Chapitre 14

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Chapitre 14

  Mon cœur est sur le point d'exploser à l'écoute des ces mots empreints d'une vérité qu'il m'est difficile d'assumer. Léonor est dans le vrai, je ne suis pas attiré par les filles, je ne l'ai jamais été, même si je ne l'accepte pas encore.

  Les yeux baissés, les larmes coulent le long de mes joues. Léonor s'approche de moi puis me serre contre elle, sans rien dire, et dans une étreinte angélique et silencieuse, elle arrive à me rassurer et me calmer.

  Je lève mes yeux rougis par ce fardeau qui m'attriste. Léonor me regarde, un sourire bienveillant habille son visage. J'ose enfin lui répondre en hachant mes mots :

– C'est … c'est ça. Mais c'est tout récent. Enfin je veux dire, ça fait des années je crois … mais je commence à le comprendre depuis pas beaucoup de temps. Je suis un peu perdu et j'ai l'impression de ne pas être normal.

– Oh Nate … On dirait que tu en parles comme si c’était un crime ou une maladie grave.

  Pour moi ça l'était.

– Tu sais Nate, c'est quelque chose de plus en plus accepté de nous jours, et puis quand bien même, merde, on s'en fout des autres ! Ce qui compte c'est toi et ton bonheur, et en ce moment tu es malheureux alors que tu ne devrais pas. Tu es toujours le même type maladroit qui parle pas beaucoup, gay ou pas gay.

– Merci Léonor pour tes mots, mais s'il-te-plaît tu dois me promettre de ne pas en parler. Personne ne doit savoir.

– Je te promets que ça reste entre nous. Et puis maintenant que je sais, tu pourras m'en parler si ça te travaille.

– Merci Léonor, tu es … super, dis-je à la fois confus et soulagé.

– Oui je sais ! s'exclame-t-elle en riant. Et d'ailleurs, il faut que tu arrêtes de m'appeler comme ça, appelle-moi Léo, on est amis, non ?

– Merci Léo.

  Nous passons une bonne partie de l’après-midi à discuter de tout et rien. Léonor, qui voit que je suis perturbé et pas encore prêt à en parler, ne se montre ni insistante ni curieuse au sujet de ma confidence, et j'apprécie énormément de discuter d'autres choses. Après avoir comparé nos marques de chocolat favorites et nos séries préférées, le sujet de la fête de Louis vient à être mentionné.

– Au fait Nate, demain ça te dit qu'on aille ensemble chez Louis ? On pourrait se retrouver devant chez toi et y aller à pied.

– Oui c'est une bonne idée. Tu comptes rester dormir là-bas ?

– Oh que oui, et toi ?

– Je pense aussi oui, pour ne pas déranger ma mère en pleine nuit.

  Après ces quelques mots, il est temps pour moi de rentrer. Léonor me serre dans ses bras et nous nous quittons.

  Sur le chemin, je regarde mon téléphone, j'ai deux appels manqués et deux SMS de la part de Louis. Je m'empresse de lire son premier message. « Nathan je suis vraiment désolé pour ce matin, je ne voulais pas te faire de mal. Dis-moi que ça va … ». Je lis ensuite son second message : « J'espère que tu ne m'en veux pas, j'ai regretté ma question dès que tu as parlé de tes agressions. Est-ce que tu peux me rappeler stp ? ».

  Je décide d’appeler Louis sur-le-champ. Il décroche au bout de trois brèves sonneries.

– Nathan, est-ce que ça va ? Bordel je suis vraiment désolé, c'était con et …

– Ça va Louis, je t'assure.

– Oh je me sentais tellement coupable, j'ai vu ton regard avant que t'aille en cours, j'ai cru que j'allais chialer tellement je m'en voulais de t'avoir replongé dans cette histoire.

– Même si ça n'en a pas trop l'air, ça m'a fait aussi du bien de me confier à toi.

– Ah ? J'suis quand même content de t'entendre !

  Nous discutons plusieurs minutes, Louis m'explique qu'il ne pensait pas qu'une telle chose m'était arrivée, tout en ponctuant ses paroles d'excuses. Il me semble même l’entendre renifler à un moment. Il pleure ? Oh non … Je lui répète qu'il m'a en quelque sorte aidé et que je me sens plus léger, sans pour autant lui révéler ce qu'il s'était passé chez Léonor.

– Si tu veux qu'on en parle, tu peux compter sur moi. Euh, au fait avant que j'oublie, j'aimerais te poser une question demain quand on se verra. T'en fais pas, cette fois je ferai pas de connerie, promis !

– Tu ne veux pas me poser ta question maintenant ? lui dis-je à la fois anxieux et curieux.

– Non non ça presse pas, on voit ça demain. C'est cool que tu puisses venir, merci.

– C'est moi qui te remercie Louis, je suis vraiment content de cette invitation. Tu es très gentil, comme les autres !

  Ça y est, je commence à parler comme un imbécile heureux, pense-je en levant les yeux au ciel.

– T'es très sympa aussi Nathan, tu sais. Enfin je sens que le contact passe bien.

  Heureusement que Louis n'était pas en face de moi. Ses mots m'ont arraché un sourire béat, je suis à la fois surpris et heureux ; comme si pendant un instant cette journée éprouvante avait été éclipsée par la magie de ses paroles. C'est si agréable de recevoir un compliment d'un garçon qui me plaît.


  Oui, Louis me plaît.

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