Chapitre 183

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LOU

Mon rouge à lèvres donne à ma bouche un éclat naturel et scintillant. Je cligne des yeux après avoir appliqué un peu de mascara sur mes longs cils noirs en me contemplant dans le miroir des toilettes de l'école d'architecture. Je rassemble mon nécéssaire de maquillage en le balayant sur le rebord du lavabo afin qu'il tombe directement dans mon sac à main couleur moutarde assorti à ma doudoune. Je presse mes foulées jusqu'au bus qui mène au centre ville, je passe ma carte devant la borne jusqu'à ce qu'elle annonce la validation de mon titre de transport et regagne les places dans le fond du bus. Les écouteurs enfoncés dans mes oreilles pour projeter les reprises de mon frère pour avoir comme l'impression qu'il est là pour me rassurer, je regarde le paysage défiler à une vitesse folle à travers la vitre du bus. La voix de Milan apaise mon appréhension, je ferme les yeux en expirant avec lenteur ce qui ralentit mon rythme cardiaque. Une fois mes esprits rassemblés, le bus est arrivé à destination. J'attends qu'il ouvre les portes pour sortir à l'extérieur. Le temps est menaçant, je ne serai pas étonnée qu'il pleuve avec un ciel aussi obscur. Florent attend au pied de son immeuble les mains dans les poches de son paredessus, je me précipite vers lui lui tendant les bras pour une accolade et un petit baiser qui se fait expresse. Mes sourcils s'agitent pour montrer mon étonnement, Florent pose sa main derrière mon omoplate pour m'inviter à avancer jusqu'à son appartement situé au premier étage. J'ai du mal à le suivre dans les escaliers, Florent enchaîne les marches par trois. Il m'ouvre son appartement et me désigne une chaise en face de la sienne sur laquelle il s'installe posant les coudes sur la table regard planté dans le mien. Il n'a rien de mon Flo Flo, cet homme est très distant, très froid son contact devant l'immeuble m'a glacé le sang. Ses yeux semblent vides de toutes émotions, je peux même constater qu'ils ont l'air contrariés et que quelques poches cernées se sont formées sous ses yeux. Florent croise ses doigts, je l'observe triturer sa chevalière et faire courir ses doigts sur la table juste devant lui.

  • Alors tu m'as fait venir pour me tirer la gueule ?

Cash comme je suis, je ne peux m'empêcher de lui en faire une réfléxion. Ce silence me pèse il fallait bien que je mette un terme à celui-ci. Mes sourcils sont froncés ce qui me donne mon air autoritaire hérité de ma mère.

  • Il n'est pas question de te faire la gueule Lou. Je suis contrarié et si je t'ai fait venir c'était dans le but de mettre des mots sur ce que je ressens. Ça fait six mois que l'on s'est rencontré Lou, six longs mois que l'on flirte toi et moi, voir même plus puisque nous couchons ensemble. Lou j'aimerai obtenir des réponses de ta part vis à vis de nous. Est-ce que tu envisages un jour que notre relation devienne concrête ? Parce que j'attends comme un con, clairement. A me demander si je t'intéresse réellement, si tu es amoureuse de moi ou si c'est plutôt juste de l'amitié ou un plan cul ? Je suis très sincère avec toi, tu connais la nature de mes sentiments à ton égard sauf que ça commence à me peser. J'aurai vingt-six ans cette année, je ne vais pas pouvoir continuer d'attendre une fille pour qui je ne suis qu'une distraction. J'ai envie d'avoir des projets, d'envisager un futur avec peut-être la femme de ma vie et toi et moi, ça stagne je commence à saturer... Tu me fais trop attendre ! Alors qu'autour de moi, peut-être que la femme de ma vie s'y trouve et que je ne la remarque même pas parce que tu hantes ma vie !

  • C'est dingue que tu sois là constamment à me mettre la pression ! J'ai vingt ans passé, il y a un fossé entre toi et moi ! (La peur me fait dire de grosses conneries, je me mords la lèvre). Les attentes d'une jeune fille de mon âge ne sont pas les mêmes qu'un gars de vingt-cinq ans ! Faut que tu te le mettes en tête ! J'estime que j'ai le droit d'être libre et indépendante ça ne m'empêche pas d'avoir de réels sentiments pour toi. Pourquoi tu ne te contentes pas de ça tout simplement ? Pourquoi vouloir nous compliquer la vie alors que tout pourrait être simple ? Je ne te prends pas pour une distraction ! Juste je n'ai pas envie d'être affectivement dépendante de toi !

