Chapitre 87 - Traitement

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Sur le chemin du retour, Patrick, Jennifer et Shany échangèrent sur l'entrevue. Il fallut confirmer à Patrick que les médecins avaient bel et bien dit oui et qu'il n'y avait plus que de la paperasse à compléter.

Une fois rentrés, Shany se chargea d'appeler Milo pour qu'il se prépare à embarquer.

— S'il y a un papier à présenter à l'aéroport, nous vous l'enverrons par email dans la nuit. C'est bon pour vous ?

— Perfetto, de mon côté tout est prêt, j'ai les billets, ma valise et donc je vous dis à demain.

*

Aux alentours de midi, Milo mit les pieds sur le tarmac de la Guardia. Shany vint le récupérer pour filer le plus rapidement possible à l'hôpital avec armes et bagages. Entre temps, dans la matinée, l'établissement les avaient appelés suite à une nouvelle rechute de Clara. Jennifer et Patrick s'étaient dépêchés pour se rendre à son chevet. Shany, bien qu'elle aurait préféré les accompagner, se résolut à prendre la route de l'aéroport.

— Il faut faire vite, ma nièce est repartie en soins intensifs.

Presto, povera piccolina, fit Milo d'un air grave.

Shany voyait bien que l'urgence le touchait. Il devait sûrement repenser à sa fille mais il se reprit rapidement.

— Rassurez-vous, ce n'est qu'une question de minutes. Votre nièce, d'àprès ce que vous m'avez dit, ne se laissera pas abattre.

Shany se força à adopter la même attitude positive. Ils arrivèrent à l'hôpital tout essouflés et s'engouffrèrent dans les couloirs de l'établissement. Après avoir quelque peu bataillé avec le service de sécurité, Milo put accompagner Shany avec les préparations de son produit.

Dans la chambre, les parents les accueillirent avec un soulagement évident. Clara était endormie, les draps relevés jusqu'aux yeux car elle ne voulait pas être vue aussi pâle. Bien que malade, elle tenait à son image comme l'ado qu'elle était.

Patrick, livide, faisait les cent pas dans la pièce, tandis que Jennifer triturait nerveusement un mouchoir usé à force de le manipuler. Son visage s'éclaira dès leur entrée :

— Milo, Shany, vous tombez bien. Clara a vraiment besoin du médicament. Elle est retombée en crise. Là, elle dort, c'est une pause pour elle mais comme vous pouvez voir qu'elle a encore du mal à respirer.

— La situation urge, s'emporta Patrick.

Shany, apercevant Monica passer dans le couloir, se précipita pour l'interpeller :

— Monica, est-il possible de contacter le docteur qui suit Clara pour valider l'administration du médicament que nous venons d'apporter ?

— J'en avise le Docteur Claye et reviens vers vous rapido.

Shany retourna dans la chambre pour annoncer la nouvelle. Sans le vouloir elle parla plus fort que voulu et réveilla sa nièce. Clara ouvrit un oeil et fut surprise de l'apercevoir, quoique un peu groggy.

— Tata ?

— Oui, ma chérie, et pas seule. Je te présente Milo. Ta mère a dû t'en parler. Tes parents et moi avons plaidé ta cause pour que tu commences un traitement à base d'un médicament qu'il a mis au point. Le médicament était inconnu, c'est pourquoi, il vallait mieux prévenir le corps médical avant.

—Tu sais, rétorqua-t-elle dans un souffle, j'ai l'impression d'être un rat de laboratoire. Les médecins ont déjà tenté plusieurs protocoles qui ont tous raté. Un de plus, un de moins...

La voix de Clara se faisait fluette, chacune de ses phrases se terminaient dans un sifflement. Shany fit un effort pour regarder sa nièce dans les yeux. La voir souffrir autant lui déchirait le coeur.

— J'ai travaillé d'arrache-pied pour valider les résultats de ce produit et montrer qu'il pouvait t'être bénéfique. Milo est allé en Italie pour fabriquer une grande quantité de ce médicament. Je te promets que tu vas aller mieux dès que le docteur Claye aura confirmé que tu peux le prendre.

A peine avait-elle terminé sa phrase que le professeur arriva, suivi de Monica dont le chignon s'était défait sous les à-coups de sa course poursuite pour le retrouver.

Patrick, Jennifer, Milo et Shany l'apostrophèrent en même temps. D'un signe de la main, Claye leur fit signe de stopper ce flot de paroles.

— Pardon, difficile de s'entendre dans ce brouhaha. Venons-en au fait. J'ai cru comprendre que le produit est fin prêt.

Le médecin ne put s'empêcher de jauger Milo tant son accoutrement paraissait risible. Il dut faire un effort pour ne pas pouffer de rire mais se ravisa, le temps étant compté.

— Moui, la bellassima a besoin du médicament. Voilà de quoi la soigner, dit-il fièrement en ouvrant sa mallette renfermant les fioles.

