathologie assez précis.

Appliquée au cas du syndrome de Panzuzu, là où Shany avait au fur et à mesure des années abattu un tombereau de rassemblement de données éparpillées et parcellaires, la méthode mettait en évidence quelque chose qui était très loin d’être évident au premier abord. En effet, la proximité des symptômes de Panzuzu avec la mucoviscidose provoquait dans la manière de traiter la maladie mais aussi dans l’approche diagnostique des biais énormes.

« Pour le dire en mots simples, pour la quasi-totalité du corps médical et aussi parce que c’est une maladie orpheline où la littérature et les données quasi inexistantes, Panzuzu est une sorte de mucoviscidose. Du coup, la conclusion logique qui s’impose, c’est qu’on soigne Panzuzu avec le même angle.

— Ce n’est pas si délirant que cela, fit remarquer Jeremy Monroe.

— Non, en effet. Mais regardez ces données. Ce sont les données de cinq patients dont quatre sont malheureusement morts depuis et le cinquième c’est celui de ma nièce. Que voyez-vous ? »

Jeremy Monroe prit quelques minutes pour analyser chaque document de synthèse. Puis il reprit la parole :

« Si j’en crois, ces dossiers, il est vrai que votre méthode permet de le mettre en exergue, on dirait que l’on a affaire à une allergie et non une maladie génétique. En même temps, pour le côté génétique, on le savait déjà.

— On le savait déjà, on le savait déjà, fit Shany en faisant la moue. On savait qu’on n’avait rien trouvé de tangible pour le démontrer. Pour autant, si on regarde les traitements symptomatiques et le protocole de suivi médical, on voit bien que pour la plupart, tout est calqué sur ceux pratiqués dans le cas de la mucoviscidose.

— C’est exact. C’est assez bluffant comme méthode. Cela permet de réduire le biais d’approches a priori erronées. Cela ne donne pas la solution mais en termes de profilage, c’est un outil… Assez extraordinaire, si tout ce qui soutend vos raisonnements est valide statistiquement et mathématiquement.

— C’est un point sur lequel, je vais essayer de renforcer en demandant à certains confrères de vérifier les calculs.

— C’est toujours une étape délicate. Vous n’êtes pas en contrat avec une société pharmaceutique ?

— Non. Juste un financement d’études avec promesse d’embauche à la sortie. Depuis le début, il n’a jamais été question que celle-ci s'immisce dans ma manière de conduire la recherche. Peut-être que, en entendant parler de mes résultats, ils auraient pu tenter de m’approcher et faire pression pour que je garde certains aspects de la méthode secrets pour déposer un brevet. Mais depuis que je suis partie sur Paris, c’est encore plus compliqué. Là-bas, l’université où je suis est publique et le cadre rend la manœuvre hasardeuse. »

Jeremy Monroe regarda Shany avec un air un peu amusé. Il aimait voir que celle-ci n’était pas naïve même si son approche de la science l’était dans le sens positif du terme.

« Cela dit. Le plus intéressant arrive maintenant. »

Shany commença à présenter le dossier de Clara et montra à son ancien directeur, à quel point, ce dernier était similaire aux quatre précédents.

« Et donc ? demanda Monroe.

— J’y viens. Ceci compile les données de la semaine dernière à aujourd’hui. »

Monroe regarda les documents et se caressa du bout des doigts le menton. Il ne portait plus le bouc. Cependant, il avait gardé la manie de passer ses doigts là où il aurait dû y avoir un poil court et dru.

« De toute évidence, il y a quelque chose qui influe positivement sur son état. C’est un peu court pour être certain mais suffisamment pour être une piste sérieuse. »

Il était difficile d’imaginer ce que les mots de Monroe provoquèrent chez Shany. Un sentiment de joie, de fierté. Surtout un sentiment d’espoir renforcé. Le sourire sur son visage fut tellement évident que Monroe ne put s’empêcher de rire :

« Je viens de dire la phrase que vous vouliez que je prononce. Je me trompe ? »

Shany n’essaya pas de nier. Il était certain qu’entendre la confirmation de ce qu’elle avait vu dans les résultats de Clara par un tiers et pas n’importe lequel, était grisant. Cela dit, elle s’empressa de faire part à son professeur qu’elle n’était pas là pour avoir un encouragement mais bien une validation, à la fois sur les principes qui l’avaient menée jusque-là, mais aussi, une vraie contre-expertise.

« Ecoutez, Shany, je ne pense pas que je puisse faire des miracles. Il va me falloir quelques jours ou semaines si vous voulez que je fasse tout cela. Laissez-moi votre dossier et je vous promets de vous renvoyer tout ça d’ici… Un mois. Cela vous va ? »

Un mois ? Shany s’empressa d’expliquer à Monroe pourquoi elle n’avait pas un mois.

« Dans un mois, Clara aura été greffée et potentiellement avec des complications, avec des prescriptions médicamenteuses qu’elle devrait suivre pendant le reste de sa vie pour compenser les effets secondaires de la greffe. Et si ce que j’ai découvert s’avère, c’est-à-dire que Panzuzu n’est en réalité qu’une allergie aiguë et atypique, elle aura vécu l’opération pour rien et sera toujours malade. Je n’ai pas envie de cela pour ma nièce, surtout, maintenant que j’ai les résultats. »

Monroe sembla tiquer sur sa dernière phrase.