  • Lou non non, on va remettre les choses dans leur contexte. J'estime avoir été suffisamment patient avec toi, j'ai essayé maintes et maintes fois de te comprendre mais nous en sommes toujours au même point. Ça n'avance pas et ce n'est pas t'harceler non je veux juste savoir mon avenir avec toi ! S'il sera tracé ou si on est que de passage dans la vie de l'un et de l'autre ! Comme tu le sais déjà je suis un mec cool alors même si nous étions un couple ça ne changerait pas grand chose à ton indépendance ! Facile de se cacher là derrière aussi ! Bien plus que d'affronter les épreuves de la vie ! Tu fais la femme qui a du tempérament mais en réalité tu as la frousse à l'idée de sortir avec un homme ! Ha d'accord donc dans ce que tu dis je comprends que nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes ! Lou va falloir que tu prennes une décision car ça me rend triste cette situation !

Le ton monte entre nous, je ne mâche pas mes mots j'y vais d'affront. Milan avait raison au sujet de cette discussion, j'aurai dû l'écouter du moins plus en tenir rigueur et peut-être que je ne me serai pas pointée au rendez-vous d'aujourd'hui car vraiment ça me fait chier.

  • La frousse ?! Mais tu n'y es pas du tout mon pauvre Florent ! (La fierté des Gomez...). Tu n'écoutes pas mes attentes et mes envies ainsi que mes craintes, ça ne peut pas fonctionner entre nous ainsi ! Tu ne penses qu'à ton bonheur et à ce qui tourne autour de ton petit nombril ! Je t'ai dis d'attendre que le moment venu se présente ! J'ai besoin de me sentir prête pour avoir confiance pour me mettre en couple, pour l'instant je n'ai pas ce petit truc qui fait que !

  • Egoïste, moi ? Comment peux tu arriver à te regarder dans un miroir après ça ?! J'ai tout fait pour entendre tes attentes, pour me plier à celles-ci ! Je t'aime Lou et ce n'est pas concevable pour moi d'attendre plus longtemps encore. Ça m'affecte beaucoup que l'on ne soit pas ensemble et que tu te mettes toutes ces barrières à la con ! Attendre, attendre, attendre ! Mais j'en ai ma claque Lou ! Je te pose un ultimatum t'es pas obligée de me répondre aujourd'hui, ça peut être demain, après demain, dans un mois mais va falloir que tu le fasses. Que je sache si nous sommes seulement des amis ou si je compte plus à tes yeux. Quoi que tu choisisses je l'accepterai mais je dois être fixé.

  • Mais pour qui tu te prends Florent Muller ?! A me poser des ultimatums ! Ha non non ce n'est pas comme ça que ça marche ! Je ne suis pas prête à être en couple avec un homme, c'est comme ça et puis tu sais quoi, c'est moi qui me casse pas toi ! (Je me lève et prends mes affaires pour me précipiter vers la porte d'entrée. Il la bloque avec sa main). Tu n'es pas capable de m'attendre alors clairement cette relation n'en vaut pas la peine et oui cinq ans d'écart c'est bien trop ! T'es trop vieux pour moi salut pauvre con !

  • Non mais de quel droit tu te permets de m'insulter ? C'est comme ça que tu me remercies d'avoir pris soin de toi durant ces six mois ?! Crie t-il de sa voix grave, ses yeux luisent ça me déchire le coeur. Hé ben merci du cadeau ! Ta fierté te fera défaut Lou ! Très bien si je n'en vaux pas la peine la porte est grande ouverte !!!!

Florent m'ouvre la porte et me pousse sur le palier. Ne m'étant pas préparée à ça, je lâche mes affaires au sol à l'entrée de son appartement. Il les ramasse et me les balance dans les bras et me claque la porte au nez.

  • Flooooo !

Je le supplie en tambourinant contre la porte avec toute la force de mon poing, ça me fait mal mais j'insiste encore en larmes. Je m'effondre à genoux ressentant une douleur dans ceux-ci avec l'impact au sol et me mets à pleurer. De l'autre côté j'entends un petit bruit comme si lui aussi c'était calé contre la porte et me semble revenir à mes oreilles un profond sanglot. Après un quart d'heure d'épuisement à pleurer et à frapper contre sa porte, je me relève et récupère mes affaires dans mes bras pour quitter les lieux. Dans le hall d'entrée je remets mon blouson puis mon sac à main sur mon épaule pour sortir à l'extérieur.