— Professeur, reprit Shany en chuchotant pour que Clara n'entende pas ce qu'elle avait à dire, il faut faire vite, vous entendez la respiration de Clara ? Le médicament est au point grâce au talent de Milo, et mes analyses garantissent des résultats fiables.

— Bon, bon, j'ai vu avec les soignants qui suivent Clara, j'ai consulté l'IRB. Hormis votre étude, nous ne sommes pas intervenus dans l'élaboration de ce remède.

— D'accord, le coupa l'étudiante. Il faut bien tester le produit. Je l'ai fait de mon côté, Ok, pas dans les règles de l'art, mais, à un moment, il faut bien passer par la phase-test. c'est un peu comme l'insuline pour le diabète avant qu'on ne le produise en masse, non ?

— Jeune fille, laissez-moi terminer, trancha Claye, pour dire aimablement qu'il n'appréciait guère d'être coupé. Figurez-vous que j'ai longuement bataillé pour valider cette possibilité avec le comité. Et j'ai fini par arracher son  autorisation après d'âpres pourparlers. Bref, pour être clair, va pour une dose, lègère seulement afin de préserver la santé de notre petite patiente.

Voyant l'air dubitatif des proches de sa malade, il crut bon d'ajouter :

— Vous comprenez que l'hôpital souhaite éviter toute conséquence néfaste pour la santé d'une jeune patiente ainsi que le scandale qui en découlerait si nous ne minimisions pas les risques encourus. Concrètement, quelle quantité minimale pensez-vous qu'il soit possible que Clara ingurgite pour la soulager ?

Milo reprit la main :

— Compte tenu de l'âge, du poids de l'enfant, j'ai prévu cette boîte de 5 doses. En buvant 75 % de ma potion, elle ira déjà mieux.

— Je valide cette proposition. Je réquisitionne, si j'ose dire, le restant. Je le confierai à notre laboratoire pour analyse. Est-ce que cette proposition convient ?

— Ouf ! coupa Patrick. Professeur, oui, ne perdons pas une minute. Milo, à vous d'agir, s'il vous plaît...

— Bon, mia ciara, tu peux boire ça ? Le goût n'est pas si mauvais, c'est comme de la tisane.

Clara tenta de s'asseoir. Monica s'empressa de relever la tête de lit et de vérifier que celle-ci était dans une position confortable.

— Prends ton temps...

Clara fixa sa tante comme pour demander son aval. Shany fit un mouvement de tête pour approuver. Evidemment, Jennifer ressentit une gêne. Encore une fois, sa fille s'en remettait à sa tante plutôt qu'à elle.

— Bon, maintenant que ce médicament a été donné, je vous laisse, prévint le Professeur Claye. Je reviens demain matin... tôt. Si vous constatez quoi que ce soit, appelez avec la sonnette.

La soirée se passa au chevet de Clara. Tout le monde était à l'affût du moindre signe d'amélioration de sa respiration. Ils s'aperçurent que Clara allait bien mieux quand elle réclama une pizza.

— J'ai frôlé la fin... je peux, non ?

— Moui, enfin, évitons le mélodrame fit Patrick, soulagé de remarquer une diminution du shuintement respiratoire de sa fille.

Puis, Shany proposa un jeu de cartes.

— Bonne idée, s'enjoua Milo, je vous apprends un jeu italien? ?

— Pourquoi pas, intervint Jennifer, expliquez-nous les règles.

A une heure avancée, une infirmière de garde passa pour les informer que l'heure de visite était largement dépassée. Seuls les parents restaient autorisés à veiller leur enfant.

— Nous revenons demain à la première heure, rassura Shany, dans un clin d'oeil.

Dans la nuit, Patrick et Jennifer tentèrent de piquer un somme par intermittence afin que l'un d'eux reste éveillé. Mais ils finirent par tomber de fatigue. 

Au petit matin, Clara s'écria :

— Qui va chercher les french croissants à la-fifille-qui-va-nettement-mieux ? Je meueueurs de faim !

Son enthousiasme sortit ses parents de leur léthargie.

— Quoi ? firent-ils en choeur.

— Oui, j'ai envie de tout dévorer.

Jennifer et Patrick n'en croyaient pas leurs yeux, encore moins leurs oreilles !

— Ma puce, c'est incroyable !

— Ben oui, j'ai toujours cru aux super-pouvoirs de Tata Shasha.

— Elle est trop forte, en effet, répondit son père, soucieux d'oublier à quel point il avait pu en douter.

— Si ça te va, on appelle Shany pour lui demander d'apporter le p'tit déj !

— Demande-lui plein de viennoiseries !

Patrick ne comprenait pas tout le vocabulaire exprimé en français mais il était heureux. L'énergie de sa fille lui faisait tellement plaisir que les larmes le submergaient.

Un quart d'heure plus tard, Shany débarqua avec le plein de provisions, propre à nourrir tout l'étage.

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