Chapitre 23

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Chapitre 23

  Je sens mon cœur palpiter, comme à l'annonce d'un contrôle surprise. Je ne me fais pas d'illusions, je sais que Louis et Marie sont proches, et qu'en plus d'être beau, il est bourré de qualités. Il poursuit :

– Dès que j'ai rencontré Marie, je l'ai trouvée très sympa, à l'aise, etc … Je l'apprécie beaucoup, c'est une fille vraiment cool, tu vois.

  Je hoche la tête en attendant la suite. Et ? Et ? Vous sortez ensemble c'est ça ?

– Je voulais l'inclure dans le groupe car elle était nouvelle et ça s'est très bien passé, mais depuis mon anniversaire … je la trouve un peu agaçante. Je ne veux pas être méchant hein, mais elle a besoin de se mettre constamment en avant, et elle parle tout le temps. Tout. Le. Temps.

  Alors là, je m'attendais à tout sauf à ça. Je retiens mon sourire, heureusement Louis est tellement concentré sur le paquet de gâteaux qu'il ne remarque pas mon soulagement. Il poursuit :

– Elle est très gentille hein, mais elle n’arrête pas de parler d'elle. Je crois même qu'Elvira a du mal à la supporter par moments, pour te dire que je suis pas le seul.

– Je comprends bien.

– Et toi d'ailleurs, elle t'a beaucoup parlé Marie ?

  Le seul vrai échange que nous ayons eu avec Marie, c'était au parc de la Pépinière, lorsqu'elle m'a raconté son séjour en Écosse. Ce n'était pas vraiment un échange en fin de compte, ça s'apparentait davantage à un monologue. Maintenant que Louis le dit, c'est vrai qu'elle parle très souvent d'elle. Je lui réponds :

– Non elle ne m'a pas beaucoup parlé.

– Chanceux, va !

  Nous éclatons de rire, puis terminons de manger en prenant soin de laisser quelques gâteaux à Jonas qui ne devrait pas tarder à rentrer. Je propose à Louis de finir l’exercice de phonologie commencé avant le goûter.

  De retour dans ma chambre, nous discutons en anglais de nos films et séries préférés, de nos aliments favoris, et d'autres banalités qui me permettent d'étudier l'authenticité de l'accent de Louis. Il fait de gros efforts, se reprend souvent et ponctue ses phrases de nombreux « Sorry » et « Wait a moment ». Je suis sous le charme, même si c'est loin d’être parfait. Il me semble que la confidence faite au sujet de Marie y est aussi pour quelque chose.

  Alors que nous nous entraînons sur certains phonèmes anglais, j'entends la porte d'entrée claquer. Jonas vient de rentrer de l'école, je décide d'aller l’accueillir pour faire les présentations. Une fois en bas, Louis s'avance vers Jonas.

– Salut Jonas, je suis un ami de ton grand frère. Il m'a beaucoup parlé de toi, d’ailleurs.

– Salut ! Tu t'appelles comment ? Il a dit quoi Nate ?

– Je m'appelle Louis, mais tu peux m'appeler Lou. Oh, et Nate m'a dit que t'étais très sportif.

– C'est vrai, j’adore le rugby.

  Ils continuent de discuter comme si je n'étais pas là. Louis est très doué pour parler aux enfants, on dirait. Peut-être qu'il aurait aimé avoir des frères et sœurs.

– Donc c'est chez toi que Nate a dormi, alors ! Tu as 18 ans, tu as le droit de faire ce que tu veux … Tu veux pas arrêter l'école ?

– Non je veux passer mon bac quand même, lui répond Louis.

– Parce que moi je n'aime pas trop l'école.

– C'est pourtant à l’école que tu te fais des copains et que tu apprends des choses qui peuvent t'intéresser, poursuit Louis.

– Et donc si tu as 18 ans, tu as une voiture ?

– Ah non pas encore, mais j'espère avoir bientôt le permis, je commence les leçons de conduite vendredi soir.

– Allez Jonas, on va laisser Louis tranquille, il va rentrer chez lui avant qu'il fasse nuit.

  Jonas salue Louis en souriant, puis je le raccompagne jusque dehors. Louis se retourne, nous sommes éclairés par un coucher de soleil orange mêlé de la lumière des lampadaires qui viennent de s’allumer.

– Il est marrant ton petit frère.

– Oui c'est vrai, même si des fois il est un peu envahissant.

– Tu as de la chance de l'avoir, dit-il en souriant. Alors, merci beaucoup pour cette aprèm, Nate. J'ai l'impression d'avoir compris plus de choses avec toi que pendant toute ma scolarité.

– C'est rien … Ça m'a fait plaisir, vraiment.

  Le soleil couchant donne à ses cheveux une teinte légèrement cuivrée parsemée de poussière d'or. Ses yeux brillant de reconnaissance se marient parfaitement à son sourire candide ; je pourrais admirer longuement chaque détail de son visage sans me lasser. Louis finit par briser le silence :

– Au fait, ça te dit qu'on aille courir ensemble samedi matin ? Je viendrai directement chez toi et je te montrerai quelques endroits sympas.

– Oh oui, c'est une bonne idée. Je serai prêt pour 10:00 si ça te va.

– Parfait pour moi !

  Nous nous serrons la main, et je lui souhaite un bon retour. Il part vers l'horizon et je sens mon cœur battre. J'aurais voulu que cet instant dure plus longtemps. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais chaque moment passé avec lui renforce un sentiment que je ne saurais identifier. C'est à la fois physique et mental.

  Je ressens quelque chose d'intense pour Louis.

  Il serait temps que j’arrête de me voiler la face. C'est évident : je suis amoureux.

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