« Vous savez quoi ? Cette amélioration de l’état de votre nièce, vous savez à quoi elle est liée ? »

Shany se pinça les lèvres. A aucun moment, elle n’avait voulu aller sur ce terrain-là. En même temps, il était évident que le professeur Monroe allait bien finir par lui poser la question. Elle réfléchit rapidement. Si elle disait la vérité, elle ouvrait la porte à toutes options possibles pour se faire houspiller. Mais elle avait une autre option pour présenter les choses. Dire que c’était le hasard.

« En vérité, je pense que oui. Quand je suis rentrée de France, j’ai ramené une sorte d’infusion à ma nièce. C’était un mélange un peu étrange que j’ai acheté sur un marché de Noël mais je n’avais aucune raison de penser que cela allait avoir un effet quelconque. Si vous offrez de la verveine à quelqu’un qui a le cancer, vous ne vous attendez pas à ce que cela la soigne… Vous voyez ?

— Euh, évidemment, fit Monroe. Mais comme se fait-il que vous ayez pu…

— Accéder au dossier médical de ma nièce ? » s’empressa de compléter Shany.

Elle s’était attendue à cette question mais n’avait pas préparé de réponse toute faite. Elle réfléchit et elle réalisa que le dilemme éthique qu’elle essayait d’expliquer n’existait pas.

« La vérité, c’est que ce n’est pas moi qui ai demandé à accéder au dossier de ma nièce.

— Ses parents ? »

Shany secoua la tête. Monroe se gratta la tête et fit une grimace qui en d’autres circonstance aurait entraîné une hilarité franche de la part de son ancienne étudiante. Au bout d’une vingtaine de secondes, Shany vit que Monroe avait deviné.

« Mon dieu, suis-je bête… Comment peut-on se faire des nœuds au cerveau à ce point alors que la réponse est bête comme chou ? C’est ta nièce qui l’a demandé, non ? »

Shany hocha la tête avec un large sourire.

« Pourquoi ? Nous avons des années et des années d’études, de recherches au compteur et un problème qui se résout via l’évidence, on passe à côté.

— Si cela peut vous consoler, l’idée n’est pas venue de moi. J’ai fait la même chose que vous.

— Je me sens moins seul, fit Monroe en souriant mais son expression devint plus grave l’instant d’après. Si c’est elle qui a fait la démarche, c’est qu’elle savait que vous lui avez administré quelque chose ?

— Pas du tout. »

De nouveau, son ancien directeur fronça les sourcils et Shany savait pourquoi. Par réflexe, elle avait barré le passage à tout manquement méthodologique avec son pas du tout. Mais c’était là, le serpent qui se mordait la queue. Elle était censée avoir eu accès en amont au dossier de sa nièce pour avoir détecté avec ses analyses qu’il y avait eu une amélioration inopinée. Mais si ce n’était pas pour cela, à quel titre, sa nièce lui aurait-elle confié les données de son dossier ? Elle ne pouvait pas garder la chronologie réelle pour être cohérente sans reconnaître qu’elle avait intentionnellement donné le remède à Clara. Alors, elle décida de s’arranger avec la vérité vraie.

« En fait, cela faisait quelque temps que j’avais parlé des travaux à ma nièce et bien entendu, je n’ai pas pu lui dire autre chose que son dossier et toutes ses données étaient importantes. Et quand je lui ai dit cela et qu’elle a réalisé que même en étant tante, je n’avais aucun droit pour accéder à ses données, elle m’a proposé de les demander elle-même.

— Et ben… Un sacré petit numéro, votre nièce ! Quel âge a-t-elle ?

— Je vous le confirme, fit Shany toute fière car même si elle était consciente que sa fierté reposait un total mensonge de sa part, pour autant, elle était plus qu’heureuse de pouvoir dire combien Clara était vraiment à part. Elle a quatorze ans et je vous jure que si nous sommes attentifs, elle saura nous étonner encore et encore.

— Bon, Shany, ce n’est pas que je m’ennuie en votre compagnie, bien au contraire, vous savez ce que c’est… Le devoir m’appelle auprès de mes étudiants. Vous me tiendrez au courant des suites des opérations ? De mon côté, je vais voir si je peux vous aider sur ce dossier. Avec le poids de ma charge professorale, je ne vous promets rien.

— Très bien, nous échangerons par emails, si cela vous convient.

— Parfaitement.

— D’accord, je vous laisse à vos recherches. »

Shany s’en alla, le cœur léger, marchant sur un petit nuage. Ses efforts acharnés payaient et elle en était particulièrement fière. A peine à vingt pas de son interlocuteur, son professeur la rappela :

« Shany, je n’aurais peut-être pas l'occasion de vous le dire de sitôt. Les espoirs que j’avais en vous se confirment, continuez ainsi. N’oubliez pas vos vieux professeurs. Si je peux vous aider dans l’avenir, faites-moi signe.

— Bien sûr, Professeur, je n’y manquerais pas. » fit-elle en le saluant de la main, sans se retourner.

Même si Shany n’était pas d’un tempérament prétentieux, ses mots d’encouragement la vivifièrent. C’est avec une grande joie qu’elle se voyait repartir sur Paris.

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