Je fais quelques pas puis me retourne en direction de sa fenêtre. Sa silhouette est plantée derrière le rideau, voyant que je le regarde, Florent referme derrière lui le rideau et plonge l'appartement dans la totale obscurité. Mon coeur comprime violemment ma poitrine tel un coup de poignard en plein coeur, la sensation de saigner est bien ressentie je suis obligée de me masser fermement jusqu'à que cette douleur cèsse totalement. Les trombes formées par la pluie ont trempé ma chevelure et mes vêtements qui me collent à la peau, je me décide de m'en aller que lorsque le froid a tétanisé mes os. Lorsque je rejoins mon appartement je me sens affreusement seule, j'entre en pleurs ignorant ma chienne qui ballote de la queue sur le tapis du salon me déposant son gros os en plastique pour que je m'amuse avec, comme si j'étais d'humeur. Aïna débarque dans le salon, les larmes aux yeux en constatant mon état. Sa main m'effleure la joue puis elle finit par m'enlacer.

  • Je m'attendais à te revoir que demain matin, vous vous êtes engueulés avec Florent ? (J'hoche la tête gémissant entre mes pleurs). Ma bichette je n'aime pas te voir dans un état aussi pitoyable ! Va falloir tout me raconter, peut-être que ça peut se faire sous la douche car je comptais y aller !

J'accepte volontiers la douche ne voulant pas rester seule à déprimer dans le salon pendant qu'Aïna prend sa douche. Aïna m'aide à me déshabiller étant dans un état complètement second. Très vite, nous nous retrouvons nues toutes les deux collées l'une à l'autre le dos contre les parois de la douche. Aïna dégage les cheveux de ma poitrine pour les caler sur le côté sur mon épaule. Je sens bien à son regard qu'elle contemple ma nudité, son souffle chaud dans mon cou me fait frissonner et ses lèvres y déposent un tendre baiser.

  • Tout est de ma faute Aïna, je n'ai pas su gérer mes émotions comme à chaque fois. J'ai été odieuse avec Florent, j'ai tout fait pour qu'il me rejette parce que j'ai trop peur de sortir avec lui alors que j'en meurs d'envie. J'ai merdé total ! Je m'en veux tellement, il est formidable ce mec et moi je lui mets des stops, des bâtons pour l'empêcher d'avancer...

Aïna me masse les épaules avec le bout de ses doigts tendres, ce sont plus des caresses qu'elle m'offre.

  • Tu devrais le rappeler, lui dire que tu regrettes tout ce que tu as dis et que tu aimerais qu'il t'aide à ne plus avoir peur. Qu'il soit là pour te rassurer tu vois le truc. Tu devrais le faire tout de suite, pas que ça dégénère surtout que tu as dû lui faire beaucoup de peine...

Saisie par l'émotion je me tourne dos à ma meilleure amie pour fondre en larmes de plus belle. Mes épaules se saccadent, Aïna pose ses bras le long de ma poitrine entrant un peu en contact avec celle-ci et ses mains tiennent les miennes. Elle m'enlace, je sens son clitoris écrasé contre mes fesses.

  • Non, ce n'est pas à moi de lui courir après ! S'il m'aime alors il devra insister un peu plus que ça ! Mais oui je l'ai brisé, je crois qu'il a pleuré une fois la porte fermée.

  • Pourtant il faudra bien Lou. Florent a tout fait pour toi jusque là donc va falloir que tu apprennes à toi aussi retourner vers lui et mettre ta fierté espagnole de côté ! C'est un homme fait pour toi, crois moi !

  • Je verrai répondis-je tristement. Merci Aïna, merci beaucoup ! (Je sens un truc derrière mon dos posé sur le porte savon, je le sors en le serrant dans ma main. La texture nervurée du silicone est plutôt agréable en main). Ah, tu allais t'en servir ? Il est nouveau celui-ci ?

  • Wui je l'ai acheté en revenant des cours, j'ai eu un peu d'argent le weekend dernier en vendant quelques articles sur vinted, ça m'a fait baissé de cinquante euros sur cet article ! J'allais justement le tester sachant que tu serais là que tardivement... Mais ce sera pour une autre fois ! Hihi, on va plutôt se commander des pizzas et se faire une soirée netflix !

  • Je suis bien ici moi, sans façon les pizzas. Mon père a fait tartiflette a midi ! Donc faut que je fasse attention ! Je peux te laisser si tu veux l'utiliser.

  • Ou sinon on a qu'à prendre une douche très sensuelle déclare Aïna. On est toutes les deux célibataires, qu'on en profite !

  • Tu es maline toi, tu m'as attirée dans la douche pour quelques coquineries en fait !

  • Absolument pas rit-elle. Loin de là mais si ça peut arriver, ça ne se refuse pas. Ça fait une semaine que je ne me suis pas masturbée ! Hahahaha !

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